Ils ont gagné les élections grâce à Internet !

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Par Jean-Luc Manise · 13/10/2012

Ils, ce sont les candidats, souvent nouveaux venus qui, par le nombre de voix qu’ils ont récolté, ont progressé dans la hiérarchie de la liste de leur famille politique.

Philippe Allard : tout le monde ne va pas faire son marché en même temps que les candidats

Se pointer en 15ème position sur la liste et faire le huitième meilleur score : il pourrait bien y avoir du Facebook là derrière. Philippe Allard, auteur du livre “Gagnez les élections avec Internet” : “Il y a les candidats qui se disent de l’ancienne école. Ils font parfois l’impasse sur les réseaux sociaux avec un discours du type “moi, je fais les marchés et je serre les mains.”’ C’est oublier qu’il y a moyen de toucher des gens à d’autres moments, où d’autres gens parce que tout le monde ne va pas faire son marché en même temps que les candidats. Il existe des personnes qui ont une certaine disponibilité de temps et d’esprit sur les réseaux sociaux.”

Exister sur Internet

Ce n’est pas l’un ou l’autre, c’est plutôt l’un plus l’autre. On peut marquer des points en jouant la carte de l’articulation des réseaux sociaux réels et virtuels. Les élections communales sont souvent l’objet de listes nouvelles, indépendantes ou dissidentes des partis traditionnels. Certaines semblent émerger du néant. Sur beaucoup des affiches de ces listes “citoyennes et apolitiques”, on ne trouve rien : pas de site, pas de page, pas d’infos. Cela peut rebuter un électeur de plus en plus enclin à tapoter sur son clavier lorsqu’il veut en savoir plus. Philippe Allard : “Un peu comme le serrurier qu’on recherche sur le Web : s’il ne figure pas dans les résultats des moteurs de recherche, il loupe le client. Ce qui n’apparaît pas sur le Web n’existe pas. Je crois que c’est un peu la même chose pour l’électeur.”

La star Facebook

De leur côté, les cellules faîtières des partis politiques ont pris conscience de l’importance de la communication en ligne. Donald Leclau, responsable communication Web du PS : “Les récents exemples de campagnes électorales réussies démontrent l’influence grandissante d’Internet dans le choix des électeurs, couplée à l’importance d’une forte présence et d’une visibilité maximale sur le terrain. Aussi, en vue des élections communales, nous avons mis à la disposition des candidats un “guide des nouveaux médias”. Avec un double objectif : d’une part, expliquer les outils présents sur le Net et susceptibles d’être utilisés par les candidats et/ou leurs supporters. D’autre part, assurer une certaine cohérence visuelle et graphique des diverses initiatives entreprises par Internet par le parti, ses mandataires, ses militants et ses candidats. Et bien sûr, Facebook est au centre de toutes les attentions.

Avec quelles possibilités pour le candidat ? Donald Leclau : “Avec Facebook, les candidats peuvent communiquer sur un événement, améliorer leur référencement sur Google, se tenir au courant de l’actualité, utiliser des outils de communication ciblée, lancer des sondages d’opinion, organiser des concours, créer son propre réseau, publier et partager très facilement des images et des fichiers, organiser un chat avec des amis.” Comment augmenter sa notoriété ? “En maîtrisant le fonctionnement de ce réseau social : Facebook donne plus d’importance à certains contenus qu’à d’autres. On aura un maximum de visibilité en publiant un texte avec vidéo. En on en aura le moins en publiant un simple texte : c’est le contenu auquel Facebook donnera le moins d’importance.”

Edge Rank

Tous les partis ont fait appel aux vidéos de campagne. Il sera intéressant d’analyser leur taux de consultation.

En fait, Facebook n’affiche pas tout ce qui se passe mais plutôt tout ce qui semble intéresser l’utilisateur. Ce mécanisme a un nom : Edge Rank .

“C’est la clef de réussite sur Facebook. Quelques principes de fonctionnement : plus les posts suscitent des réactions (like, commentaire…), meilleure sera la visibilité des publications futures. On pourra appuyer sur ce levier en essayant de créer de l’interaction en finissant ses posts par des questions. Et l’acharnement ne paie pas : cliquer 10.000 fois par sur le profil de quelqu’un ne vous fera pas apparaître plus vite dans son fil ‘actualité. En revanche, cela fonctionne dans l’autre sens : un profil très visité, dont les liens seront cliqués et les photos regardées voit sa cote de popularité augmenter et ses publications plus présentes sur les murs de ses amis. Donc on apparaîtra plus facilement dans le fil d’actualités.”

