Gaming, e-sport, écosystèmes régionaux devant se spécialiser: l’association Walga a du pain sur la planche

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Par · 05/05/2021

Walga, (Wallonia Game Association) est l’association qui regroupe les acteurs du jeu vidéo et du gaming en Wallonie et qui a reçu pour mission de structurer cette petite communauté vivace et la faire, si possible, prospérer.

L’exercice de structuration, professionnalisation et maturation des acteurs, de promotion des métiers induits par ce secteur, de dynamisation des moyens dont il dispose, est une attente déjà ancienne. Il a repris du poil de la bête voici quelques mois lors du lancement du GameMax,

Structure et programme d’animation et d’encadrement de la communauté montoise du gaming (relire notre article). Un premier pas concret qui pourrait (devrait) faire des émules en d’autres endroits du territoire belge francophone.

Récemment, le gouvernement wallon a joint le geste (octroi d’une subvention) à la parole (“le secteur du gaming, il faut le défendre et le promouvoir chez nous”). Une subvention qui vise le “financement d’actions axées sur le développement de l’économie numérique via le projet intitulé Walga Boost, destiné à structurer et développer l’écosystème gaming en Wallonie ”. La subvention octroyée est applicable à la période allant du 1er septembre… 2020 au 31 décembre 2021. Autrement dit, une aide qui, pour partie, couvre rétroactivement des dépenses et actions déjà passées.

“Nous avons hâte de recevoir cette subvention et de pouvoir amplifier nos missions”, déclare Jean Gréban, coordinateur de Walga. “Amplifier” mais aussi poursuivre et répliquer certaines actions déjà engagées. C’est ainsi que “le travail de structuration en pôles [lisez: en écosystèmes locaux] se poursuivra. Mons a été le premier avec GameMax à avoir une identité et une programmation. L’objectif est de faire de même cette année avec Liège, Charleroi et Namur.”

L’exemple de GameMax

Pour ce faire, Walga appliquera-t-il la même “recette” que pour GameMax? “Nous appliquons en effet la même démarche que pour Mons, en fédérant les acteurs académiques (HE Albert Jacquard à Namur, Technifutur à Liège…) qui sont déjà impliqués dans les formations de développement de jeux vidéo mais aussi ceux qui sont plus largement intéressés par le secteur (tels que le Liège Game Lab), ou encore les studios de développement déjà bien en place (Appeal à Charleroi, Abrakam, N-Zone, Wild Bishop à Liège, Vigo et Arteam à Gembloux…). Sans oublier les structures publiques locales intéressées (GRE à Liège, BEP, TRAKK et KIKK à Namur, Hub C à Charleroi…).

Nous identifions également les structures d’accompagnement dédiées à la création d’entreprises qui sont intéressées par notre secteur (Step Entreprendre à Liège, Azimut à Namur et à Charleroi,…), les invests locales avec qui nous travaillons déjà activement (Noshaq, Namur Invest, Sambre Invest…).

Les contacts individuels ont déjà été pris et, d’ici l’été, nous lancerons les kick-off meetings de Liège et de Charleroi. Pour ce qui est de Namur, nous attendons encore le retour des partenaires locaux pour avancer…”

A chaque “pôle” ses spécificités

En quoi, ces futurs pôles régionaux, se calqueront-ils sur le “modèle” et sur le type d’activités de GameMax?

“Des réunions mensuelles seront organisées afin de favoriser une meilleure communication à propos des activités, des besoins et des projets de chaque membre. Des activités seront également organisées dans le cadre d’événements en vue de dynamiser l’écosystème local – par exemple, à l’occasion de Walifornia Music Tech à Liège, des Meet & Build à Charleroi, du KIKK à Namur.

Chaque événement a sa spécificité et vise l’ensemble des acteurs de l’écosystème wallon et belge. Le but est également de développer des relations inter-régionales et internationales – Liège, par exemple, avec le land de Rhénanie du Nord-Westphalie, Namur avec le Canada, Charleroi avec la Chine…

Jean Gréban (Walga): “Le but est d’éviter le sous-régionalisme incontrôlé et le repli sur soi. Le travail de Walga est d’offrir le même soutien et les mêmes opportunités à tous les acteurs du secteur, quel que soit le lieu d’origine ou d’activité.”

A terme, chaque pôle se spécialisera dans un domaine particulier: la VR (réalité virtuelle) à Liège, la 3D temps réel à Charleroi, technologies également utilisées dans le secteur audio-visuel (Dreamwall)…”

Créer ces pôles, même en les spécialisant, n’est-ce pas recréer du sous-régionalisme? Quelle est la motivation derrière cette approche?

