DBizners: un peu de convivialité pour les DBA DB2

Pratique
Par · 26/10/2016

Rendre certaines tâches répétitives moins fastidieuses, pour les administrateurs de bases de données DB2 sur mainframe, en leur proposant des processus automatisés, scénarisés et réutilisables, et une interface moins ascétique. Tel est l’objectif d’une jeune société, baptisée DBizners, créée fin 2015 par deux anciens “DBA” (pour les non-initiés, lisez Database Administrators) de chez Dexia: Alain Pary et Bernard Jabas. Quelque 25 ans de carrière chacun dans le secteur bancaire (Belfius, Dexia…).

Leur solution – Click4DB – s’adresse plus spécifiquement aux adeptes de DB2 sur mainframe (sous zOS). Ils en avaient déjà eu l’idée alors qu’ils travaillaient encore pour la banque mais, compte tenu des péripéties intervenues entre-temps du côté de Dexia Technology Services (revendue à IBM en 2013, rebaptisée IS4F – Innovation Solutions for Finance – et, surtout, largement délocalisée, notamment en Pologne), le duo a préféré prendre son indépendance.

Mettre DB2 en boîte

En quoi consiste la solution de DBizners? “C’est un outil qui épargne certaines des tâches répétitives qu’implique, pour un Database Administrator, le déploiement d’une solution ou d’une nouvelle fonctionnalité logicielle”, explique Alain Pary.

Le logiciel, développé en Python “pour plus de dynamisme”, opère à trois niveaux:

  • l’automatisation de la collecte de données à diverses sources (tables techniques, métadonnées…) qui sont traduites en un format unique après nettoyage et harmonisation
  • certaines manipulations opérées sur les données (jointures, agrégats, ajouts d’informations, tris…): “des opérations qui, en environnement mainframe, sont encore lourdes, peu conviviales…”; l’outil Click4DB se charge de les combiner automatiquement via invocation de scénarios prédéfinis
  • la génération automatique de rapports, avec inclusion de graphiques et autres supports visuels facilitant l’interprétation des données. Histoire de s’émanciper de ces interminables listings, déroulant à l’écran ou imprimés sur papier accordéon, dont les alignements de résultats sont difficiles à décrypter tant il est ardu d’y repérer les informations réellement utiles et (ré)exploitables.

Une trentaine de scénarios pré-mâchés

A ce jour, DBizners a défini une trentaine de scénarios d’automatisation et agrégation de tâches et de rapports générés automatiquement. Le DBA garde toutefois la possibilité de créer lui-même d’autres scénarios. L’espoir, aussi, est de voir se constituer une communauté d’utilisateurs qui proposerait de nouveaux scénarios mutualisables.

Pour déterminer quelles tâches répétitives ou enchaînements de manipulations pouvaient ainsi être utilement scénarisés pour les premiers pas commerciaux de l’outil, Alain Pary et Bernard Jabas se sont basés sur leur propre expérience mais aussi sur les résultats d’une étude de marché réalisée par quatre étudiants de Solvay auprès des principales sociétés et institutions utilisant DB2 en Belgique.

Ils en ont déduit les fonctionnalités et manipulations qui constituaient le travail le plus itératif et pesant: restauration de données, génération de graphes… “Depuis 20 ans, les choses qui demandent le plus de temps n’ont pas changé”, souligne Bernard Jabas.

DBizners, évidemment, n’est pas le premier à penser à l’automatisation de processus pour DB2. “Mais, jusqu’ici, les solutions qui existent se concentrent essentiellement sur une seule fonction. Par exemple, la gestion des index ou des liaisons de données…”

Outre les scénarios pré-existants, l’outil Click4DB permet d’enregistrer l’historique de précédentes opérations afin de pouvoir accélérer le processus de développement, via réutilisation de données déjà collectées et consolidées antérieurement. “Historiques et rapports sont sauvegardés afin de permettre aux DBA de collaborer entre eux et de partager leurs scénarios et les résultats de leurs opérations.” Même si ce n’est pas là une pratique habituelle dans les rangs des administrateurs de bases de données, reconnaît Alain Pary…

Alain Pary (DBizners): “Des fonctions, des briques qui permettent aux administrateurs de bases de données d’automatiser les processus.”

