Communication politique: entre modernité et tradition

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Par · 13/10/2012

A l’occasion de son mémoire de fin d’étude à l’UCL, François Vander Vorst a posé la question de la communication en ligne aux partis politiques francophones cdH, Ecolo, MR et PS. Morceaux choisis.

“Pour le PS et Ecolo les outils des Web sont indispensables et primordiaux à la communication politique de leur parti. En revanche, pour le MR, sa vision quant à ces outils peut être plutôt définie comme étant des supports à la communication dite “traditionnelle”. Le cdH est, quant à lui, plus réservé et sa communication politique est, de manière générale, plus discrète, effacée par rapport aux autres principaux partis politiques belges francophones.”

Un MR très pro

“De prime abord, on peut observer que le PS et le MR se disputent le haut du classement tant par la qualité que par le nombre d’outils en ligne. Les sites web, “Parti tv”, réseaux sociaux sont les plus fournis et de qualité pour ces deux partis. Mais on peut voir quelques différences importantes entre ces deux-ci. Le MR est très « pro » dans son graphisme et sa structure. Cela renvoie quelque peu l’image d’une communication d’entreprise (cette idée ne doit pas être interprétée péjorativement), avec un graphisme soigné, des textes aérés, des dispositifs logistiques importants. Néanmoins, son FaceBook invite à la convivialité avec de nombreuses photos d’événements qui permettent de nous sentir intégrés dans le parti un peu comme dans une “famille”. Par ailleurs, aucun outil analysé n’est laissé de côté.”

Groupe ouvert

« De son côté, le PS invite davantage à la convivialité. Prenons pour exemple sa présence sur FaceBook sous la forme d’un “groupe” ouvert à tous qui est utilisé de manière singulière par rapport aux autres partis politiques en tant que “réseau des membres, sympathisants et amis du PS belge. Tout le monde peut s’y inscrire, discuter, poster des articles et interpeller des élus ou membres du parti. Un autre aspect marquant vis-à-vis de cette interactivité encouragée se cristallise dans la possibilité offerte aux militants et sympathisants du parti de pouvoir suivre des « média training » lorsque des séances sont organisées. Twitter est également bien investi mais dans une moindre mesure que le MR et Ecolo. »

Dans les sphères intimes

En juin dernier, une communication sur le site web a été faite pour la promotion de nouvelles applications pour tous les smartphones. Fort de tous ces éléments, on peut conclure que le PS pénètre véritablement dans la sphère intime des gens (pour peu que ceux-ci soient actifs dans les réseaux sociaux). Il s’agit, à notre sens, du parti qui offre la possibilité au citoyen intéressé d’être en permanence relié au parti et à ses évolutions.”

Ecolo à la pointe de Twitter

Pour Ecolo, le résultat est encourageant. Malgré leurs moyens et effectifs réduits, le parti se retrouve parfois à la pointe de l’innovation, bien que la qualité soit moindre par rapport aux deux autres ténors PS et MR. Néanmoins, le site web est complet avec une information soutenue bien que l’interface ne soit pas optimale et que l’ergonomie générale du site pourrait être améliorée. Le parti est leader vis-à-vis de Twitter avec le compte le plus ancien et le plus grand nombre de tweets.

La “Parti tv” est également bien développée et fréquemment, de nouvelles vidéos sont ajoutées. Les NTICs sont donc un point important pour la communication d’Ecolo ce qui confirme les propos de Mr Parent (co-directeur de la cellule de communication d’Ecolo) allant dans ce sens. Il est également vrai que les NTICs offrent la possibilité d’accroître la visibilité médiatique à moindre frais. Ce qui, spécialement pour un parti comme Ecolo, devient très avantageux pour peu que le parti l’utilise avec professionnalisme et dispose du temps adéquat.

Bilan mitigé au cdH

Finalement, le bilan que l’on peut faire a propos du cdH est assez mitigé. L’outil des NTIC le mieux développé est le site web du parti. Bien que celui-ci soit de bonne qualité, il nous apparaît parfois condensé en informations diverses ce qui est nuisible à la clarté nécessaire d’un site Internet. Par ailleurs, il y a également de temps à autre une impression de «verticalité » de l’information qui occasionne des pages très longues. Pour le reste, le site reste agréable à parcourir et est assez bien actualisé (mais moitié moins que le PS, rappelons-le). Saluons également la tentative d’offrir un site interactif avec la possibilité de commenter les articles en ligne (c’est le seul parti de notre échantillon qui propose cela). Malheureusement, pour le moment cette tentative reste un échec avec l’absence totale de commentaire sur les deux mois et les 32 articles analysés. Si le site Internet du parti est, dans l’ensemble, bien réalisé et exploité, les autres outils des NTIC sont en revanche, très mal utilisés voire carrément à l’abandon ! En effet, la “Parti tv” du cdH est la moins bien développée avec un nombre de vidéos très restreint (31 comparées aux centaines pour les autres partis) et ce parti est le seul qui ne se trouve pas sur Dailymotion. Ce constat est encore plus marqué par rapport aux réseaux sociaux. Le cdH ne possède pas de FaceBook officiel et le compte Twitter du parti est inefficace avec 8 tweets sur le seul mois de janvier 2011 (mois et année de sa création). Depuis, c’est le “silence radio” sur le compte. Il apparaît clairement que les outils des NTICs ne sont pas investis avec grand intérêt de la part du cdH et qu’il s’agit du parti qui se soucie le moins de ces derniers. Seul le site web est géré correctement (élément indispensable de nos jours).

Côté tradition

« La communication 2,0 ne semble donc être une priorité pour le parti qui semblerait se focaliser plutôt sur les outils traditionnels de la communication. En écho, le court extrait d’une interview d’un de ses élus, Pierre Migisha, dans laquelle un journaliste aborde le lien éventuel entre la faible présence médiatique du parti vis-à-vis des autres partis politique et le score électoral: “Il y a d’autres partis qui préfèrent utiliser les médias pour sortir assez régulièrement, parfois de travers, et ça paie ! Nous, je pense qu’on est plus dans le concret, dans le travail en profondeur, qui, c’est vrai, ne rapporte peut-être pas en terme de sondage », déclare Pierre Migisha. “Le travail de fond du cdH rapportera sur le long terme, sur le plan de la satisfaction, de la confiance et des valeurs »