Raizers: crowdfunding, en ce compris en “marque blanche”

Portrait
Par · 26/08/2016

Un nouvel acteur du crowdfunding, venu de France, espère s’implanter sur le marché belgo-luxembourgeois. Raizers, créé en France en 2014 et réellement opérationnel depuis le début 2015, avait fait une première incursion extra-hexagonale en Suisse à l’automne 2015 (l’un des co-fondateurs est suisse  – v. encadré ci-dessous).

Comment la plate-forme compte-t-elle convaincre? Elle ne semble pas avoir a priori d’argument porteur et réellement différencié. Pas de types de projets ou d’investisseurs particulièrement visés même si elle semble avoir certaines préférences pour “l’innovation et les PME”. “Nous sommes ouverts à tout: nouvelles technologies, immobilier, B2C…”, affirme Johann Domas-Conzemius, nommé responsable de la Belgique.

Raizers a été créée par un trio hybride : le Français Grégoire Linder, le Suisse Maxime Pallain et le Danois Jesper Fjordbak. Pas encore de pied-à-terre au Danemark, toutefois, en raison d’une législation jugée peu favorable au financement participatif.

L’un de ses arguments par contre: des activités dans plusieurs pays européens et l’ouverture de son fichiers d’investisseurs à plusieurs nationalités – même si la grande majorité d’entre eux sont encore français.

Les principales caractéristiques de cette plate-forme de crowdfunding?

  • du financement participatif prenant la forme de prise de participation au capital (la plate-forme dit ne pas vouloir dépasser de 15 à 25% des parts) ou de prêts (émission d’emprunt obligataire)
  • des levées de fonds allant de 50.000 euros à 1 million – la fourchette-type est de 100 à 150.000 euros
  • mise de base: 500 euros (par dossier)
  • un site unique qui est encore celui créé en France et qui s’affuble d’un .com. Pas (ou pas encore) de sites nationaux (.be, .ch). C’est que Raizers a certes été accréditée, en France, par l’AMF (Autorité des Marchés Financiers) mais qu’elle n’en est encore qu’au stade des premiers contacts avec la FSMA belge. Johann Domas-Conzemius dit par ailleurs attendre avec intérêt la sortie du texte de loi qui précisera le cadre – juridique et fiscal – dont bénéficiera à l’avenir le crowdfunding en Belgique. Histoire de pouvoir, sans doute, affiner le positionnement de la plate-forme et son éventuelle différenciation.

Si la campagne de crowdfunding n’aboutit pas, les fonds “promis” sont remboursés aux candidats investisseurs. Mais attention… Si l’opération est un succès (et atteindre 75% de l’objectif de la levée de fonds est considéré comme un succès), Raizers prélève une commission, dégressive en fonction du montant levé, ne pouvant excéder 10% du montant de la levée de fonds. Cela signifie qu’en cas d’échec dans la dernière ligne droite, l’opération ne sera pas blanche pour la start-up ou la société puisqu’elle devra passer à la caisse.

La plate-forme propose un espace collaboratif au sein duquel les investisseurs peuvent partager informations et messages au sujet de l’entreprise ou du projet qui lève des fonds, et où ceux qui recherchent du financement peuvent par exemple partager des documents, ou inviter les investisseurs à des évènements.

Condition sine qua non: s’être créé un profil. Sans cela, pas moyen de s’informer sur les projets ou entreprises en quête de financement et pas d’échanges avec les porteurs de projet.

La pratique de la marque blanche

Il est une autre spécificité que l’on peut attribuer à Raizers: en plus d’opérer sous son emblème propre, la plate-forme est également proposée en marque blanche. L’école de commerce EDC (Paris) en a profité pour proposer ses propres mécanismes de crowdfunding à destination de ses alumni qui désirent lancer une start-up (à noter que deux des co-fondateurs de Raizers – Pallain et Linder – sont des anciens d’EDC). Autres “réutilisateurs”: Movie Angels pour du crowdfunding dans le monde du cinéma; FullInvest.fr dans le secteur immobilier.

Cette politique de marque blanche sera également pratiquée en Belgique. A priori à destination dans un premier temps des Hautes Ecoles, des universités et des banques.

En mode démarrage

Bilan après un an d’existence: plus de 4 millions d’euros levés pour les besoins d’une dizaine de projets.

Les principaux secteurs concernés à ce jour sont l’innovation (40%), le secteur du luxe (30%) et l’immobilier (30% également). Investissement moyen par investisseur: 8 000 euros.

Johann Domas-Conzemius: “Les premiers contacts sont plutôt favorables. L’objectif est de donner un petit coup au quasi-monopole de MyMicroInvest…”

Côté projets informatiques ou marqués sous le sceau du numérique, Raizers est intervenu pour financer, en France, une plate-forme de mise en relation d’architectes d’intérieur (Mon Maître Carré ; levée de fonds de 90.000 euros), un site marchand de bois compressé (150.000 euros, complété par l’entrée du fonds d’investissement NewFund) ou encore Voxity, à Grenoble, fournisseur de solutions de télécommunications pour PME (166.000 euros).

Pas encore de projet belge, ou luxembourgeois, a afficher au tableau de chasse mais Raizers commence à peine à démarcher et à se faire connaître. Johann Domas-Conzemius, de nationalité française, engagé pour couvrir ces nouveaux territoires, vient tout juste de boucler une formation financière à l’ICHEC ainsi qu’une formation aux méthodes de levée de fonds auprès du Fundraisers Forum Belgique. Cinq ans plus tôt, il avait déjà suivi semblable formation à l’Association française des Fundraisers, mais spécifiquement pour le secteur confessionnel. Le parcours de Johann Domas-Conzemius est assez atypique: études dans de multiples domaines, en ce compris en théologie et littérature, aide au développement d’Afrique, sauvegarde des traditions ancestrales du continent noir (en particulier du côté du Royaume du Sanwi en Côte d’Ivoire), actif pour la préservation de “l’esprit et les traditions de la famille Conzemius” [famille de notables luxembourgeois). Et, depuis juillet de cette année, Pdg de la maison Chocolat Guérin-Boutron.

Johann Domas-Conzemius opèrera seul dans un premier temps mais “bénéficiera de l’intégralité du support des équipes de notre bureau de Paris notamment pour l’analyse des demandes de financement, la préparation des campagnes et la communication”, tient à souligner Grégoire Linder, co-fondateur de Raizers.