Meusinvest: une stratégie 2016-2020 encore plus sectorielle

Portrait
Par · 14/09/2016

Nouveau plan stratégique 2016-2020 de Meusinvest. Avec de nouvelles priorités et quelques nouveaux modes d’action. Plus que jamais, la spécialisation sectorielle et le concept d’accompagnement intégré (financement et coaching) sont préconisés. Avec aussi des initiatives plus volontaristes en matière de réindustrialisation liégeoise.

Meusinvest a sensiblement augmenté le rythme, l’envergure de ses interventions et son champ d’action au cours de ces quelque 8 dernières années. Les chiffres continuent de le démontrer (voir l’encadré en fin d’article). Mais continuer sur cette lancée sans reconsolider et aligner fondamentaux et démarche sur le contexte actuel serait – peut-être – s’exposer à des déconvenues, à de mauvaises décisions ou à des dérapages.

“Le cadre réglementaire des invests est en mutation, la crise économique et financière persiste, de nouveaux acteurs entrent sur le marché, notre environnement économique est en profonde mutation, le paysage liégeois évolue, de nouvelles techniques de créativité et d’innovation font leur apparition de même qu’une nouvelle génération d’entrepreneurs,” énumérait Jean-Michel Javaux, président du conseil d’administration de Meusinvest.

D’où la volonté de définir un nouveau plan stratégique – 2016-2020 – balisés par quelques nouveaux jalons et principes. A savoir:

  • croissance maîtrisée et pérenne
  • poursuite du développement de nouveaux métiers
  • développement de l’expertise sectorielle
  • action de revitalisation industrielle.”

Et ce, “tout en préservant l’ADN de Meusinvest qui est d’intervenir auprès de sociétés présentant un potentiel de croissance et de création d’emploi”. Donc pas d’intervention dans de grandes entreprises ou dans des entreprises en difficulté…

Jean-Michel Javaux: “ne pas laisser passer le train de la créativité, de la nouvelle génération d’entrepreneurs et faire en sorte que ces derniers ne passent pas à côté de Meusinvest.”

Autre crédo de Meusinvest pour l’avenir: “être non seulement un pôle de financement mais surtout un acteur d’accompagnement intégré.” Pas uniquement pour les jeunes pousses mais aussi en mode préventif, pour les PME existantes qui ont besoin d’encadrement et de conseils, et en mode anticipatif, en créant de nouvelles plates-formes mutualisées que plusieurs acteurs locaux, déjà bien établis et/ou encore au stade de la start-up, peuvent exploiter pour optimiser leurs chances d’industrialisation rapide. “Ce principe de l’accompagnement intégré permet d’éviter de n’être que réactif face aux difficultés des entreprises. Dans le cadre d’une stratégie de réindustrialisation, il faut anticiper davantage”, souligne Jean-Michel Javaux, “permettre aux entreprises de se restructurer”. Avant qu’il ne soit trop tard…

A Liège et ailleurs

Susciter initiatives et emplois en région liégeoise demeure donc le fil conducteur. Meusinvest espère que via (par exemple) les activités de LeanSquare et sa démarche de dossiers d’intérêt économique (voir plus bas), elle contribuera non seulement à la création et à l’essor de “jeunes pousses” mais aussi à la réimplantation en terre liégeoise d’acteurs qui avaient choisi soit de créer leur entreprise ailleurs, soit avaient émigré, à un moment donné, vers des terres jugées plus hospitalières.

Gaëtan Servais, directeur de Meusinvest, cite l’exemple de Julien Penders et de sa société Bloom Technologies (dont nous vous avons parlé récemment).

“C’est un entrepreneur issu de l’ULg qui s’en est allé fonder sa société e-santé en Californie, aidé essentiellement par des investissements flamands. Récemment, Meusinvest a pris une participation dans la société et Julien Penders a décidé de revenir au pays, de travailler notamment avec le CHU de Liège…” En fait, Bloom Technologies implantera son antenne européenne à Liège, chez LeanSquare, lorsqu’elle commencera sa campagne commerciale de ce côté-ci de l’Atlantique. Sans doute dès l’année prochaine.

L’argument de l’économie liégeoise n’est par ailleurs pas le seul qui justifie les actions de Meusinvest. On l’a vu récemment, elle essaime dans d’autres régions du pays, par l’entremise notamment de sa filiale LeanSquare qui, de par ses statuts, n’est en rien limitée à la géographie principautaire.

Lors de la revente de Peak Me Up à Efficy, société bruxelloise, avec entrée au capital de cette dernière, Meusinvest avait déjà, en quelque sorte, “débarqué” à Bruxelles.

Tout récemment, via l’accord passé avec SocialCom, le port d’attache CoStation devient un nouveau vecteur d’essaimage territorial. Et pas uniquement vers Bruxelles puisque CoStation a des ambitions à Gand, Anvers, Charleroi (même si, dans ce dernier cas, les Liégeois veulent d’ores et déjà rassurer les Carolo en promettant de ne pas créer inutilement une concurrence par rapport aux structures locales).

