Elections communales: des partis et des mobiles

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Par · 13/10/2012

Depuis les premières “campagnes smartphones” de 2008, les politiques ont compris l’intérêt de proposer une information en ligne adaptée aux tablettes et autres GSM. Mais au niveau des applications spécifiques, on n’en est encore qu’aux balbutiements.

Etape numéro 1 : adapter le site existant à la consultation sur smartphone. Raphaël Thiémard, responsable du site Ecolo.be: “La version mobile de notre site est au point. Si vous prenez votre mobile et que vous pointez votre navigateur vers le site Ecolo, vous entrez dans une version différente, de 320 pixels de large. Tous les contenus ont été adaptés à la navigation mobile. Vous retrouvez vraiment tout le contenu du site avec une navigation appropriée. Nous avons jugé ce développement prioritaire. De plus en plus, l’information est retransférée sur Facebook. Du coup, les gens se connectent sur le quai d’une gare ou dans une salle d’attente pour lire l’info. Chez nous, ils tombaient sur des textes microscopiques. Aujourd’hui, tout le monde peut nous “lire” de façon confortable. On se rend bien compte que la consultation par le mobile va prendre de plus en plus d’importance.”

Peu d’applications mobiles

Etape numéro 2 : devenir pro-actif en adaptant sa communication aux nomades. Ici, on essuie un peu les plâtres. Geoffrey Laloux, sur le blog de l’agence synaptic: “C’est au hasard des pérégrinations sur le web que  nous avons découvert l’existence d’applications mobiles destinées à soutenir certains partis politiques belges pour les élections communales 2012. A notre connaissance, le PS et Ecolo sont les deux seuls partis francophones à proposer des applications mobiles.” L’éditeur mentionné pour l’application d’Ecolo pour Iphone et Androïd est EcoData, mais la patrenité du développement est revendiquée par AppSolution. Il s’agit en fait d’une liseuse qui permet d’accéder à divers articles relatifs à des questions d’environnement. Et Geoffrey Laloux de s’interroger sur son efficacité. “On ne trouve pas de page de garde ou d’introduction permettant de comprendre de quoi il s’agit. Le fil info est dépourvu de date, ce qui fait que l’utilisateur n’a aucune idée de la “fraîcheur” des nouvelles. Et la présentation du détail des nouvelles n’est pas du tout adapté à une vision sur smartphone, les titres sont coupés de même que le contenu principal. Nous avons également constaté des hyperliens qui ne contiennent pas de liens. A côté de la liseuse, il y a une fonction pour géo-localiser l’antenne du parti la plus proche. On trouve également une fonction “envoyer un reportage”, du texte uniquement accompagné d’une photo (pas de vidéo) mais sans indications quant aux contenus recevables ou souhaités, par exemple. La valeur ajoutée de l’application elle-même est assez difficile à percevoir. Ecolo semble d’ailleurs bien conscient de l’intérêt limité de cette dernière puisqu’aucune publicité n’est faite sur la page web (www.ecolo.be) du parti.”

3 applications pour le PS

Des applications sur le mode du ludique qui pourraient préfigurer l’émerge des jeux sérieux en communication politique

“Pour le PS, on ne trouve pas moins de 3 applications: une pour smartphone, afin de faire la connaissance des candidats, et deux applications tablette, pour parcourir le programme de la formation. Ici aussi, toutes les applis existent au format iOs et Androïd. Les applications iPad sont revendiquées respectivement par les éditeurs FirstView et par PAF! mais elles puisent manifestement toutes deux leurs charte graphique et contenu à la même source. Seule différence entre les deux applications: la manière de naviguer qui, dans tous les cas, est simple et intuitive mais sans aucune possibilité d’interagir ou de donner son avis. L’appli “PS Candidats” propose de voir la liste des candidats par commune, soit en fonction d’un code postal encodé, soit selon la géolocalisation de l’utilisateur.  Du moins quand cela marche, le système connaissant pas mal de problèmes de performances (tout comme le site web). Les candidats sont présentés par ordre de position sur les listes électorales avec leur nom et en principe une photo, parfois un petit texte de présentation, voire un lien vers la page Facebook du candidat ou un email. En principe du moins, car de très nombreux candidats ne disposent pas de photo sur leur profil et encore moins de texte de présentation ou d’e-mail. Plus dérangeant encore, de nombreuses communes ne retournent aucun résultat et le message d’erreur ne permet pas de savoir si la cause est un bug (temporaire) ou si tout simplement les données n’existent pas pour la commune sélectionnée.”

Pas gagné d’avance

Philippe Allard,, auteur du livre “Gagnez les élections avec Internet” : “de plus en plus d’internautes sont des mobinautes qui chargent des applications sur leur smartphone. Des applications peuvent être créées pour proposer sur smartphone ou tablette des flux d’information comme des actualités et des photos. Reste qu’il faut, comme “développeur” faire enregistrer les applis dans les magasins (stores) appropriés en fonction du système d’exploitation. Une opération qui n’est pas à la portée de chacun. Une autre solution consiste à faire créer cette application. Par exemple, ceux qui ont créé un blog chez Wmaker (www.marker.net) peuvent le décliner en application pour iPhone, Android ou Windows Mobile via DuoApps (www.duoapps.com). Encore faut-il que l’utilisateur du smartphone trouve l’application ainsi créée, la télécharge à partir d’un magasin en ligne et éprouve le besoin de la lancer. Ce n’est pas gagné et ceci explique sans doute pourquoi les applications sont proposées par les “grands” candidats.”

Jeux sérieux ?

Les élections présidentielles américaines ont vu naître divers “jeux sérieux”, dont cette “Political machine 2012…

Et si, finalement, le futur résidait dans le jeu sérieux, comme l’évoque Sébastien Waxin, étudiant français en marketing et communication à Lille ? “L’advergame politique sera certainement l’une des pistes à étudier pour captiver l’électorat. Ces “jeux sérieux” sont à la fois une méthode ludique de transmission des messages (faire face à l’ennui de la campagne et de ses discours), mais peuvent également être un moyen de collecter des fonds. Certes, ils ne représenteraient qu’une petite partie du financement mais pourraient devenir une source de revenus complémentaire dans la campagne.

Pourquoi cette proposition ? La “gamification” s’installe dans le marketing comme un moyen de rompre l’ennui depuis quelques mois. Dans le même temps, le mobile prend une place de plus en plus importante dans l’industrie vidéo-ludique et le jeu tend de plus en plus à se transformer en mini-jeux (Free To Play, par exemple), conséquence des comportements de cette nouvelle génération connectée et multitâche. Un serious game bien réalisé permettrait donc de s’inscrire dans la culture populaire, en surfant sur la vague mobile et d’impliquer l’électeur dans la campagne”. A vos jeux…