NRB: un accord avec IBM pour “flexibiliser” l’offre

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Par · 06/02/2018

Dans le cadre de son plan stratégique quinquennal de développement (2017-2022), validé, fin d’année dernière, par son conseil d’administration (voir plus de détails plus loin dans l’article), le groupe NRB a récemment signé un accord de collaboration commerciale avec IBM qui lui ouvre de nouvelles perspectives de services.

Au-delà des investissements qu’il continuera de faire dans le renforcement et l’évolution de sa propre infrastructure (mainframes, serveurs, logiciels de gestion…), NRB a en effet trouvé en IBM un partenaire pouvant accélérer l’ajout d’un pan majeur de services à ses clients. En l’occurrence, une passerelle vers des infrastructures de type cloud public et des capacités logicielles dans les domaines du middleware, de l’orchestration d’accès et de l’analytique.

Les termes de l’accord

L’accord de services passé entre NRB et IBM porte à la fois sur une extension des ressources d’infrastructure auxquels les clients peuvent faire appel et sur de nouveaux potentiels en termes de gestion et d’orchestration de services et d’accompagnement dans les choix à poser par les clients.

“Il y a une complémentarité naturelle entre IBM et NRB”, déclare Pascal Laffineur, patron de NRB. Big Blue peut mettre à la disposition de la société liégeoise les fruits de son R&D en matière d’infrastructure cloud et “sa puissance de développement pour la mise sur le marché de nouvelles technologies”, épargnant à NRB des investissements parfois colossaux, en ce compris en logiciels, qu’en tant qu’acteur nettement plus modeste et local, la société ne peut se permettre.

“Nous n’avions pas les moyens de développer les outils et solutions, notamment en termes de couche d’orchestration, pour organiser et gérer les accès aux clouds publics, contrairement à ce que nous assumons et continuerons de faire en termes d’orchestration de services et d’accès à notre propre cloud privé”, indique Pascal Laffineur.

NRB avait théorisé un choix technologique pour cet accès aux infrastructures de cloud public – qu’elles affichent l’enseigne d’IBM, d’Amazon, de Microsoft ou autre acteur éventuel. Sa préférence: VMware. Elle a été avalisée par IBM qui la reprendra à son compte pour assurer cet accès pour le compte des clients NRB.

La complémentarité s’exprime aussi en termes de clientèle visée: les grandes sociétés (internationales) pour IBM, des acteurs davantage de taille PME et plus locaux pour NRB.

Autre domaine où NRB avouait un manque de capacités et compétences propres – ou, en tout cas, trop lourdes à mettre en oeuvre en solo: l’automatisation des processus sur base de technologies IA (intelligence artificielle), baptisées “cognitives” dans le vocabulaire IBM.

L’accord passé avec Big Blue permet désormais à NRB de profiter des technologies IA (machine learning, analytique cognitif, processus automatisés…) développées et maîtrisées par IBM. Ces ressources et compétences pourront être mises à profit dans un large éventail de contextes.

Pascal Laffineur cite deux exemples.

“Jusqu’à présent, nous traitions certes les demandes, requêtes ou plaintes de nos clients concernant le fonctionnement d’une infrastructure ou d’un service mais en le faisant au cas par cas, sans pouvoir réellement analyser les causes (analyse technique et fonctionnelle de la ‘root cause’). Les outils d’analyse cognitive d’IBM permettront d’analyser ces causes, de les trier, hiérarchiser et de nous concentrer ainsi par exemple sur les causes majeures afin d’améliorer l’infrastructure.

Les potentiels IA seront également utiles pour conseiller les clients dans leur choix de scénario cloud. Sur base d’éléments statistiques, il devient possible d’affiner l’analyse de la situation et des besoins de chaque client en particulier et de lui recommander tel ou tel type de cloud, privé, public ou hybride, en fonction de sa configuration existante, de ses types de données, de ses besoins en stockage, des contraintes réglementaires auxquelles il doit se plier, de ses besoins en termes de confidentialité, etc.

La plate-forme en libre-service de NRB agira comme un cloud broker interactif, conseillant le client sur la meilleure approche pour gérer et traiter ses données”

Bien d’autres cas d’usage sont envisageables, notamment dans le domaine de la maintenance prédictive industrielle.