Les vidéos ont la cote

Donald Leclau : “Les vidéos sont quasiment le meilleur moyen de communiquer sur Facebook. Non seulement son moteur de recherche privilégie les contenus vidéos sur l’affichage de la page d’accueil de vos “amis”, mais c’est également un moyen ludique et moderne d’informer. Sur le Web, les vidéos amateurs ont beaucoup de succès et peuvent créer le buzz.” C’est dans ce sens que le PS a proposé à ses candidats des fiches concernant deux actions à réaliser avec de petites vidéos : “concours vidéos top bilan et proposition” et “Faites-vous un journal de campagne vidéo. D’autres conseils encore, comme la création d’heures de permanence sur Facebook, “Un moyen convivial de tisser des liens avec sa communauté et d’assurer la visibilité de ses publications”. Il ne faut pas hésiter à s’inscrire dans des groupes Facebook. Il en existe une multitude sur une multitude de thèmes dont certains peuvent toucher directement des thèmes qui sont au centre de l’action du candidat. Il faut aussi avoir le réflexe de diffuser l’adresse de son profil. Le meilleur moyen de s’assurer un bon référencement sur Google est de multiplier les “backlinks” (le nombre de fois que l’adresse d’un site est repris sur des sites externes). Il ne faut donc pas oublier de diffuser l’adresse de son profil Facebook sur un maximum de supports : signature de courrier électronique, site personnel, blog, affiche, visuel de campagne,…”

Bilan en images

A côté de la bonne pratique des réseaux, il y a les outils comme Foursquare qui permet de créer une visite guidée de sa commune ou de sa ville. Créé en 2009, le réseau Foursquare permet à l’utilisateur de se géolocaliser, d’envoyer un court message ou une photo à partir du lieu où il s’est « enregistré » t les partager sur les réseaux sociaux Facebook et Twitter.  Bruxelles est fait le pas en ouvrant la page  “Ville de Bruxelles” où l’on va trouver les coordonnées de toute une série de lieux (administratifs, historiques, culturels, sportifs,…) couplé à des renseignements administratifs et des informations événementielles (exposition, manifestation,…)  A leur tour, les visiteurs ont la possibilité de diffuser leurs conseils et partager leur appréciation. Donald Leclau : « C’est un moyen ludique et moderne de présenter sa commune, sa province et son bilan par exemple en géolocalisant les éléments de son programme ou les actions déjà menées. » Il n’est pas le seul. Philippe Allard : “Pinterest est le dernier réseau social qui compte, celui qui a le plus progressé en 2011. Il s’agit d’un outil très visuel avec des tableaux d’image. On peut facilement imaginer une utilisation dans le cadre d’une campagne, en pointant dans son tableau des images “bilan”. La particularité de Pinterest, c’est donc son caractère très visuel. Il s’agit d’un tableau d’affichage virtuel qui permet d’épingler des illustrations, prise d’un appareil photo numérique ou portable ou trouvées sur le Web. Tout membre de la communauté Pinterest dispose non seulement de la faculté d’épingler ses trouvailles mais aussi de “repunaiser” un élément d’un tableau d’un autre utilisateur, montrer qu’il aime le commenter et partager tant ses “images” que celles des autres membres. Chacun peut décider de suivre un utilisateur ou un tableau. Et pour chaque tableau, il déterminera s’il sera le seul à pouvoir y fixer des illustrations ou si d’autres contributeurs sont autorisés à intervenir de la sorte.”

La foire aux outils

Raphaell Thiemard: “il ne faut pas surjouer la carte du média électronique”

Des outils, encore des outils : Twitter, le blog, la veille électronique avec Scoop-it. Reste à ne pas se noyer dans la communication politique en ligne. Raphaël Thiemard, responsable communication Web chez Ecolo : “Il ne faut pas surjouer la carte du média électronique. Il ne s’agit pas non plus de passer chaque jour des heures et des heures sur Facebook et déplacer le centre de gravité. Les rencontres de terrain restent primordiales.“

Les réseaux sociaux sont donc à considérer comme un simple plus. “Vous n’allez pas,” conclut Philippe Allard, “devenir bourgmestre si vous êtes présents dans les réseaux sociaux. Il n’est même pas sûr que votre liste va gagner un ou deux sièges et que les majorités vont basculer. Par contre, le candidat qui utilise bien les réseaux sociaux, celui qui va réussir à se faire remarquer d’une manière ou d’une autre, va peut être pouvoir montrer qu’au fond, il aurait pu être mieux placé sur la liste et améliorer sa position pour les prochaines régionales. Il est assez naturel que la candidat qui est quinzième sur la liste pense légitimement qu’il aurait mérité d’être dans les 10 premiers. Et si, grâce aux réseaux sociaux, il parvient à obtenir le neuvième score, il pourra peut être bénéficier d’un meilleur positionnement lors de la campagne de 2014.” CQFD

60% des Belges disposent d’une connexion Internet (58% des ménages bruxellois, 61% des wallons de plus de 15 ans)

89% des internautes disposent d’une adresse e-mail active (ce qui représente 62% de la population totale)

88% des internautes vont sur Internet au moins une fois par semaine

95% des internautes surfent sur le Web

4 millions de Belges sont présents sur Facebook

50% des utilisateurs de Facebook le fréquentent en moyenne 20 minutes par jour.