“Je fais ma part”: future appli (et label) attestant de la sécurité sanitaire de lieux publics

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Par · 02/06/2021

Comment retrouver une vie plus ou moins normale? Comment être sûr que l’environnement dans lequel on évolue – que ce soit un lieu de culture, les locaux d’une entreprise, un espace commercial ou tout autre lieu public – est “vierge” de virus (qu’il s’agisse de celui qui porte le matricule 19 ou ses joyaux compères existants ou avenir)?

Comment savoir si l’environnement en question respecte les mesures sanitaires qui permettent de s’en prémunir?

Le coronavirus a chamboulé notre quotidien et nous a ouvert les yeux, plus encore que tous les SARS qui l’ont précédé, sur les micro-dangers qui nous guettent. La réponse que propose l’asbl I do My Part, fondée par Stéphane Vanautgaerden et quelques autres professionnels qui, pour l’instant, désirent demeurer anonymes (parmi eux, des chefs d’entreprise, un responsable de l’IMEC, un architecte…), est de pouvoir certifier la sécurité sanitaire d’un lieu au moyen d’un label, associé à une appli mobile. 

Le développement de l’appli a été confié à l’équipe de LetsGoCity, pour lancement attendu dès ce mois de juillet.

En réalité, il ne s’agira pas d’une nouvelle appli mais plus exactement d’une fonctionnalité (“tuile”) supplémentaire ajoutée à la solution Wallonie en Poche.

Comme le souligne Stéphane Vanautgaerden, l’asbl a en effet voulu imaginer cette fonctionnalité comme un micro-service pouvant s’intégrer dans des applications existantes, “pourquoi pas une application de paiement électronique, une appli existante d’autre opérateur… Nous ne voulons en rien être exclusif, le but étant de permettre une utilisation par le plus de personnes possible.”

Seule chose certaine, le développement de ce micro-service est donc réalisé en collaboration avec LetsGoCity qui deviendra de facto le premier “opérateur” à l’intégrer à sa solution Wallonie en Poche et à le proposer dès lors à toutes les villes, communes ou autres acteurs (tels des incubateurs ou parcs d’activités économiques) qui l’auraient adoptée.

Concrètement, le label I do My Part (statut sanitaire) apparaîtra donc dans Wallonie en Poche sous forme de tuile supplémentaire qui listera et permettra de consulter les fiches signalétiques de tous les établissements certifiés. Les informations sanitaires des établissements seront en effet intégrées dans leur fiche et seront donc consultables via l’annuaire des communes, sites horeca etc. de Wallonie en Poche. “L’appli fournira également des informations à l’utilisateur, lui expliquant la signification de telle ou telle note…”, souligne Julien Gilon, patron de LetsGoCity.

Du déclaratif et du contrôle formel

Le statut sanitaire du lieu sera matérialisé par des étoiles (de une à trois) et une notation (de A à G).

Les étoiles symboliseront le niveau de sécurité sanitaire procuré par les dispositifs de ventilation, décontamination, de filtration et/ou désinfection de l’air installés. Le nombre d’étoiles dépendra de la qualité, de la performance du dispositif en question (il en existe évidemment de diverses sortes, de différentes technologies, et de différentes générations) et de la manière dont leur installation a été effectuée et sa maintenance assurée.

 

L’octroi d’étoiles se fera lors de l’installation d’un (nouvel) équipement de filtration d’air ou  de décontamination, par une société, un installateur ou un technicien agréé, moyennant étude et analyse des contraintes de chaque espace. Idem pour des bâtiments et espacés déjà équipés. “Dans le cas d’appareils de filtration d’air, le label sera octroyé et restera valable pour une durée de 13 mois. Le filtre doit en effet être renouvelé tous les ans, explique Stéphane Vanautgaerden. “Si aucun entretien n’est effectué en temps voulu par un installateur qualifié, le lieu perdra son label” [ses étoiles, en tout cas].

Vu l’ampleur du “chantier” (multitude d’endroits, diversité et disparité de l’ancienneté des lieux…), le déploiement du label ne se fera pas d’un claquement de doigt. “Il faut voir les choses dans une perspective à plusieurs mois voire plusieurs années”, estime Stéphane Vanautgaerden. Le tout dépendant des campagnes d’inspection, de la rénovation du parc immobilier, des actions et initiatives Green Deal

“Il s’agira éventuellement de prioriser certains espaces: écoles, cantines, bureaux d’entreprise…”

 

Stéphane Vanautgaerden (asbl I do My part): “Si l’on applique consciencieusement les mesures décidées par les autorités, on résout le risque sanitaire à 85%. La crise, elle, est la résultante des 15% restants – par exemple, les mesures de ventilation des espaces intérieurs. Il faut donc inciter les gens à faire plus que le minimum qu’on leur demande afin de limiter les facteurs de risque.”

 

Le contrôle des autres paramètres sanitaires (ventilation d’un espace, comportement des individus, nettoyage régulier…) pose un tout autre problème.

Telle qu’imaginée, la notation de A à G est le reflet des mesures sanitaires appliquées  ou requises dans le lieu en question, A étant le degré le plus élevé (et strict) de sécurité sanitaire et G le niveau où aucune mesure sanitaire n’est appliquée ou requise – ce qui, actuellement n’est quasi jamais le cas.

