Take Eat Easy: les leçons d’une mésaventure

Hors-cadre
Par · 25/08/2016

La “mésaventure” de Take Eat Easy – un arrêt suite à une impossibilité de trouver les fonds nécessaires alors qu’un premier tour (à 6 millions d’euros) avait été réussi et que la société venait d’être classée “meilleure scale-up” de l’année – a déjà fait la une des médias cet été. Nous y revenons afin d’essayer de pointer les écueils et erreurs qui auraient – peut-être – pu être évités, pour dégager l’un ou l’autre enseignement pouvant être utile à d’autres jeunes pousses…

Pour cela, nous avons sollicité l’avis et l’analyse de quatre observateurs et/ou acteurs du monde des start-ups belges: Olivier de Wasseige (InternetAttitude), Omar Mohout (Sirris), Pierre Rion (business angel et président du fonds wallon W.IN.G) et Carl-Alexandre Robyn (Valoro).

Précaution préalable à la lecture de leur interprétation de la déconvenue de Take Eat Easy: tous soulignent qu’ils ne sont que des observateurs extérieurs, sans informations directes, de première main, sur ce qui s’est passé. Leur avis se fonde donc d’une part, sur les faits perceptibles du parcours de Take Eat Easy et, de l’autre, sur l’analyse du contexte et du marché dans lesquels évoluaient la jeune pousse belge.

Leur analyse n’en demeure pas moins très intéressante. Avant même que vous ne démarriez la lecture de ces analyses croisées, que nous vous proposons cette semaine en trois volets successifs, voici déjà quelques-unes de leurs déclarations. En mode “extraits choisis”.

Carl-Alexandre Robyn (Valoro)

L’échec de Take Eat Easy n’est pas dû à des financements insuffisants, il est dû à un modèle économique peu performant malgré la croissance insolente du chiffre d’affaires.”

En Belgique, le dispositif d’accompagnement des start-ups ne prépare en rien les fondateurs à nager au milieu de requins financiers. Au contraire, il les encourage plutôt à accepter leur sort et à s’en remettre trop aveuglément à la sagacité des investisseurs!”

Pierre Rion (business angel)

J’espère surtout qu’on ne va pas tirer sur l’ambulance. Rappelons qu’EVS a déposé deux fois son bilan avant d’être le succès que l’on connaît. Que ceci ne décourage pas les investisseurs du numérique. Toutes les start-ups n’ont pas nécessairement ce même modèle.

“A refaire, il fallait peut-être négocier, lors l’entrée de Rocket Internet, les conditions du tour suivant, voire une exclusivité. La leçon de ceci est qu’il faut aussi savoir choisir ses actionnaires…”

Olivier de Wasseige (InternetAttitude)

“On m’a dit que les investisseurs de Take Eat Easy leur demandaient d’aller vite en termes de territoire, donc de dépenses fortes. Parfois, la vision des investisseurs est en contradiction avec la réalité opérationnelle, et cela peut être un danger, surtout si l’investisseur pèse beaucoup dans la décision !”

“Lorsque Take Eat Easy a levé autant de millions auprès de Rocket Internet, j’ai souvent dit qu’il fallait relativiser les millions que Rocket Internet a injecté dans Take Eat Easy. Pour eux, c’était du “pocket money”, un faible pourcentage de leurs moyens, peut-être un ballon d’essai, un test. Quand un fonds “sérieux”, de n’importe quelle taille, met 20% de son capital dans une start-up, c’est peut-être plus crédible en termes de confiance dans la capacité de réussir de la start-up.”

Omar Mohout (Sirris)

“Il semble qu’il ne soit pas possible, en Belgique, de réunir les 30 millions d’euros que cherchait Take Eat Easy. Le seul recours est l’international parce que les fonds de capital-risque belges sont trop petits.”

“Cela n’a aucun sens d’avoir de belles start-ups qui ne peuvent pas croître jusqu’à devenir un leader du marché dans notre pays par manque de capitaux de croissance.”

 

Première partie: Dans quelle mesure le modèle économique et la chaîne d’intervenants imaginés par Take Eat Easy est-il en cause? Y a-t-il eu erreur, carence, points faibles dans le chef des des jeunes entrepreneurs ou des investisseurs? Quelle responsabilité attribué à ces investisseurs qui ont décidé de tirer l’échelle, précipitant l’arrêt de l’aventure?

A lire dès à présent ici…

Deuxième partie: la start-up a-t-elle été victime de sa nationalité, de son ancrage belge par rapport à des concurrentes étrangères? comment une jeune pousse peut-elle anticiper les tours de financement suivants et bien gérer sa marche de progression? le cas de Take Eat Easy est-il un exemple typique de problèmes spécifiques à l’investissement dans le numérique en B2C?

A lire dès demain.

Troisième partie: Coup de chapeau à l’équipe.