La danse du Pachycephalosaurus

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Par Jean-Luc Manise · 07/07/2014

L’exposition permanente des dinosaures du Musée des Sciences Naturelles de Bruxelles a été inaugurée en octobre 2007 dans la nouvelle aile Janlet restaurée et pensée pour cette exposition.

L’ambition du musée: associer à la restauration du bâtiment une muséologie contemporaine basée sur l’interactivité. Le dispositif se compose d’un système de rétro-projection et d’une caméra de détection reliée à au logiciel Salto (création d’applications interactives) développé par Alterface. Les données en provenance de la caméra sont interprétées et remixées en séquences audio et vidéo correspondantes par le rétro-projecteur. Celles-ci ont été développées en collaboration avec les autorités scientifiques de l’Institut.

Dynamiser les visites. Mais encore?

Le but? Créer de l’interaction, du rire, du mouvement, dynamiser les visites et attirer un plus large public. Mariève Bertrand, de la Faculté des sciences économiques, sociales, politiques et de communication de l’UCL: “Dans les années 80, la ‘nouvelle’ muséologie avait comme but d’abolir la distance entre le visiteur et les contenus du musée. Dans ce cadre, nombre de musées ont créé des services culturels et développé des projets, plus ou moins réussis, entre autres, en direction des publics scolaires afin d’élargir le champ de leurs visiteurs. Dans le cas du Pachycephalosaurus interactif, il s’agit de créer de l’émotion, de susciter l’éveil et de créer de l’intérêt.”

L’objectif est-il atteint? “Selon le concepteur de l’expo, l’attraction a eu un franc succès à l’ouverture de la galerie, et fonctionne vraiment. Dans la pratique, je ne suis pas convaincue qu’il enregistre réellement un tel succès. Il dispose d’un côté attractif certes, et sans doute est-ce l’aspect visuel du dispositif qui attire, mais il n’existe pas d’indications explicatives pour le visiteur qui ne sait dès lors pas ce qu’il doit ou peut faire. Nous pouvons nous interroger sur le hiatus qui existe entre les objectifs et même la satisfaction du concepteur par rapport aux pratiques des visiteurs.”

Encore une fois, on touche là à la question du rapport entre l’objet social du musée et la démarche d’attraction pour attirer le public autour de celui-ci: “Certaines expositions ont tendance à présenter, parfois contre leur gré pour certaines d’entre elles, l’image d’un parc d’attraction où les technologies trônent au sein d’une scénographie plus ou moins complexe. Les jeunes (et moins jeunes) usagers passent de dispositifs en dispositifs pour manipuler des boutons et jauger du résultat, sans pour autant chercher à comprendre le sens du message. L’usage des nouvelles technologies de l’information et de la communication ne devrait pas se limiter au seul aspect attractif de son utilisation, même si elle reste importante dans le processus interprétatif d’une exposition. Si les concepteurs partent, pour partie, de l’idée de répondre d’abord au message qu’ils veulent communiquer, plutôt qu’au moyens à mettre en œuvre? Ou au soutien des deux qui se conjugent?”