Trois tendances qui vont transformer les réseaux en 2016

Tribune
Par Manish Sablok · 03/02/2016

Objets connectés en tous genres et en volumes croissants, infrastructures et services nouveaux pour “villes intelligentes”, pilotage logiciel de services automatisés… Plus que jamais, le réseau – local, urbain, global – revêt une importance cruciale pour les développements de projets et d’initiatives économiques. Petit réquisitoire de Manish Sablok, directeur Field Marketing chez Alcatel-Lucent Enterprise (North & East Europe).

En 2015, nous avons vu les débuts de quelques développements ambitieux. L’Internet des Objets et les Big Data ont gagné de la traction dans les entreprises, les villes et les industries. Par ailleurs, les objets connectés “vestimentaires” – les fameux “wearables” – sont un exemple parmi d’autres de degré de personnalisation atteint aujourd’hui par la technologie. Indépendamment de leur taille, ces concepts ont une chose en commun: ils ont besoin d’un réseau de qualité, jusqu’à sa périphérie, qui soit fiable et disponible 24 heures sur 24, 7 jours sur 7.

Alors que débute l’année 2016, je vois trois tendances principales qui auront un impact majeur sur le rôle et la performance des réseaux: une plus grande interconnexion associée à des méga-projets tels que les villes intelligentes ; une automatisation accrue, rendue possible par l’avènement de réseaux dotés de la technologie Intelligent Fabric ; et le basculement des coûts d’investissement (Capex) vers les frais d’exploitation (Opex) dans la mesure où les entreprises poussent les fournisseurs à offrir leurs solutions en tant que services.

Smart City: des services de qualité pour chaque citoyen

Le réseau – cette structure électronique omniprésente qui connecte les appareils avec les ressources qu’ils demandent ou offrent – est le cœur du monde numérique. Il prend en charge la prestation de soins de santé, les services d’éducation, l’expérience client de l’hôtel… et la liste ne cesse de s’allonger.

Selon une étude de Gartner, le nombre d’objets connectés dans les villes intelligentes passera de 1,1 milliard en 2015 à 9,7 milliards en 2020.

L’agilité des entreprises est limitée par l’état actuel de leurs réseaux. Par ailleurs, le rythme de la transformation numérique est plus rapide que la capacité des entreprises à adapter leur infrastructure – de la périphérie jusqu’au cœur.

Les systèmes informatiques des villes sont complexes, souvent dépassés, qui sont non seulement peu fiables mais également très coûteux à gérer. Ils n’ont tout simplement pas été conçus pour répondre aux besoins d’aujourd’hui et devront être remplacés pour que les villes puissent tirer parti des innovations.

“Les systèmes informatiques des villes, complexes, souvent dépassés, peu fiables, ne sont tout simplement pas conçus pour répondre aux besoins d’aujourd’hui.”

Dans la ville intelligente, toute interruption ou retard peut avoir de graves conséquences pour la maintenance et le fonctionnement efficace de l’infrastructure urbaine. Pour maîtriser les énormes quantités de données, les villes ont besoin d’une nouvelle approche de la gestion du réseau. Une approche qui s’appuie sur une gestion dynamique et une hiérarchisation du trafic de données vitales, à travers le réseau, en vue d’assurer une haute qualité de service pour les dispositifs et les services prioritaires.

Pour maîtriser les énormes quantités de données, les villes ont besoin d’une nouvelle approche de la gestion du réseau, avec un contrôle dynamique et une hiérarchisation du trafic de données vitales.

En adoptant ces mesures, les villes intelligentes peuvent commencer à offrir des avantages à l’ensemble de leur population, allant des plus riches aux plus pauvres, en leur procurant, sans distinction, des services tels que le Wi-Fi ou de meilleurs “services urbains connectés”…

Intelligent Fabric

Chaque année, le SDN – Software-Defined Networking – est présenté comme la nouvelle révolution en matière d’informatique professionnelle mais il demeure une technologie “émergente”. Le Software-Defined Networking permet au réseau de s’adapter aux applications et procure, au niveau du réseau, un degré d’automatisation et de flexibilité comparable à celui que nous connaissons au niveau des serveurs.

Le SDN comble l’écart entre le contrôle de l’application et les éléments de pilotage du réseau, de telle sorte à optimiser la distribution des applications et les performances à travers l’ensemble du réseau – tant celui implémenté au sein de l’infocentre que celui, convergé, qui dessert l’ensemble d’un site d’entreprise.

Le temps où le SDN tiendra réellement toutes ses promesses n’est pas encore venu mais il existe déjà des “Application Fluent Networks” intelligents qui s’adaptent dynamiquement aux charges de travail virtualisées et aux machines virtuelles (VM). Parce qu’ils perçoivent correctement la charge applicative, ces réseaux intelligents ajustent automatiquement la qualité du service au flux d’applications qui transite par le centre de données et le réseau tout entier.

[le terme “tissu”, traduction de l’anglais fabric, s’entend ici au sens de texture, de maillage – tout comme on parle de “tissu urbain”]

Les “tissus” de réseaux intelligents permettent de configurer un nouveau réseau en l’espace de quelques minutes au lieu de quelques jours et proposent d’office un potentiel de programmation de bout en bout ainsi que des capacités d’auto-réparation.

Grâce à sa disponibilité et à la facilité de déploiement qu’elle offre, la technologie du “maillage intelligent” (Intelligent Fabric) sera de plus en plus utilisée et comblera l’écart résultant des retards encourus dans le développement d’un SDN intégral.

Tout en mode service – coûts d’investissement vs. frais d’exploitation

Remplacer des dépenses d’investissement par des frais d’exploitation n’a jamais été plus attrayant. Les services sur demande, hébergés dans le cloud, se sont révélés évolutifs, sécurisés et riches en fonctionnalités. Ils améliorent ainsi les modèles de prestation de services informatiques.

Dans la mesure où les entreprises externalisent davantage de tâches informatiques et adoptent davantage de services gérés (“managed services”), les réseaux “sur demande” deviennent une composante très intéressante du modèle des services gérés. De nombreuses organisations n’ont tout simplement pas besoin de la même capacité de réseau toute l’année. Pensez par exemple aux écoles pendant les vacances d’été ou au commerce saisonnier des hôtels et des clubs de vacances.

Certains fournisseurs utilisent déjà une surveillance sophistiquée pour mesurer les taux d’utilisation de services et offrir à leurs clients des modèles de tarification basés sur la consommation. Il s’agit là d’une formule plus rentable que les dépenses traditionnelles en capital – et d’une possibilité de libérer du budget et du personnel informatique pour des projets plus importants.

Le réseau “sur demande” s’imposera comme un modèle d’infrastructure très populaire en 2016.

En avant toutes

Selon l’analyste Zeus Kerravala (ZK Research), jusqu’à 83% des budgets de réseau sont utilisés pour simplement “garder les lumières allumées” (lire sa chronique parue sur NoJitter).

Les services informatiques ne doivent donc pas seulement fournir des solutions rentables qui répondent aux besoins numériques modernes de l’entreprise – nouveaux outils, nouvelles applications et infrastructure évolutive. Il est tout aussi important qu’ils éliminent des dépenses informatiques inutiles.

Heureusement, il existe des moyens qui permettent aux entreprises de s’adapter à ces nouvelles technologies, de les adopter dès aujourd’hui et de commencer à récolter les avantages, y compris en termes de coûts. Je pense qu’en 2016 nous allons commencer à voir ces technologies émerger et transformer nos vies.

Manish Sablok

directeur Field Marketing

Alcatel-Lucent Enterprise (North & East Europe