Au départ, rien de très original : il s’agit de combiner la plate-forme collaborative de son choix avec les outils traditionnels de l’animation et de la gestion de projets. Ce qui est intéressant, c’est que cette vieille combinaison du présentiel et des échanges en-ligne donne de bons résultats dans le secteur social et culturel. Sans doute est-ce dû à la mise en exergue du concept de base de BeLearning: la créativité.

Be-Learning est une méthodologie de gestion de la connaissance développée par l’asbl espagnole Transit Projectes et testée auprès d’opérateurs culturels à Madrid, Barcelone et Alicante. Sa transférabilité dans d’autres pays et à destination d’autres publics a fait l’objet d’un financement européen dans le cadre du programme de transfert d’innovation Leonardo.

Juan Pedrosa, Directeur de Transit Projectes: “BeLearning est une méthode de gestion de projet et de formation ouverte qui combine, d’une part, des outils numériques, des espaces virtuels et des plates-formes en-ligne et, d’autre part, des outils traditionnels, des présentations en salle, des ateliers de pratique. Il constitue un environnement dans lequel les participants sont impliqués dans des interactions tant en-ligne que hors ligne.”

Trois phases

La méthode BeLearning comprend 3 phases. La première phase, celle du partage de l’information, vise à documenter en groupe le sujet traité, à en fixer les objectifs, et ce, par le biais d’une plate-forme numérique collaborative.

La plate-forme collaborative numérique est laissée au choix de l’opérateur. Ici le forum ouvert du Greta pour le projet FabLab conduit avec BeLearning.

La deuxième phase se traduit par l’organisation d’ateliers et de travail en groupe en mode présentiel. La méthodologie d’animation est laissée à la discrétion du coordinateur, tout comme le choix des outils numériques d’ailleurs. Dans l’expérience qui a été menée, les participants ont ainsi pu tester le world café, les cercles Samoan, les tables tournantes ou encore le barcamp.

Dans la troisième et dernière phase, celle de conclusion, les actions et décisions prises seront mises en-ligne afin de maintenir le processus en tension partagée.

“BeLearning utilise l’expérience, les compétences et les savoirs de chacun des participants”, souligne Juan Pedrosa. “Des temps d’enseignement et de transmission traditionnelle du savoir sont intégrés dans un processus plus large qui inclut la construction d’une expérience partagée entre le formateur, les participants et l’environnement – qu’il s’agisse d’une institution, d’un secteur professionnel, des habitants d’un territoire ou d’une communauté virtuelle.

Le numérique intervient en tout début de processus. Il a pour rôle de permettre le partage de l’information et l’échange entre les participants et sert de fil rouge à la conduite de l’ensemble du processus.”

Londres, Barcelone, Puy-en-Velay et… Gosselies

Durant deux ans (2013-2014), quatre associations ont testé cette méthodologie en fonction de publics particuliers:

• militants associatifs pour CityMine à Londres pour un projet de planification urbaine où les habitants des quartiers ont été impliqués
• jeunes en formation technique ou professionnelle pour le Greta au Puy-en-Velay dans la cadre de la mise en place d’un Fab Lab
• gestionnaires culturels pour ITD à Barcelone afin de mettre en place une carte émotionnelle locale et partagée réalisée par les habitants du quartier de Sant Antoni à Barcelone.
• Chez nous, le CESEP a travaillé avec les animateurs multimédias à Gosselies pour la réalisation d’une valise pédagogique.

EPN et BeLearning

Comment définir la fonction des Espaces Publics Numériques aujourd’hui, tandis que l’accès à Internet se généralise dans toutes les couches de la population? Quel doit être leur fonction et leur positionnement face aux politiques qui pourraient avoir tendance à considérer que leur rôle se marginalise au fur et à mesure que la fracture numérique se réduit?