“Le but est justement d’éviter le sous-régionalisme incontrôlé et le repli sur soi”, insiste Jean Gréban. “Le travail de Walga est d’offrir le même soutien et les mêmes opportunités à tous les acteurs du secteur, quel que soit le lieu d’origine ou d’activité.

Des étudiants de Liège n’iront pas suivre une formation à Mons et inversement, encore moins au niveau des formations e-sport [voir ci-dessous] qui visent un public encore plus jeune.

Tout centraliser à Namur a été envisagé mais déforcerait la dynamique régionale, avec des motivations locales qui s’exprimeraient en-dehors d’un cadre structuré et ouvert à tous.”

Extension thématique

Les actions de promotion, défense, structuration, activation menées à l’initiative de Walga devront à l’avenir couvrir un champ plus large que les seuls acteurs et projets orientés jeux vidéo. La confirmation officielle est en effet tombée: Walga aura pour mission “de représenter l’ensemble du secteur du gaming et plus seulement les développeurs de jeux vidéo. Nous ajoutons donc un volet important à nos missions avec la structuration et le développement économique de l’e-Sport.”

Gaming (classique, culturel, immersif, serious games…), VR, e-sport… La palette se diversifie…

“J’avais déjà introduit, en 2018, parallèlement au dossier Walga, une demande de subvention pour l’asbl Activit-e, spécialisée dans la formation des métiers de l’e-sport”, indique Jean Gréban.

“Depuis trois ans, nous avons organisé des stages pour les joueurs dans différentes villes et lieux d’accueil tels que le TRAKK à Namur, Technobel à Ciney, le Pôle Image à Liège. Nous comptons, en fonction des conditions sanitaires, reprendre ces stages pendant les périodes de congé scolaire mais également mettre en place des formations pour les métiers liés à l’accompagnement des joueurs (coachs, managers, community management…), de l’organisation de tournois (admins, casters, IT…), et du streaming (régie, infographie…).

Nous sommes en discussion avec des centres de formations tels que TechnoCité pour intégrer des formations spécialisées dans les sessions généralistes existantes (caméraman, régie streaming…). Nous travaillons par ailleurs en étroite collaboration avec la fédération WalBru Esport dans des domaines tels que la communication, l’évaluation des besoins, le cadre légal (statut, contrats, fiscalité…).”

La subvention octroyée par le gouvernement wallon permettra donc, pour partie, de financer ces nouvelles activités. Un espace polyvalent devrait voir le jour (qui serait loué et non acheté…) “pouvant accueillir une dizaine de joueurs e-sport pour des stages. Il sera également mis à disposition pour des ateliers, pour des bootcamps en équipes, histoire de les préparer à des tournois.” Cet espace pourra aussi accueillir des équipes de développement, des porteurs de projet ou des start-ups, pendant leurs premiers mois d’existence, en mode “résidence”.

Si la sauce prend et si l’expérience, installée du côté de Mons, porte ses fruits, elle pourrait être répliquée dans les futurs pôles que Walga espère voire fleurir dans les trois autres villes citées.

Egalement au programme…

Parmi les autres activités et actions que Walga a inscrites à son programme 2021, Jean Gréban cite notamment l’organisation, le 1er octobre, des Belgian Game Awards, en collaboration entre les trois Régions, le soutien de l’accélérateur GameTrack (aux côtés de Wallimage, du Vlaamse Audiovisuel Fonds et de Screen.brussels), ou encore un accompagnement de studios de création de jeux participant au programme européen baptisé SpielFabrique, du nom de la société de consultance éponyme, spécialisée dans l’aide aux développeurs indépendants de jeux vidéo.

Ce programme, basé sur le principe de la co-production et destiné de la promouvoir à l’échelle transnationale, prend en effet une dimension réellement européenne après avoir limité son périmètre, à ses débuts, à une collaboration franco-allemande (impliquant notamment Arte France, Strasbourg Eurométropole et l’Office franco-allemand pour la Jeunesse).

 

Cette année, des porteurs de projets venus de Belgique, d’Espagne et de Croatie ont pu, eux aussi, déposer des projets. Au total, ceux d’une quarantaine de studios indépendants ont ainsi été retenus. Ils ont jusqu’au mois de juin pour dénicher un ou plusieurs co-producteurs. S’ils y réussissent, ils pourront bénéficier de l’accompagnement de SpielFabrique en vue de concrétiser le projet. A la mi-novembre, une session de présentation des développements interviendra, à Strasbourg, devant un parterre d’investisseurs, d’éditeurs et de spécialistes du gaming.

Huit studios belges ont été retenus lors de la sélection initiale – quatre wallons et quatre flamands. Les quatre candidatures retenues, côté francophone, sont celles des studios Fishing Cactus (Mons), Little Big Monkey (Warêt-la-Chaussée), Reality Blind (Liège) et Funtomata (Chaineux).