“Dans le domaine du mainframe, tout reste encore très cloisonné, en ce compris entre les membres d’une même équipe. Nous avons voulu proposer un espace partagé où stocker tous les éléments produits, tous les résultats, afin que chacun sache ce qu’ont fait ou font les collègues.” La recherche s’effectue simplement par mot-clé.

Alain Pary (DBizners): “Un scénario, un rapport bien pensé permet de ne pas tout devoir reconstituer. On dispose en quelque sorte d’un kit, avec un plan, comme pour un meuble Ikea, et on ne doit plus scier les planches…”

Certes, les DBA se parlent et partagent, notamment par le biais de forums en-ligne, “mais ils n’ont pas toujours le temps de réutiliser ce qui s’y trouve, en se pliant à des manipulations de copier-coller à partir de ce qui se trouve sur ces forums. C’est là que notre outil veut apporter une solution nouvelle… Il suffit désormais au DBA de réutiliser, de reproduire, d’adapter un peu si nécessaire. Il évite ainsi de devoir toujours tout recommencer.”

Au-delà d’une plus grande facilité, l’argument majeur que compte faire valoir DBizners est celui d’un gain de temps substantiel sur certaines tâches. “Automatiser l’interrogation de diverses bases de données, consolider et présenter en une seule opération les résultats peut se faire en 10 minutes là où il nous fallait 3 heures auparavant”, affirme Alain Pary

“Il suffit d’indiquer à l’outil le type de requête à effectuer sur tel nombre de bases de données, de faire de même pour le type de graphique désiré et tout se génère automatiquement. Il n’est plus nécessaire de toute ramener manuellement, en passant par exemple par Excel.”

zOS d’abord

Pour des raisons de domaine bien maîtrisé, de par leur propre expérience, c’est donc aux administrateurs DB2 sous zOS que le duo s’adresse en priorité. Mais sans rejeter la possibilité de s’attaquer un jour à d’autres univers – Oracle, par exemple.

Pour ce qui est des domaines d’application, DBizners dit pouvoir desservir – et intéresser – aussi bien des clients dans le secteur financier (plus de 60% de la base installée DB2 en Belgique), dans l’industrie, la grand distribution, que dans le secteur public. “Nous opérons sur les métadonnées. Quel que soit le contenu des tables, l’outil et les processus restent les mêmes…”

Si le marché belge est très logiquement la première cible, DBizners voudrait opérer dans un rayon de “250 à 300 kilomètres” autour de Louvain-la-Neuve où elle a choisi de s’implanter. De quoi pousser jusqu’à Paris, le sud des Pays-Bas, quelques Länder allemands… “Ce rayon d’action nous permet de prévoir une rencontre physique, nécessaire, avec les clients et prospects.” Un contact direct jugé nécessaire pour comprendre leurs besoins, “roder la solution, l’affiner”. Quitte à chercher des partenariats, plus tard, avec des éditeurs…

Modèle tarifaire?

DBizners proposera deux catégories de licences. L’une qui donne accès aux fonctionnalités et automatismes prédéfinis. L’autre qui permettra aux utilisateurs de personnaliser la solution et d’y ajouter leurs propres scénarios et types de rapports.

Ce jeune Petit Poucet (face à des géants tels qu’IBM, Dell/HP Enterprise, BMC, Computer Associates…) tentera de se faire une petite place au soleil à l’occasion de la conférence internationale de l’IDUG, la grand-messe des utilisateurs DB2, qui se tient cette année du 13 au 17 novembre à Bruxelles. Objectif: “se présenter tout d’abord”, souligne Alain Pary. “Mais aussi pouvoir faire la démo de la solution, vérifier la traction. La conférence IDUG, c’est plus de 400 inscrits, des profils de techniciens.” Des pairs, en d’autres termes.