A noter que l’accord passé avec IBM n’a rien d’exclusif, NRB se réservant le droit d’être “technologiquement agnostique” et de choisir éventuellement un autre fournisseur pour des éléments matériels ou logiciels qui, à l’avenir, auraient sa préférence et/ou qu’il combinerait avec l’offre IBM. De même, les clients de NRB ne sont pas obligés de choisir une infrastructure cloud IBM.

L’argument financier

L’accord passé avec IBM permet aussi à NRB d’alléger sa facture. Non seulement, comme on l’a vu plus haut, la société évite de devoir investir lourdement en développements de logiciels et de processus mais l’ardoise ‘infrastructure matérielle’ (serveurs, mainframes, réseau) devient, elle aussi, plus aisée à régler.

“IBM nous facture l’infrastructure selon l’utilisation que nous en faisons. Nous passons ainsi d’un modèle Capex à de l’Opex, nous variabilisons nos coûts. C’est important dans un contexte où il est de moins en moins possible de prévoir la variabilité des besoins des clients. Un simple petit exemple: les besoins de compagnies d’assurance ou d’un client tel que d’Ieteren connaissent d’importantes fluctuations à l’époque du Salon de l’Auto.”

Pascal Laffineur (NRB): “Il y a un fit culturel évident entre nos deux sociétés. Le but était d’unir nos forces pour faire croître le marché auprès des clients, afin de leur proposer de nouveaux types de services.”

Pour que l’effet “variabilisation” joue à fond, il faudra bien entendu qu’un maximum de clients optent pour le cloud qui autorise ce modèle de “facturation à la consommation”. A cet égard, Pascal Laffineur souligne que l’accord passé avec IBM et les conditions tarifaires que NRB pourra répercuter vers ses clients lui permettront d’avancer un nouvel argument commercial: “nous sommes désormais en mesure de proposer aux clients des offres beaucoup plus flexibles. Nous pouvons leur proposer nos services à des tarifs plus variables que par le passé, ce qui devrait les rendre plus attractifs…”

Le potentiel de variabilisation et flexibilisation des coûts pour NRB ne s’arrête pas là. Le groupe a en effet également négocié avec IBM une variabilisation future de ses coûts mainframe. Si, jusqu’ici, les infrastructures legacy (matériel IBM) ont fait l’objet d’un contrat de leasing, demain, “au plus tard lors de l’arrivée à fin de vie des systèmes existants”, IBM facturera l’usage en mode IaaS (infrastructure as a service).

 

NRB a balisé les grandes lignes de sa stratégie de développement à cinq ans (2017-2022). Objectif: doubler l’envergure du groupe, en ce compris via acquisitions ciblées. Coup d’oeil sur les 6 axes et certaines intentions en termes de rôle que voudrait jouer NRB sur fond de stratégie numérique de la Wallonie.

Les 6 composantes du portefeuille NRB

Le plan de développement stratégique 2017-2022 de NRB confirme les orientations prises jusqu’à présent et y ajoute quelques nouveautés qui devraient prendre de l’ampleur dans les années à venir.

Objectif: pérenniser les activités, poursuivre la croissance pour franchir le cap des 500 millions de chiffre d’affaires d’ici 5 ans. La croissance, qui équivaudra à un doublement de taille pour le groupe, s’effectuera aussi via des acquisitions ciblées.

Que sont ces 6 axes d’activités?

