Bruxelles: la centralisation des flux de vidéosurveillance a commencé

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Par Brigitte Doucet · 15/07/2015

Ce mardi, la secrétaire d’Etat bruxelloise Bianca Debaets, en charge de l’Informatique et de la Transition numérique, dévoilait officiellement la plate-forme unifiée de “vidéoprotection” bruxelloise, décidée sous la précédente législature.

A terme (2018), les flux vidéo d’un minimum de 2.900 caméras seront centralisés par une plate-forme hébergée et gérée par le CIRB (Centre d’Informatique pour la Région bruxelloise) au centre de données régional. A cette date, les propriétaires de ces caméras (police, service d’urgence, opérateurs de transport public…) auront soit harmonisé leur spropres équipements et VMS (système de gestion vidéo), soit bénéficieront de passerelles vers le VMS central.

Chacun reste donc propriétaire de son système, responsable de la collecte et du traitement des images vidéo, mais tous les intervenants bénéficieront d’un stockage centralisé (préservation de toutes les images pendant la période légale de 30 jours) et pourront accéder à l’ensemble des images (selon une hiérarchisation des droits d’accès) en temps réel ou en différé. Le relais des images entre les différents intervenants se fera via le réseau fibre optique Irisnet.

Objectif: permettre une gestion plus intégrée des incidents, de leur suivi, de la mobilité urbaine…

Finalités multiples

Cette solution de gestion centralisée des images et flux vidéo captés ou produits concernera à terme une série d’acteurs de la Région de Bruxelles-Capitale. A savoir: les forces de police (six zones de police), Bruxelles Mobilité, le Port de Bruxelles, le Siamu (service d’incendie et d’aide médicale d’urgence), la STIB, Bruxelles Sécurité et Prévention, ainsi que le futur centre de crise régional. Le principe de la mutualisation devrait ensuite être également appliqué à la SNCB et à la Police fédérale.

Tous, à des degrés divers et pour diverses finalités, sont aujourd’hui équipés en systèmes de vidéosurveillance. Mais des systèmes disparates, souvent incompatibles. De quoi rendre pour le moins difficile le “pistage” d’un incident impliquant plusieurs communes, même si elles relèvent de la même zone de police. Sans parler de la difficile coordination, en cas de problème, entre par exemple la Stib et la police.

Le but de la plate-forme est de coordonner et de centraliser la captation d’images et leur partage entre les différents services (sécurité, secours…) afin d’harmoniser et de rendre plus efficaces la surveillance, la sécurité urbaine, la mobilité…

2.900 caméras

A terme, pas moins de 2.900 caméras voire plus (voir encadré ci-dessous) opérant “dans des lieux publics ou des lieux fermés accessibles au public” seront concernées. Au stade actuel de déploiement (sur une première zone de police), elles ne sont encore que quelque 140 à être ainsi “intégrées”.

L’objectif n’est pas (forcément) d’étendre le parc de caméras mais plutôt de permettre un échange d’images. Par le biais de passerelles entre systèmes vidéo différents ainsi que par un remplacement progressif de certains équipements et solutions de transfert vidéo.

Au total, ce seront de 2.900 à plus de 3.100 caméras (le chiffre de 3.500 est également cité) qui seront concernées par la plate-forme d’échanges d’images. La variation des chiffres s’explique en partie par le fait que chaque intervenant garde la main sur l’évolution de son parc installé.

Répartition:

  • zones de police: 700
  • Bruxelles Mobilité: 512
  • Port de Bruxelles: 62
  • Stib: près de 1.800 caméras (notamment pour le futur métro automatique)

Chaque intervenant demeure “maître chez lui” – une zone de police, par exemple, décidera de mettre ou non son système à niveau – mais, au moins du côté police, la règle sera désormais de ne plus recourir qu’à un seul fournisseur et intégrateur. Les autres acteurs (Stib, SNCB…) préserveront leur propre VMS et équipement mais seront raccordés au VMS centralisé via des passerelles.

“Les communes continueront de financer les systèmes vidéo déployés par les zones de police locale”, indique par exemple Hervé Feuillien, directeur général du CIRB. “Mais le CIRB prend en charge 20% du budget caméras et la totalité du volet connectique” (centralisation des flux vidéo au data center régional, relais de ses flux entre les divers intervenants via le réseau fibre optique Irisnet).

Budget annuel alloué au CIRB pour les besoins du projet: 2 millions. Les autorités espèrent en retour que l’effet d’échelle généré (via l’unicité des équipements et la rationalisation des investissements) permettra une économie d’environ 13,5 millions d’euros sur 7 ans.

