B-Sprouts veut attirer des talents mondiaux à Molenbeek

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Par Olivier Fabes · 10/03/2017

Un nouvel incubateur/accélérateur international vient de voir le jour à Molenbeek, place de la Minoterie, dans le centre pour entreprises qui héberge déjà Molengeek. Son nom: B-Sprouts, un sympathique clin d’oeil au chou de Bruxelles (qui veut devenir grand). Cette nouvelle initiative a droit ce vendredi à une inauguration ministérielle, avec la présence d’Alexandre De Croo pour le gouvernement fédéral et Bianca Debaets pour la Région bruxelloise.

A l’heure du digital sans frontières, quel incubateur n’est pas “international”, direz-vous? Des initiatives comme Co.Station ou The Faktory aident elles aussi les start-ups à conquérir le monde. Dans le cas de B-Sprouts, le qualificatif n’est en tous cas pas usurpé et le cosmopolisme est même un différenciateur.

Commençons par les cinq cofondateurs de cet incubateur technologique axé sur l’Internet des Objets: trois Néerlandais(es) (Hugo Hanselmann, Geert Fernhout, Florence Hoevers), un Français (Pascal Binard) et un Belge (Jürgen Coetsiers).

Tous ont au moins 45 ans et de solides backgrounds dans de grandes entreprises, en Belgique comme à l’étranger. Hugo Hanselmann a par exemple été responsable de projets d’innovation pour le géant brassicole AB Inbev à New York. Pascal Binard a travaillé chez Daimler-Benz avant de lancer une start-up informatique en Suisse. Florence Hoevers s’appuie sur une carrière dans le recrutement. En plus d’interconnexions personnelles, tous ont comme points communs un attachement à Bruxelles et la volonté de “faire quelque chose de positif” de leurs bagages respectifs.

Iran, Pakistan, Kenya…

Poursuivons avec le première fournée d’entrepreneurs sélectionnés pour un programme de coaching et d’accélération de 3 mois, qui se clôturera par un Demo Day fin avril. Essentiellement via leurs réseaux personnels, incluant des relais universitaires à New York, Berlin ou Londres, les cofondateurs-coaches ont sélectionné 7 porteurs de projets sur 25 candidats. Ici aussi, le cosmopolisme est de mise puisqu’outre deux Belges, on trouve un Britannique, un Allemand, mais aussi un Kényan, une Pakistanaise et une Iranienne.

De g. à dr.: les co-fondateurs de B-Sprouts Hugo Hanselmann, Geert Fernhout, Florence Hoevers, Jurgen Coetsiers, Majorie van Kuik (qui fait partie de l’équipe mais n’est pas cofondatrice) et Pascal Binard.

“Notre but est d’attirer des talents mondiaux à Bruxelles, une ville réellement ouverte et cosmopolite où il y a la place pour un accélérateur international,” explique Hugo Hanselmann, qui dit avoir été séduit par le Startup Manifesto lancé il y a 2 ans par Startups.be. “Il s’agit aussi de connecter notre initiative à l’écosystème local.

Nous sommes en discussion avec des universités belges, mais aussi avec d’autres initiatives semblables pour jeter des ponts.” 

Constituée en asbl ce 6 février, B-Sprouts donne la priorité aux projets dans l’Internet des Objets et big data. “Un champ très large qui couvre des pans entiers de nos vies quotidiennes,” selon Hugo Hanselmann. Dans les prochains mois, ces thématiques seront déclinées le long des axes “smart cities”, “santé” et “mobilité”.

Parmi les 7 start-ups qui seront présentées ce vendredi, on trouve de la reconnaissance faciale pour le contrôle d’appareils domestiques, de la détection d’intrusion logicielle dans des routeurs wi-fi, de la revente d’engins, équipements et déchets de chantier, un alcootest intelligent et une application pour faire de l’exercice au bénéfice de l’environnement. Le tout effectivement avec pas mal d’objets connectés.

A l’instar d’accélérateurs comme Plug and Play à Berlin (lié au groupe Axel Springer) ou de ce que TechStars a mis en place avec la chaîne de distribution Metro, B-Sprouts compte assurer sa pérennité financière en intéressant de grandes entreprises en mal d’innovation. Soit en leur permettant d’échanger avec les start-ups hébergées, soit en accueillant des équipes internes hors du cadre habituel. Elles pourront aussi repérer certains talents.

Pour ce premier ‘round’, la participation des start-ups est totalement gratuite.

A l’avenir, B-Sprouts ne pense pas faire payer de loyer, mais bien prendre une petite participation dans les entreprises accélérées, sur le modèle américain du Y Combinator par exemple.

L’objectif est d’accompagner une vingtaine de start-ups par an.

“La commune de Molenbeek nous soutient. Mais nous ne cherchons pas les subsides publics. Nous voulons d’abord démontrer ce que nous pouvons réaliser, dans une logique d’auto-financement. Par contre, nous espérons que certains de nos futurs programmes d’accélération, notamment sur le thème de la mobilité, intéresseront les pouvoirs publics.”

Et le choix de Molenbeek justement, risqué? “Tout le monde en a entendu parler à travers les médias. Il y a eu un seul réflexe d’appréhension, qui a vite disparu. Franchement, ce n’est pas un problème. Le fait d’être ici est aussi un moyen de tester l’ouverture d’esprit de nos candidats et d’aller au-delà des préjugés. C’est bien utile quand on veut faire du business international,” conclut Hugo Hanselmann.