E-learning: l’urgence de la situation implique aussi de raison garder

Pratique
Par · 21/04/2020

L’urgence dans laquelle s’est trouvé le monde de l’enseignement pour trouver des solutions au confinement et à la distanciation pédagogiques ne peut avoir pour conséquence de faire perdre repères, valeur intrinsèque de l’enseignement et pertinence dans les choix d’outils et de méthodes.

C’est en substance le message que fait passer le service e-learning de la Haute Ecole Libre Mosane (HELMo), rebaptisé temporairement “SAMU-Learning”.

Première mise en garde: ne pas se laisser séduire inconsidérément par les offres gratuites venant de plates-formes commerciales. Offres gratuites qui n’auront qu’un temps mais dont les conséquences de filiation ou de méthodes à long terme pourraient avoir des conséquences, à soupeser soigneusement. L’équipe HELMo recommande donc de rester fidèle aux valeurs qui prévalaient, jusqu’ici, au sein de chaque établissement, de ne pas renier les outils préalablement disponibles. A la Haute Ecole HELMo, par exemple, “l’open source coule dans les veines du service e-Learning depuis longtemps et il n’est pas question de se laisser dépasser par les événements pour bousculer ses valeurs”.

 

L’équipe e-learning de HELMo: “il serait hasardeux de choisir maintenant des outils temporairement gratuits, à utiliser dans l’urgence, sans mise en place de formation de qualité. Cela risquerait de complexifier encore davantage les choses au lieu de faciliter le travail des équipes. Surtout s’il s’agit d’abandonner ensuite ces outils.”

 

Enseigner et évaluer à distance implique par ailleurs des écueils tels que l’évaluation du travail réellement effectué par l’élève.

Les QCM, par exemple, sont jugés inadaptés par l’équipe e-learning d’HELMo pour juger de la maîtrise des concepts théoriques d’un cours: “stressant, non sécurisé, questions “googlables”, etc.”

De même, transposer en mode numérique la remise d’un travail ne garantit en rien que “l’étudiant l’ait réalisé seul ou qu’il maîtrise les concepts théoriques en temps réel”.

L’équipe liégeoise préconise dès lors une approche de type “évaluations combinées”: “Cela ne signifie pas qu’il faille proposer plusieurs examens aux étudiants! Il s’agit plutôt ici de diviser un examen en plusieurs parties – par exemple, proposer une question ouverte sous la forme d’un devoir à rendre, puis interroger les étudiants en vidéoconférence sur ce devoir, lors d’un court oral (moins de 5 minutes).”

Autres conseils

L’équipe “SAMU-learning” propose encore une série d’autres conseils méthodologiques pour les enseignants en ces heures de pédagogie dématérialisée:

– ne pas vouloir à toute force assumer la totalité de la matière (habituelle), mieux vaut sérier et prioriser ; l’équipe évoque ici un conseil de l’université québécoise de Sherbrooke: “faire le tri entre ce qui est indispensable et ce qui pourra être évalué autrement, plus tard, ou abandonné vu les circonstances”
– se coordonner entre enseignants afin d’éviter de surcharger les étudiants – en travaux ou matières d’examens
– “privilégier au maximum les outils numériques simples et habituels” et, là aussi, se coordonner dans les choix pédagogiques et technologiques pour éviter cacophonie et efforts inutiles
– redoubler de vigilance et d’implication en termes d’accompagnement des étudiants pour les aider à s’organiser dans un apprentissage nouvelle manière dont ils découvrent, eux aussi, brutalement les modalités et contraintes
– vérifier non seulement que le niveau ou la qualité d’apprentissage des élèves et étudiants sont préservés via le recours aux outils numériques (par rapport à la situation “d’avant confinement”) mais aussi que les résultats atteints correspondent à ce que les enseignants escomptaient devoir être.

Les réflexions et conseils formulés par l’équipe e-learning de la Haute Ecole HELMo ont fait l’objet d’un billet de blog sur la plate-forme TamTam TIC de l’établissement. A consulter ici.