Biotech et numérique

Les deux secteurs thématiques qui, aujourd’hui, représentent la majorité du portefeuille de Meusinvest sont, d’une part, les biotech et les sciences du vivant et, de l’autre, le numérique et les start-up “nouvelle économie”.

En décembre 2015, de nouveaux fonds ont été libérés pour alimenter Start-up Invest afin de financer des start-up encadrées par LeanSquare. Ce dernier, par ailleurs, est actuellement engagé dans une opération d’augmentation de capital, passant par l’arrivée de partenaires privés sectoriels (lire notre article).

Gaëtan Servais: “On s’étonne parfois que Meusinvest ait évolué vers une structure de groupe, comptant aujourd’hui 8 entités. Le fait est que, sans ces unités, nous n’aurions pas réussi la croissance qui a été la nôtre ces dernières années.”

Biotech/sciences du vivant et numérique figurent également en tête de liste des priorités que se donne l’invest en termes d’expertise sectorielle à développer et à renforcer à l’avenir. Autres secteurs “structurants” privilégiés dans le cadre du nouveau plan stratégique: l’industrie mécanique 4.0 (automatisation, numérisation…) et les loisirs/culture/tourisme (réseaux sociaux, numérisation, financement novateur…).

Quelques marqueurs 2016

Pendant son exercice 2015-2016, tout comme elle l’avait fait un an plus tôt avec NamurInvest, Meusinvest a scellé un partenariat avec OBI (OstBelgienInvest).

Gaëtan Servais: “Dès l’instant où il y a dans la région une masse critique de start-ups, il y a potentiellement intérêt à créer une unité de mutualisation pour anticiper l’industrialisation.”

Il s’est concrétisé par une prise de participation croisée. Objectif: s’ouvrir davantage et mieux supporter les opportunités naissant dans la partie germanophone du pays, en s’autorisant des investissements conjoints.

Meusinvest a par ailleurs pris une participation dans Inventures et dans le Fonds d’innovation du secteur de la Chimie. Objectif: “élargir nos partenariats et nos expertises sectorielles”.

Et Meusinvest s’est lancée dans une stratégie “préemptive” de revitalisation industrielle. Ce qu’elle appelle des “dossiers d’intérêt économique”.

Une cellule a été constituée pour identifier, avant que la demande ne s’en manifeste, des thèmes porteurs d’avenir, des projets qui peuvent accélérer ou favoriser le développement d’infrastructures et d’outils logistiques nécessaires à l’essor de nouvelles spécialisations.

“Nous demandons et attendons des spécialistes sectoriels qui constituent cette cellule qu’ils nous fassent des propositions de dossiers. Dès l’instant où il y a dans la région une masse critique de start-ups, il y a potentiellement intérêt à créer une unité de mutualisation pour anticiper l’industrialisation et aider ainsi les start-ups à faire face aux coûts et investissements nécessaires”, explique Gaëtan Servais.

Jean-Michel Javaux: “Soutenir les entrepreneurs qui ont l’audace de produire eux-mêmes plutôt que d’investir dans une production en Chine.”

Exemples de dossiers d’intérêt économique sur lesquels parie Meusinvest? La construction d’une nouvelle plate-forme mutualisée de salles blanches pour stérilisation industrielle dans le domaine des biotech, pour les besoins notamment des hôpitaux. Société qui porte ce projet: Malysse, à Villers-le-Bouillet. “Les acteurs de ce domaine ont encore besoin de plusieurs années d’incubation. Cette nouvelle plate-forme leur évitera de devoir partir à l’étranger.” Autre exemple: une ligne d’embouteillage commune pour micro-brasseries.

Objectif d’ici 2020: co-créer (avec des acteurs industriels) 10 nouveaux dossiers “d’intérêt économique ou de nouvelle industrialisation.” 

Meusinvest en quelques chiffres

Groupe chapeautant 8 entités: Meusinvest, Innodem, Innodem2, Invest Services, SpinVenture, Start-up Invest, FICI et LeanSquare

380 sociétés en portefeuille

Total des décisions d’investissement prises en l’exercice 2015-2016: 78,5 millions d’euros. Dont:

  • 28 millions en prise de capital (68 dossiers)
  • 48 millions sous forme de prêts (94 dossiers)
  • 2,5 millions en leasing (1 dossier)

34 des 78 millions ont été investis par les nouvelles entités constituées au sein du groupe Meusinvest et via les nouveaux partenariats tissés avec des acteurs tiers.

Moyens d’action en 2016: 370 millions

Nombre d’interventions en 2016: 163

Moyenne annuelle d’investissements des 5 dernières années: 64,1 millions – “8 fois plus qu’il y a 8 ans”

Nombre de sociétés dans le portefeuille de Start-up Invest: 51

Interventions décidées mais non encore exécutées: 9

Nombre de nouvelles entrées au portefeuille de Start-up Invest en 2016: 6

Nombre de sociétés dans le portefeuille de LeanSquare: 11

Nombre de nouvelles entrées au portefeuille de LeanSquare en 2016: 4

Interventions décidées mais non encore exécutées: 6  [  Retour au texte  ]