Hervé Feuillien (CIRB): “le CIRB prend en charge 20% du budget caméras et la totalité du volet connectique.”

Un ou plusieurs centres de crise (selon l’organisation régionale ou autre qui sera mise en oeuvre) pourront venir se greffer au système centralisé et y puiser les images qui l’intéressent.

Dispatching modernisé

Le CIRB prend en charge à la fois la maîtrise d’ouvrage, la gestion des achats, la maintenance des systèmes (VMS centralisé, caméras, réseau…), la mise à disposition et la gestion du réseau fibre optique et des systèmes de stockage et des serveurs (dans le data center régional) et la gestion des aspects techniques. La gestion quotidienne et l’exploitation technique sont confiées à la scrl IrisNet.

Chaque opérateur (police, Bruxelles Mobilité…) continue d’opérer son propre système vidéo ainsi que son ou ses centres de dispatching et demeure seul responsable de l’utilisation qu’il fait des données. Au fil des déploiements (et de l’arrivée à échéance des contrats qui le lient à ses prestataires actuels), chacun d’eux bénéficiera progressivement d’une solution de visionnement et d’analyse d’images remis à niveau. En fait, des postes d’exploitation clients du VMS régional, hébergé et géré sur les serveurs centraux du data center régional.

Côté “intelligence” vidéo, chaque opérateur puisera dans le catalogue de logiciels et fonctions disponibles ceux qui l’intéressent vu son propre contexte: reconnaissance d’objets et de visage, analyse automatique de scènes et situations, identification de plaque minéralogique (pour un futur péage urbain éventuel), surveillance et contrôle du métro automatique…

La console de dispatching qui sera installée dans les zones de police (fournisseur: Genetec; intégrateur: Cofely Fabricom) offre un certain nombre de nouveaux potentiels:

  • possibilité pour l’opérateur de visualiser l’ensemble des caméras installées par arborescence ou par géopositionnement sur une carte Urbis
  • visionnement des images sur un ou plusieurs écrans
  • grand écran tactile affichant la cartographie de la zone, qui permet de sélectionner, du bout du doigt, la ou les caméras dont on veut afficher les images
  • sélection tactile de la zone dont on veut voir les images
  • potentiel d’annotation à l’écran ou d’utilisation de ce dernier en mode “tableau blanc” (pour affichage de documents, prise de notes…)
  • relais des images vers les PC mobiles des voitures de patrouille ou vers la tablette dont est par exemple équipé le chef de corps (de quoi visualiser les images et exploiter le même menu de fonctions que celui de la console du dispatching, via sa tablette, où qu’il se trouve)

Premier de cordée: la zone Ouest

Le premier “client” de la plate-forme de vidéoprotection centralisée est donc la zone de police Ouest (communes de Berchem-Sainte-Agathe, Ganshoren, Jette, Koekelberg et Molenbeek-Saint-Jean).

L’agenda de déploiement

Le déploiement de la plate-forme prendre “un certain temps”. Le chiffre de 2.900 caméras “intégrées” ne sera sans doute atteint qu’en 2018.

Première zone à en bénéficier: la zone de Police Ouest.

Fin 2015 (ou début 2016), une passerelle devrait être activée pour permettre d’injecter les images de la STIB dans la plate-forme. L’intégration avec Bruxelles Mobilité devrait se situer vers la même époque.

Courant 2016, une nouvelle zone de police viendra s’y ajouter, à savoir: la zone Midi (3 communes: Anderlecht, Saint-Gilles, Forest).

Sur son territoire, la disparité était bel et bien au rendez-vous, les communes concernées ayant opéré leurs propres choix et disposant d’infrastructures de communications variables.

Le parc de caméras de Molenbeek-Saint-Jean, le plus ancien de la zone, devait être renouvelé. Les caméras de Koekelberg attendaient une mise à niveau. Le dispositif zonal commun aux communes de Jette, Ganshoren et Berchem-Sainte-Agathe devait quant à lui être étendu.

Depuis le début de l’année, le CIRB planche sur l’évolution de l’ensemble, avec d’ores et déjà l’entrée en phase opérationnelle du nouveau centre de dispatching.

D’ici la fin de l’année, après extension du parc de caméras dans certaines communes, la zone de police Ouest devrait en totaliser 181 (contre quelque 140 actuellement). Une quarantaine d’entre elles seront “intelligentes” (potentiel de zoom, d’analyse…).