  • une offre de services de type cloud hybride, mêlant donc, selon les besoins, déploiement sur site, hébergement et gestion sur le cloud privé NRB (Herstal et Villers-le-Bouillet) et/ou dans des infrastructures de cloud public. NRB se positionne en prestataire de services, gestionnaire d’infrastructure et point de contact (ou interface) unique pour un accès à ces ressources, quelles qu’elles soient. C’est dans ce registre qu’intervient l’accord passé avec IBM.
  • le mainframe: NRB n’est pas prêt – et n’est pas désireux – d’abandonner ce qui fut longtemps sa principale marque de fabrique. Certes, les activités mainframe sont en “recul mécanique au fil des ans”, pour reprendre l’expression de Pascal Laffineur. “Mais il s’agit d’une légère décroissance et non d’un effondrement. En Belgique, NRB demeure l’un des seuls à être positionné sur ce créneau qui continue de susciter de la demande, notamment pour des raisons de stabilité et de sécurité. Nous avons d’ailleurs procédé récemment à des investissements dans de nouvelles technologies mainframe”
  • l’ERP, avec SAP: déploiement et hébergement de solution (sur site ou dans le cloud), applications, personnalisation de progiciel
  • le développement d’applications ; technologies: Java, .net, méthode agile, applis mobiles
  • “produits émergents”: on y trouve divers concepts et technologies tels que le big data, le GDPR, l’automatisation de processus basées sur robots (en ce compris logiciels); NRB compte se lancer et explorer la validité stratégique d’un certain nombre de ces axes “émergents”, “développer des offres pour de petits projets innovants”, sans investir massivement au départ dans l’une ou l’autre: “nous nous donnons les moyens de ne pas devoir nous poser de savoir quel axe sera porteur”
  • le développement d’applications spécifiques, via les filiales du groupe (Xperthis, Civadis…) pour quelques secteurs-clés: soins de santé, finances, secteur public

Wallonia Big Data

On l’a perdue de vue, pour cause de démarrage difficile notamment, mais – rappelez-vous – une plate-forme “Wallonia Big Data” avait été officiellement lancée au début 2016. Relire notre dossier Wallonia Big Data: le qui, le quand et le comment”.

L’initiative a été imaginée autour de trois axes: une infrastructure de traitement et de stockage de données (ressources matérielles et logicielles) hébergée chez NRB (largement financée par la Région) ; un axe R&D permettant à des consortiums privé/public d’initier des projets thématiques liés à l’analyse et à l’exploitation des “big data” ; et, à terme, un axe commercial sensé prendre la forme d’une SCRL impliquant les membres des consortia de recherche et d’autres acteurs locaux.

A ce jour, 9 projets de R&D ont “mordu à l’hameçon”. Ce qui, à l’évidence, est encore trop peu. Et, à intervalles réguliers, on entend dans les couloirs des voix qui s’élèvent pour en appeler à une relance (ou réexamen?) de l’initiative.

Pascal Laffineur (NRB): “Nous sommes conscients qu’au niveau du gouvernement, le voeu est d’en arriver à des solutions très pragmatiques et opérationnelles. Dans le chef de NRB, nous souhaitons en tout cas être un des adjuvants à la numérisation de la Wallonie.”

 

NRB, pour sa part, n’est pas prêt à remiser l’idée aux oubliettes. Une proposition a notamment été faite auprès des décideurs régionaux (sans que le changement de majorité n’influence la proposition) de donner le feu vert à une modification du scénario en termes technologiques. L’idée serait de “cloudifier” l’infrastructure de calcul. “Depuis l’époque du lancement, les besoins ont évolué. L’idée serait donc de modifier l’architecture pour s’appuyer sur une infrastructure plus cloudifiable et en y associant des solutions cognitives d’IBM”, indique Pascal Laffineur. L’accueil côté Région? Pas de décision officielle ou formelle mais en tout cas une oreille attentive, estime le patron de NRB qui reconnaît toutefois la nécessité, du côté de la société, de donner un sérieux coup de reins en termes d’évangélisation des sociétés et autres chercheurs potentiellement intéressables…

“Nous sommes conscients qu’au niveau du gouvernement, le voeu est d’en arriver à des résultats rapides et à des solutions très pragmatiques et opérationnelles. Dans le chef de NRB, nous souhaitons en tout cas être un des adjuvants à la numérisation de la Wallonie.”

NRB Academy

Autre initiative qui est prévue pour le courant de cette année: la création d’une NRB Academy, à destination des collaborateurs. L’objectif: leur procurer des formations afin de compléter leurs compétences par des connaissances plus en rapport avec les évolutions numériques récentes et “correspondant à nos propres choix technologiques et stratégiques”.

Ces formations devraient être données aussi bien par des collègues, s’étant spécialisés dans tel ou tel domaine technologique, que via des sessions dédiées assurées par des acteurs externes (Technifutur ou Technofutur TIC, par exemple). La réflexion sur les modalités, les contenus et les ressources à mettre en oeuvre est encore en cours.