L’appli Andaman7 entre au CHU de Liège

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Par · 21/09/2016

L’appli Andaman7 a été conçue comme une appli de gestion personnelle de son dossier médical, avec partage et co-construction d’infos et d’historique avec son médecin traitant.

Pour rappel, l’appli permet à tout patient de stocker ses données médicales sur son smartphone ou sa tablette et de les partager avec des personnes de confiance qu’il choisit comme telles (membres de sa famille, médecin traitant, kiné…).

Aujourd’hui, l’appli franchit un cap supplémentaire et jette une passerelle vers le monde de l’hôpital.

Le CHU de Liège a en effet décidé de l’utiliser comme un moyen de communication de données médicales personnelles (images, ses rapports, ses résultats de prises de sang…) entre l’hôpital et ses patients. Au lieu de recevoir ces documents sous forme papier ou éventuellement sur CD-Rom ou clé USB comme c’est le cas actuellement, le patient pourra les retrouver sur son smartphone ou sa tablette.

Les modalités de mise à disposition, elles, continueront d’être déterminées par chaque hôpital, en fonction de ses procédures habituelles. Certains exigent que le patient soit présent en personne, dans les bâtiments de l’hôpital, pour pouvoir réceptionner ses données. Certains exigent la présentation de la carte d’identité électronique. D’autres, après validation et authentification de son identité, les envoient par courriel…

Pour le CHU, ajouter l’appli à son catalogue s’inscrit dans l’un des axes majeurs de son plan stratégique. A savoir: renforcer et faciliter les liens et la communication avec le patient. Dans ce registre, le plan stratégique prévoit notamment un développement plus poussé des pratiques d’hospitalisation à domicile, des projets de télémédecine, l’amélioration du partage de données avec les médecins extérieurs et la promotion de la participation active des patients à leur prise en charge santé.

L’appli est considérée comme un moyen d’enrichir et de mieux tenir à jour le dossier médical du patient – en évitant le morcellement des informations entre plusieurs praticiens (hospitaliers, généralistes, spécialistes…). C’est aussi un moyen potentiel d’alléger la charge administrative.

Le CHU de Liège doit traiter, chaque année, quelque 2.700 demandes de données médicales introduites par les patients. Un nombre en constante augmentation.

Service sécurisé

Pour pouvoir utiliser l’appli Andaman7 en vue d’obtenir ses informations médicales hospitalières sous forme dématérialisée, le patient doit tout d’abord justifier de son identité – quoi de plus logique?

Comme signalé ci-dessous, les procédures de sécurité de l’hôpital seront respectées. Par exemple… Première authentification de l’identité du patient via présentation physique de sa carte d’identité électronique et premier téléchargement in situ vers l’appli Andaman. Une fois l’identifiant Andaman du patient (identité, adresse mail) intégré au système informatique hospitalier, le patient est dûment authentifié (l’hôpital vérifiant de son côté l’identité auprès du Registre national ou un courrier à sa commune de résidence). A partir de là, il pourra recevoir ses données médicales hospitalières par mail et mettre automatiquement à jour son dossier médical embarqué sur sa tablette ou son smartphone.

“Et la procédure sera potentiellement automatique avec tous les établissements hospitaliers qui considéreront que la procédure d’authentification d’identité, telle qu’appliquée par le CHU de Liège, est suffisante à leurs yeux”, souligne Vincent Keunen, patron d’A7 Sofware, auteur de l’appli.

Informations progressives

Le type d’informations médicales que l’hôpital fournira pour alimenter le dossier médical personnel embarqué sur le mobile du patient dépendra de la politique qu’il applique en la matière, selon qu’il soit plus ou moins généreux en termes de règles de divulgation. Il pourrait donc y avoir des variantes d’un établissement à l’autre.

Dans le cas du CHU de Liège, le patient pourra obtenir ses résultats d’analyse (prises de sang…), les protocoles des spécialistes, les courriers que ces derniers adressent aux médecins traitants.

Dans un deuxième temps (la fonctionnalité est encore en phase de développement), certains documents d’imagerie médicale pourront être transférés. Le CHU démarrera avec les échographies des femmes enceintes.

Compte tenu de l’espace de stockage réduit disponible sur les mobiles, les images fournies seront en basse résolution. Suffisant pour le patient, en termes de “souvenir” ou de document pour son archive perso mais évidemment insuffisant pour tout diagnostic ou tout usage médical. Chaque document sera donc associé à une URL qu’un professionnel de la santé, répertorié comme personne de confiance par le patient (avec qui partager ses informations), pourra activer pour accéder directement (moyennant authentification par token) au fichier conservé au service d’imagerie de l’hôpital.

