Données satellite: quel positionnement wallon dans le nouvel eldorado numérique?

Portrait
Par · 30/08/2017

Le secteur de l’aérospatial peut se définir par ses 3 segments applicatifs majeurs: les télécoms, la géolocalisation et l’observation de la Terre. La Belgique et, plus particulièrement, la Wallonie ne sont présents, dans les deux premiers créneaux qu’à titre de terres d’hébergement de fournisseurs d’équipements (capteurs, systèmes embarqués dans les lanceurs…).

C’est surtout dans le troisième que la région wallonne compte investir et se distinguer.

Ce terrain est à la fois riche en opportunités et en défis. A commencer par un paysage satellitaire en profond bouleversement. Depuis quelque temps, on voit en effet prospérer des solutions innovantes qui prennent la forme de satellites moins massifs et moins onéreux que ceux auxquels on était jusqu’ici habitué – depuis les modèles de taille moyenne (“mini-satellites”), qui pèsent de l’ordre de 40 ou 50 kg, jusqu’au phénomène des “nanosat” ou “cub sat’, petits cubes stellaires du genre Oufti-1, né à l’ULg.

Dans la catégorie des “mini-satellites”, de ceux qui fonctionnent en constallations, on voit surgir et fleurir une nouvelle concurrence, plus nombreuse ainsi qu’une nouvelle donne du côté des sources de financement, souligne Etienne Pourbaix, directeur du Pôle de compétitivité Skywin. “Les investisseurs veulent un ROI à court terme. La fabrication et l’exploitation de ces satellites ne doivent donc pas être trop chères. Hier, les gros satellites qui étaient l’apanage des agences spatiales, qu’elles relèvent d’un Etat ou d’une structure telle que l’Europe, devaient garantir de très hautes performances.” Désormais, avec l’avènement de ces satellites plus petits, moins onéreux, l’équation a changé.

Termes de cette équation: performances vs coût sous pression. “Les anciens acteurs doivent donc revoir leurs méthodes.”

Un filon à ne pas laisser filer…

Quelle place pour les spécialistes wallons de l’aérospatial dans ce contexte? Skywin s’est embarqué dans un exercice de développement – et resserrement – de la filière, avec mise en commun de compétences diverses mais potentiellement complémentaires. Trois sociétés ont ainsi été identifiés en vue de donner naissance à une possible solution intégrée: Amos, Spacebel et DeltaTec.

Elles sont loin d’être les seules potentiellement concernées. Les universités joueront un rôle essentiel, en tant que fournisseurs des briques technologiques. L’exercice de “mise en commun” impliquera aussi potentiellement des start-ups, des spin-offs, voire des acteurs de plus grande envergure et/ou intégrateurs. L’implication d’un partenaire international n’est par ailleurs pas exclue mais la Wallonie devra avoir le poids dominant.

Etienne Pourbaix (Skywin): “L’ambition à 5 ans de Skywin est de développer un écosystème d’applications spatiales, qui pourra s’appuyer sur l’UCL et l’ULg (via le CSL), acteurs académiques pertinents en la matière. Le défi, pour ces derniers, sera de passer au stade des spin-offs, de transformer l’essai.”

L’exercice de “mise en commun”, estime Etienne Pourbaix, sera de longue haleine. N’attendez donc pas de voir une solution “intégrée” surgir du territoire wallon à très court terme…

Oufti-1. Exemple typique de “cub-sat”…

Cet exercice s’inscrit dans une tendance générale qui caractérise le marché encore naissant des “mini-satellites”. Une multiplication des acteurs et une concurrence effrénée qui conduit déjà à und consolidation. “Le modèle économique n’existe pas encore. Une consolidation est dès lors nécessaire pour tenir le coup financièrement.”

A ce petit jeu, l’exercice de coalition wallonne ne risque-t-elle pas d’arriver trop tard? “Il ne faut évidemment pas attendre 5 ans mais si nous pouvons proposer un niveau de compétences suffisant, le créneau s’avérera porteur.”

Quel sera le positionnement, le(s) créneau(x) spécifique(s) choisi(s)? “Nous sommes actuellement dans la phase de dimensionnement du besoin. Pour ce faire, nous avons fait appel à des consultants internationaux afin d’identifier les créneaux porteurs, tels que l’analytique. L’objectif est de déterminer les solutions possibles, avec nos acteurs, aux meilleurs coûts.”

Les résultats de cette analyse devraient être connus vers la fin de l’année.