Quatre nouvelles sociétés wallonnes labellisées “Factory of the Future”

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Par · 18/02/2022

Quatre nouvelles sociétés industrielles wallonnes, ou basées en Wallonie, ont décroché un label “Factory of the Future” (la Flandre, elle, en aligne 10 cette année…).

Parmi les nouvelles élues locales, deux “récidivistes” puisqu’aussi bien AW Europe (devenue entre-temps Aisin Europe suite à la fusion intervenue avec ce groupe japonais voici un an) et STAS avaient déjà décroché leur label en 2019. Un label d’une validité de trois ans qu’elles avaient donc intérêt à renouveler si elles désiraient maintenir leur image de société soucieuse de progrès opérationnel et numérique – chose que, par exemple, le nouvel actionnaire d’AW Europe “apprécie” tout particulièrement, voire attend de son acquêt. Jacques Fils, directeur opérationnel pour la Belgique, le reconnaissait d’ailleurs, déclarant notamment “décrocher cette certification et renouveler notre label nous permet de prouver notre efficacité. Notre nouvel actionnaire est très sensible à cette preuve de dynamisme, notamment dans un contexte où il nous faut lutter, en tant qu’entité belge, avec d’autres usines où le niveau de salaires est plus bas…”

Le nom des quatre “lauréates” 2022 ? Aisin Europe (électronique automobile, logistique), Vinventions (solutions de bouchage pour vins tranquilles), STAS (conception et fabrication de bennes et semi-remorques à fond mouvant) et Takeda (biopharma).

Les raisons de ces nouvelles labellisations

Les améliorations de processus et/ou recours aux technologies numériques qui justifient l’obtention du label “Factory of the Future” par ces quatre sociétés sont relativement variées – logique, chaque situation étant spécifique.

Pour Vinventions, société basée à Thimister qui produit des solutions de bouchage pour vins tranquilles (notamment des bouchons synthétiques produits à partir de matières premières végétales), le facteur d’innovation fut le recours à des cobots sur la ligne de production, afin de prendre en charge les tâches répétitives à faible valeur ajoutée. Le recours à ces robots collaboratifs a été combiné à l’utilisation de tablettes numériques pour assurer la surveillance des équipements de production, via interfaçage avec le système MES (logiciel de pilotage de la production). Avantages retirés: “plus d’agilité”. Etape suivante: le recours à l’intelligence artificielle pour affiner encore processus et décisions.

AR et VR pour les opérateurs Takeda intervenant en zones aseptiques, pour de la formation ou pour un suivi temps réel des procédures de production

Chez Takeda Belgique, filiale d’un groupe biotech japonais actif dans le développement et la production de solutions notamment dans les domaines de l’oncologie, des neurosciences, de la gastroentérologie, des thérapies dérivées du plasma et des vaccins, c’est la réalité virtuelle et augmentée qui a été appelée en renfort pour rendre la société “plus agile”.

“L’AR/VR nous permet de former nos opérateurs des zones aseptiques en situation réelle, sur nos lignes de production propres. Cela permet de tester et de faire des erreurs sans impact négatif sur la production et, au final, d’augmenter nos capacités de production”, indique Geoffrey Pot, directeur général des opérations pour le siège de Lessines. Autres avantages retirés selon Michael Brion, responsable Analytique numérique et Innovation chez Takeda Belgique: un meilleur suivi temps réel des processus de production et la promotion de la collaboration entre départements.

Aisin Europe (Mons), anciennement AW Europe (fusionnée avec Aisin Seiko et Aisin Corp.), c’est un travail de centralisation et d’harmonisation des données, suite à la fusion et à l’accentuation des activités orientées électronique automobile, qui a débouché sur le renouvellement du label.

A Tournai, la société STAS a pour sa part introduit des robots dans son nouveau département de peinture (production de remorques) et s’appuie sur un ERP personnalisé pour suivre la totalité des étapes de production – depuis la conception jusqu’au service après-vente.

Au jeu des petites phrases…

Quelques petites phrases épinglées lors les interventions des participants – représentants des sociétés labellisées ou acteurs publics – à l’occasion de la remise des certificats Factory of the Future 2022…
Un processus de labellisation qui induit la collaboration. En recevant la certification Factory of the Future, Geoffrey Pot (Takeda) soulignait, on l’a vu, le fait que les technologies mises en oeuvre (AR/VR) avaient eu pour effet de favoriser la collaboration entre départements. Selon lui, le fait de se lancer dans le programme “Industrie du Futur”, dans la quête de labellisation, a aussi favorisé la collaboration à un niveau plus fondamental: “les ouvriers participent directement au “conseil numérique” afin de générer et confronter leurs idées sur les processus, les améliorations possibles, les solutions à mettre en oeuvre.”
Une remarque sur laquelle Benoît Hucq, directeur de l’AdN, a embrayé, déclarant “le programme Industrie du Futur a pour effet, on a pu le constater auprès des entreprises lauréates, de mobiliser l’entreprise, les employés autour d’un projet. Cela produit un effet de cohésion et de progression…” Comme un message marketing à l’adresse des sociétés qui désireraient se lancer dans l’aventure…
Transformation numérique, agent de relocalisation? Pour sa part, le Ministre Willy Borsus a tenu à tisser un lien direct entre amélioration des processus de production et de l’efficacité opérationnelle de sociétés industrielles, grandes ou petites, et la volonté, voire la nécessité, de réimplanter chez nous des acteurs industriels. Il a ainsi rappelé la “fragilité” de nos pays occidentaux en termes de chaînes logistiques et de sources d’approvisionnement, fragilité “soudain exposée par la crise sanitaire”. Notre trop grande dépendance justifie de “relocaliser des maillons de la chaîne en Europe, de densifier et de préserver notre tissu industriel pour éviter le plus possible les perturbations de la chaîne d’approvisionnement et diversifier les sources”.
La crise, selon lui, fut un rappel – en fait, un réveil brutal, dirions-nous – que “les flux mondiaux ne sont en rien garantis. Sans verser dans le protectionnisme, nous ne pouvons pas être naïfs”.