Ce sont ces thématiques qui ont été choisies dans le cadre de l’expérimentation de la méthodologie BeLearning en Belgique. En toute logique, l’outil numérique retenu a été la plate-forme collaborative Ning mise en place par le Centre de Compétences de Technofutur TIC pour assurer l’animation du réseau de EPN de Wallonie. C’est par le biais de celle-ci que le sujet a été lancé auprès de la communauté des animateurs des 150 structures existantes. Leurs réactions, réflexions et suggestions ont été compilées et mise à l’ordre du jour des ateliers afin d’accoucher d’un projet commun.

Faciliter la prise de décision

La première séance, consacrée à la redéfinition des missions des EPN, a été l’occasion de faire le point sur les évolutions, le positionnement et la communication des EPN auprès des pouvoirs locaux et auprès des différents publics visés.

Le but? Construire un argumentaire destiné à augmenter la visibilité et l’utilité des EPN comme acteur fédérateur des nouveaux territoires numériques. A l’instar des guichets de l’énergie, ce pourrait être possible en réfléchissant au développement du concept de “ guichet numérique”, à partir duquel chaque EPN pourrait s’identifier par les services qu’il propose.

Il s’agit ici de créer un “ réflexe” EPN, de travailler sur une image commune et de se positionner par rapport aux nouveaux acteurs des territoires numériques: espaces de co-working, Fab Labs, cafés numériques…

Les conclusions du premier atelier ont été injectées dans le CMS, afin de porter le débat auprès de l’ensemble de la communauté des animateurs multimédias et en débattre au cours du second atelier.

“Hybrider” les formations, c’est aussi en finir avec la linéarité…

Au terme de celui-ci, le concept de “valise pédagogique” a été retenu. Elle se composera de fiches outils et métiers que les différents EPN pourraient assembler au pro-rata de leurs activités et de leurs publics avec un fil rouge : mettre en évidence tous les points forts des EPN et les missions que le réseau permet de remplir en Région wallonne.

Il s’agit ici de créer un “ réflexe” EPN, de travailler sur une image commune et de se positionner par rapport aux nouveaux acteurs des territoires numériques: espaces de co-working, Fab Labs, cafés numériques,…

Et cela, sans lisser les disparités régionales qui font la richesse du réseau.

L’idée est que tous les EPN communiquent, à terme, par le biais de ce jeu commun de fiches.

Bilan de l’expérience: les échanges globaux via Ning, combinés à leur discussion en atelier, donnent de très bons résultats en matière de validation et de prise de décision. La formule donne une légitimité aux personnes participant aux ateliers (qui ne sont pas forcément les mêmes à chaque fois), d’autant qu’ils peuvent relancer le processus par voie numérique.

Favoriser la conduite de projets

Que retenir de Be-Learning? Qu’il s’agit d’un concept “boîte à outil” dans lequel, finalement, on met ce que l’on veut. L’outil numérique, les techniques d’animation et de gestion de projet sont laissées à la discrétion de l’opérateur. C’est donc de la maîtrise, de l’expérience et des compétences du coordinateur que dépendra la bonne conduite du projet.

Reste que le concept BeLearning, c’est-à-dire la combinaison d’une couche numérique communicative et collaborative avec l’organisation d’ateliers ou de séminaires, fonctionne très bien lorsque l’on se trouve face à un public travaillant de façon décentralisée comme le réseau des EPN de Wallonie. L’intérêt de cette “efficacité” s’est confirmée lors d’une table ronde consacrée au projet qui a réuni fin septembre des structures de type fédérative comme la CESSOC (Confédération des Employeurs du secteur Sportif et SocioCulturel), l’Unipso (Union des Entreprises à Profit Social) ou la JOC (Jeunesse Ouvrière Chrétienne). Avec un leitmotiv: améliorer la communication à l’intention des membres grâce au numérique collaboratif.

Celui-ci sera utilisé pour créer un espace de ressources et d’échanges communautaire de référence qui favorisera la conduite de projets menée lors de rencontres traditionnelles. Avec, c’est un autre principe qui suscite l’adhésion de tous, la porte toute grande ouverte à la créativité.