Mais ce mécanisme exigera que les hôpitaux s’équipent en conséquence. Histoire de s’ouvrir à des accès et partages d’imagerie à distance.

Intégration aux solutions hospitalières

Le CHU de Liège est le premier hôpital à adopter la solution Andaman7 mais des négociations sont en cours avec d’autres établissements hospitaliers, à Bruxelles, Charleroi, Mons, Namur ainsi qu’à l’étranger. A7 Software envisage par ailleurs d’engager un business developer néerlandophone afin de pouvoir approcher plus facilement les hôpitaux flamands.

L’intégration de l’appli Andaman7 avec les SIH (systèmes d’information hospitaliers) respectifs dépendre de la nature des solutions et des procédures de chacun. Soit via connexion directe (comme c’est le cas avec le CHU de Liège). Soit via le Réseau Santé Wallon, avec qui A7 Software a pris contact dans l’espoir de voir s’assouplir les règles d’accès aux données hospitalières par les patients (nombre d’hôpitaux se montrent encore réticents ou restrictifs dans le type d’informations consultables à distance).

L’intégration directe avec le système informatique de l’hôpital peut se faire de deux manières. Via l’API d’Andaman7 (l’hôpital effectue les nécessaires adaptations du côté de ses systèmes) ou via mise à disposition d’un connecteur (fourni par Andaman7). D’une manière ou d’une autre, l’hôpital doit effectuer certains aménagements, notamment s’il désire une intégration plus poussée, souligne Vincent Keunen. “Dans le cadre d’une stratégie de mobilité et d’hospitalisation à distance [Ndlr: comme c’est le cas à Liège], l’intégration entre le SIH et l’appli doit en effet permettre non seulement le transfert d’informations de l’hôpital vers l’équipement mobile du patient mais aussi la remontée d’informations. Par exemple, pour que le patient ou l’infirmière puisse transférer les informations de suivi du patient à domicile, sous forme de texte libre ou sous forme de données structurées. La chose vaut également pour tout ce qui concerne la remontée [vers l’hôpital] des données collectées par les objets connectés et dispositifs médicaux…”

Gratuit… jusqu’ici

L’appli Andaman7, son API et même le connecteur SIH que prépare A7 Software sont… gratuits. Tant pour le patient que pour l’établissement hospitalier ou le professionnel de la santé. Comment la start-up compte-t-elle assurer sa viabilité?

Vincent Keunen (A7 Software): “Nous sommes à la recherche de partenaires, que ce soit des développeurs d’applis e-santé ou de fournisseurs et hébergeurs d’informations, avec qui nous pourrions faire alliance pour élargir le catalogue de fonctionnalités pour le patient.”

Vincent Keunen mise sur l’effet de masse. Andaman7, à terme, sera une solution proposée en mode Freemium. Les fonctionnalités “de base”, notamment celles déjà existantes, sont et resteront gratuites. La société espère se ménager une autonomie financière en faisant payer des fonctionnalités et services “premium”, plus évolués. Quelles formes pourraient-ils prendre? Un potentiel de traduction multilingue plus sophistiqué (pour l’instant, seule une traduction de termes médicaux standard est prévue) ; une interconnexion / intégration avec d’autres applications (notamment les applis de gestion d’agenda médical, du genre Progenda) ; ou encore un “compagnon” de sauvegarde, qui permettrait de conserver une copie de son dossier médical sur un PC ou autre dispositif que choisirait le patient.

Pour l’heure, la société peut s’appuyer sur les fonds injectés par plusieurs investisseurs ainsi que sur une avance récupérable de 900.000 euros – “fort appréciée” – débloquée par les instances wallonnes afin de permettre à la société de poursuivre ses développements – et ses démarchages – afin de rendre possible la médecine décentralisée que les autorités publiques veulent de plus en plus privilégier (soins et hospitalisation à domicile, raccourcissement des durées d’hospitalisation, accès aux données…).

Vincent Keunen n’en a pas fini de dégainer son argument comme quoi l’API d’Andaman7 “peut être très utile pour une gestion efficace de l’information dans tout ce qui est retour précoce des jeunes mamans à domicile après leur accouchement, suivi à distance des diabétiques, insuffisants cardiaques ou autres malades chroniques, hospitalisation à distance…”