Dans les bulles du Maker’s Lab

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Par Brigitte Doucet Jean-Luc Manise · 27/11/2013

Un porte canette à charnière, une brosse à dent locomotive, un multi-prise sandwich, un socle pour iPad pour cockpit d’avion, un bracelet réveil vibrant, des idées de jeu participatif… Aucune innovation qui soit réellement “de rupture” n’est sortie des bulles du Maker’s Lab. Ce n’était d’ailleurs pas son objectif premier. L’intention était plutôt de permettre aux visiteurs de partir à la découverte de leur propre potentiel de créativité et de mettre la main à la pâte.

Durant une semaine – le temps d’une Semaine de la Créativité -, le Maker’s Lab mobile aura sillonné la Wallonie. La journée de chauffe s’était déroulée sur la Place Saint-Lambert à Liège, le 5 novembre, où 300 visiteurs ont pu découvrir ce laboratoire futuriste composé de 3 bulles transparentes, un peu à l’image de la ville sous-marine imaginée par Franquin dans Spirou et les hommes-bulles.

C’est ID Campus qui a accouché du concept, avec un design signé Vincenzo Bianca et une sous-traitance pour la construction de la structure (budget: 20.000 euros). Vincenzo Bianca: “On est parti sur l’idée de bulles créatives. On a beaucoup réfléchi au concept, à la transparence, au processus, à la méthode et aux équipements à mettre en place pour matérialiser la créativité.”

2.250 visiteurs

Les “bulles créatives” étaient organisées en un petit parcours créatif. Dans la première sphère, les visiteurs étaient accueillis par deux “idéateurs” chargés de faire bouillir les idées à l’aide de la méthode de brainstorming CQFD (“la Critique est abolie, la Quantité prime sur la qualité, le Farfelu est bienvenu, la Démultiplication est encouragée”) et de la traduire par post-it et tableaux blancs.

Dans la deuxième bulle, dite de réalisation, un dessinateur et deux designers 3D intervenaient pour transformer l’idée en concept . La troisième sphère abritait deux opérateurs aux commandes des machines de prototypage: trois imprimantes 3D, une découpe laser, un scanner 3D et une imprimante vinyle.

Vincenzo Bianca: “La durée du parcours varie entre 1,5 et 2 heures.” L’accès est libre et il règne une humeur bonne enfant – même quand le scanner est en panne et que les files s’allongent autour du scanner.

247 prototypes

David Valentiny, directeur exécutif du projet ID Campus: “Côté statistiques, le Maker’s Lab a accouché de 18.000 idées [traduisez: post-it], 800 projets, 400 concepts développés et 247 prototypes produits, soit une trentaine par jour. Ce sont des objets assez basiques, des petites figurines. On ne cherchait pas des inventions révolutionnaires. On voulait simplement mettre en relief le processus de créativité. Nous ne sommes plus habitués à créer: tous les objets qu’on utilise viennent des grandes surfaces.

L’objectif du labo mobile est de montrer qu’on va facilement pouvoir se réapproprier nos capacités de création, qu’il va être de plus en plus facile de créer soi-même des objets. Dans l’expérience, c’est le processus qui est intéressant. En une heure ou deux, le visiteur passe de l’idée au produit et termine par un pitch vidéo où il va pouvoir raconter son “parcours de créativité”.

Un parcours qui, idéalement, devrait se prolonger. David Vanlentiny: “On ne voudrait pas que les machines dorment. Idéalement, le Maker’s Lab devrait continuer à sillonner la Wallonie et, pourquoi pas, franchir les frontières.”

Il “suffira d’être créatif” sur les coûts variables du labo. Mais bon, comme MeusInvest veut rebaptiser la Place Saint-Lambert en Place de la créativité, cela doit être dans l’ordre du possible…

Source: Creative Wallonia

A noter encore que si l’expérience du Maker’s Lab n’a pas livré d’innovation “de rupture”, certaines idées ou certains concepts se sont néanmoins détachés du lot.

Tel ce jeu social auquel nous faisons allusion dans notre article consacré à l’un des idéateurs.

Ou encore un socle pour iPad imaginé par un pilote dont nous reproduisons ici le dessin.

 (1) Après Liège, le labo a déployé ses rondeurs durant deux jours à Namur (700 visiteurs) puis à Charleroi (175 visiteurs), Mons (300 visiteurs) et Louvain-La-Neuve (175 visiteurs). Puis ce fut le retour à la Place Saint-Lambert (600 visiteurs) avant le démontage.