Hozint: monitoring des risques politiques et sécuritaires

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Par Olivier Fabes · 19/01/2015

Hozint (pour Horizon Intelligence) n’est pas un nouveau concurrent de la CIA ou du MI6, qui partagent avec elle le terme “intelligence” dans l’acceptation anglo-saxonne de “renseignements”. Mais son cœur de métier est bien de fournir de l’information pointue à des professionnels soucieux de suivre de près la situation politique et sécuritaire de différents pays ou régions du globe. Ses clients potentiels ne sont pas les services de police, mais bien des ONG, des institutions universitaires et centres de recherche, des services diplomatiques, des sociétés actives dans l’énergie ou les matières premières, des journalistes… bref, pas mal de monde en fait.

Constituée officiellement cet été en sprl, Hozint revendique environ 200 utilisateurs parmi les secteurs susmentionnés. Le projet trottait depuis quelques années dans les têtes de l’Italien Edoardo Camilli et du Franco-Mexicain Blaise Ortiz, ayant tous deux un background en relations internationales et plusieurs années d’expérience en “security monitoring and assessement”. La rencontre des deux expats avec l’informaticien belge Matthieu Baudoux, fondateur de la société IT Hypernovae, leur a permis de concrétiser leur projet à Bruxelles.

Le cœur de métier d’Hozint est de fournir de l’information pointue à des professionnels soucieux de suivre de près la situation politique et sécuritaire de différents pays ou régions du globe.

Hozint n’est pas un outil de veille automatisée en tant que tel. Toute sa valeur ajoutée vient des compétences de ses analystes (outre les 2 cofondateurs, déjà une dizaine de freelances en Europe et en Amérique du Nord) qui scrutent le web et le “deep web”, sans oublier les médias sociaux, au moyen de moteurs de recherche bien connus mais aussi et surtout d’outils de monitoring payants. Ils tiennent ainsi à jour une vaste base de données d’informations et de “breaking news” dont chacun peut extraire ce qu’il recherche (par thématique et/ou par pays) en s’abonnant à la plate-forme on-line. Celle-ci intègre notamment un système d’alertes et des cartes interactives. La cybersécurité fait partie des catégories proposées.

Pas une agence de presse

Une sorte d’agence de presse spécialisée en quelque sorte? Pas tout à fait. “Nous comparons et agrégeons des informations de milliers de sources différentes par jour, dans des langues différentes.

(de gauche à droite) Matthieu Baudoux, Blaise Ortiz et Edoardo Camilli, le trio entrepreneurial belgo-franco-italien recompensé par le Prix de la Région bruxelloise au MIC Bootcamp, le 16 décembre 2014.

Nous proposons également des résumés et, surtout, nous donnons toujours accès aux documents qui constituent nos sources. C’est l’essence-même de notre démarche d’Open Source Intelligence (OSInt): toutes les informations sont publiques,” explique Edoardo Camilli.

Publiques ne veut pas dire faciles à trouver et c’est ici tout l’enjeu des outils OSINT qui sont apparus ces dernières années. L’objectif, dans un monde de Big Data, est de retirer un maximum d’intelligence – comprenez de capacités analytiques – à partir de données non structurées. “Nous estimons faire gagner entre 3 à 4 heures par jour aux professionnels qui utilisent notre outil,” affirme Edoardo Camilli.

Même si son objectif prioritaire est d’asseoir son modèle de services de monitoring, Hozint n’exclut pas à l’avenir de développer son propre outil de recherche du “deep web”.

Freemium pour l’instant

Hozint, qui tourne jusqu’en février en mode “freemium” pour se faire connaître, espère d’ici un an pouvoir compter sur une base fidèle de clients payants. Sa campagne de marketing va seulement démarrer, mélangeant publicités en-ligne et présence à certains salons dédiés à la géopolitique et à la sécurité.

Pour l’instant, seul un des trois fondateurs travaille à temps plein pour la start-up, mais celle-ci compte bien réaliser ses premières embauches à Bruxelles dans les prochains mois. A quel rythme? “C’est très difficile à prédire,” avoue Edoardo Camilli. L’entreprise est financée exclusivement sur les fonds propres des fondateurs.