“Un hôpital, par exemple, doit nécessairement être au niveau A”, souligne Stéphane Vanautgaerden. “Les protocoles y sont rigoureux: prise de température à l’entrée, identification de chaque personne, hygiène des mains, distanciation…” Ce niveau A sera  donc octroyé à tout environnement appliquant toutes les mesures, techniques et sanitaires, requises.
Le F correspond par exemple à un espace en front de mer ou un parc, tout naturellement bien ventilé, mais où la règle de distanciation est de mise – et appliquée…
Exemple d’espace en droit d’espérer un E? Une rue, moyennant respect de la distanciation et du port du masque.
D? “Les conditions imposées actuellement aux surfaces commerciales, avec hygiène des mains, distanciation et port obligatoire du masque”.
Et ainsi de suite… Selon des “configurations” de mesures à géométrie variable, comme vous l’aurez compris !

Granularité et évolutivité

La sécurité sanitaire d’un lieu peut évidemment évoluer dans le temps. Un système de ventilation peut tomber en panne ou ne pas être entretenu. Les mesures sanitaires (obligation de port du masque, prise de température, respect des distances…) peuvent ne pas être appliquées systématiquement. Les opérations d’aération ou de nettoyage/désinfection varier dans le temps. Etc.

Et les conditions sanitaires peuvent également varier, parfois sensiblement, au sein d’un même bâtiment ou lieu, d’une pièce ou d’une salle à l’autre (prenons l’exemple d’une entreprise ou d’une école: toilettes, cuisine, couloir, cantine, salle de classe, bureau privatif, salle de réunion, plateau paysager…). Variation aussi selon le nombre de personnes présentes, de leur temps de fréquentation…

Dès lors, comment faire en sorte que le label et ses notations soient le plus possible le reflet réel de la situation, à un moment T?

Le label I do My Part qui sera apposé ne le sera pas en un seul endroit. Arborant un code QR, il pourra être accolé à divers espaces au sein d’un même lieu. Sa lecture, via smartphone et l’appli, permettra de consulter le statut sanitaire de l’endroit en particulier. Idem à distance, via l’appli Web et son potentiel de géolocalisation.

Le but est de proposer une lisibilité de la situation sanitaire suffisamment granulaire pour être crédible et efficace.

Il se peut donc parfaitement qu’un même lieu – reprenons l’exemple d’une entreprise – ait droit à une étoile pour son espace toilettes, à deux étoiles pour la salle de réunion et à trois étoiles pour tel ou tel bureau…

Tout cela sera documenté dans les sous-rubriques de la fiche sanitaire sur l’appli.

Selon le même raisonnement, le statut sanitaire de chaque lieu et/ou espace devra être scrupuleusement réactualisé. Ce qui est, à certains égards, une véritable gageure.

Des contacts se poursuivent, du côté de l’asbl, pour étudier la piste d’organismes qui pourraient effectuer des contrôles plus réguliers que des opérations de maintenance ou d’entretien de certains équipements. 

Pour les procédures sanitaires appliquées (masque, gel, distance, nettoyage des espaces), la chose est moins évidente dans la mesure où nous ne vivons pas dans une société où des contrôles systématiques sont de l’ordre du possible. 

Passer par des signalements par les utilisateurs pose évidemment aussi des problèmes. Quid de faux signalements par de “mauvais plaisants”, des personnes animées de mauvaises intentions, ou encore des concurrents indélicats?

Pourtant, le “contrôle citoyen” pour les habitudes et procédures sanitaires semble être la seule façon de réactualiser le statut d’un lieu.

Dès lors, l’asbl et LetsGoCity planchent actuellement sur une alternative. A savoir, un système d’avertissements. “Si un comportement à risque ou un manque de respect des consignes est signalé à répétition par des utilisateurs, l’appli [ou l’asbl?] enverra un avertissement à l’exploitant.” Après deux avertissements, il pourrait voir son statut rétrogradé dans l’appli et dans le back-office (pour réactualisation des informations livrées par le QR code affiché sur site). “C’est bien là toute l’intention de l’initiative I do My Part”, souligne Stéphane Vanautgaerden. “Chacun doit jouer son rôle, assurer un auto-contrôle, assumer la responsabilité, au niveau individuel, de la gestion de crise.”

Et l’espoir est qu’un effet d’émulation se matérialise: “un lieu très bien noté stimulera les autres à faire de même…”

 

Julien Gilon (LetsGoCity): “Pour faire en sorte que les fiches et les informations demeurent à jour, le citoyen aura clairement un rôle à jouer. L’une des manières d’objectiver un signalement ou un avis pourrait être de joindre une photo avec son smartphone.”

 

Une solution d’intérêt général

Si l’application est donc développée par LetsGoCity, elle est conçue, comme souligné précédemment, comme un micro-service intégrable à d’autres plates-formes ou applications. Bien entendu, la base de données, avec les statuts sanitaires de chaque lieu et espace, est centralisée. Dans l’état actuel des choses, la base de données est gérée par l’asbl I do My Part.

Plus d’informations sur le site I do My Part / Je fais ma part.

Rien toutefois n’interdit une possible évolution dans la “propriété” de la solution. Mais, insiste Stéphane Vanautgaerden, toujours dans un esprit d’intérêt général. “Les différentes personnes qui sont à l’origine de l’initiative l’ont fait afin de proposer le plus rapidement possible une solution qui permette de retrouver une vie sociale digne de ce nom malgré le coronavirus. 

Ce même genre d’initiative venant des pouvoirs publics aurait pu se faire mais n’aurait pu aboutir aussi rapidement et aurait sans doute dû accepter certains compromis, diminuant l’intérêt de la solution.

Notre objectif n’est en rien mercantile. Passer le relais, à l’avenir, que ce soit au gouvernement ou à une organisation officielle, est dès lors toujours envisageable.”

Julien Gilon, lui, souhaite que les données soient et demeurent libres d’accès, en mode open data. “Pourquoi ne pas prévoir, par exemple, une accessibilité via la plate-forme open data wallonne?”. Ainsi que via les plates-formes open data publiques (Flandre, fédéral, villes et communes…)?