StarTech: quand les étudiants ingénieur rêvent d’entrepreneuriat

Hors-cadre
Par · 25/05/2016

En 2011, l’incubateur WSL lançait un programme d’incubation destiné à sensibiliser – et à encourager – les étudiants ingénieur à l’entrepreneuriat. Histoire de doper quelque peu des chiffres de création d’activités en berne. “Non seulement le nombre de jeunes qui s’orientent vers des études d’ingénieur (civil ou industriel) est en baisse – même s’il y a un progrès cette année – mais ces études les propulsent surtout vers une carrière en grande entreprise”, constate Agnès Flémal, directrice du WSL.

Autrement dit, tous ces talents et ces têtes bien pleines sont rarement mises à contribution pour participer directement à la création de nouvelles sociétés, porteuses d’innovation. Perte sèche pour le tissu économique local et pour le positionnement de la Belgique dans le classement des pays à fibre entreprenante…

Cinq ans plus tard, le programme d’incubation StarTech porte ses fruits, estiment ses initiateurs. Un changement de mentalité est à l’oeuvre auprès des étudiants ingénieur mais aussi auprès du cadre enseignant. A l’UMons, par exemple, le programme a été intégré dans les crédits (calcul du volume de travail d’une année académique).

L’initiative, qui avait germé du côté de la Polytech de l’UMons avec le soutien du Club Entreprendre de l’AIMS, a entre-temps fait des petits dans 5 autres écoles d’ingénieur: Polytech UCL, Haute Ecole de la Province de Liège, Haute Ecole Libre Mosane (HELMo) Gramme, HE Robert Schuman et Henallux.

L’UNamur qui, au départ, s’était dite intéressée n’est par contre pas du nombre. L’une des raisons, estime Agnès Flémal, est à chercher du côté de classes trop peu nombreuses…

Une start-up et sans doute 7 en devenir

Après 5 ans, quelque 30 projets ont été portés par environ 400 étudiants.

Une dizaine de ces projets se poursuivent au-delà du programme scolaire, portés par les jeunes alors qu’ils poursuivent encore leurs études. De l’avis des personnes proches du programme StarTech, la moitié d’entre eux recèlent un potentiel prometteur pour pousser l’idée à son terme. Commercialement parlant…

L’un des projets a d’ailleurs débouché sur la création d’une start-up, fin 2014. Il s’agit de ShareIf, dont nous vous avions parlé ici.

7 autres projets en sont au state pré-startup. Deux d’entre eux touchent aux technologies ICT:

  • Sunslice, né à l’UCL : système miniaturisé de recharge de smartphone, de la taille d’une carte de crédit, fonctionnant à l’énergie solaire ; relire l’article que nous avons publié fin 2015
  • Tracko, projet de la HELMo Gramme : dispositif antivol de géolocalisation pour vélos haut de gamme (électrique, VTT, vélos de course).

Les autres projets, non IT, qui poursuivent leur petit bonhomme de chemin sont Washoove (outil de parage des moutons), ScafTech (mise à niveau automatique d’échafaudage), 4 Senses (dispositif automatisant la croissance de plantes aromatiques), Infrawater (traitement et surveillance du rejet d’eaux industrielles et LHS Albatros (escalator pour maisons uni-familiales).

Millésime 2015-2016

Cette année, six écoles d’ingénieurs participant au programme ont, chacune, organisé un concours interne de projets. La grande finale inter-établissement interviendra en octobre.

Parmi les projets lauréats, relevons ceux qui ont un lien direct avec l’ICT et le numérique:

  • Arachnid Cover, imaginé par une équipe de la Polytech de Mons, est un projet de coque “anti-chutes” pour smartphone. La coque spéciale est équipée d’un accéléromètre et déclenche le déploiement… de 4 paires de “pattes” – d’où l’appellation arachnide (ces charmantes petites araignées) – qui amortissent ou évitent l’impact avec le sol. Dans l’état actuel du projet, le dispositif est efficace à une hauteur d’environ 1,80 m.
  • Multiplier les vocations d’entrepreneurs parmi les futurs diplômés ingénieur

    Com’2 Warn (HElmo Gramme): un dispositif connectant les distributeurs de boissons pour une transmission temps réel d’informations au fabricant (intensité d’utilisation, panne, épuisement des produits…)

  • BatLight (HE Robert Schuman): un dispositif de recharge de smartphone via… les réchauds à gaz pour camping ; le courant électrique est généré par des plaquettes thermoélectriques.
  • Smart Papy (Polytech de l’UCL): plate-forme collaborative destinée à fournir en temps réel une assistance en-ligne aux seniors rencontrant un problème quelconque lié à leur utilisation de l’informatique ou d’outils numériques ; en un seul clic – sorte de bouton d’appel d’urgence -, ils sont mis en contact avec un support en-ligne assuré par une communauté de jeunes informaticiens passionnés.

Slim Sediri, du WSL, estime que, d’une manière générale, la qualité des projets portés est en progression et que l’envie de “passer à l’acte” – lisez: au lancement d’un projet d’entreprise – gagne du terrain dans les rangs des futurs ingénieurs. “La preuve en est que de plus en plus d’équipes veulent poursuivre le projet au-delà de l’échéance du concours. Les projets LHS Albatros et ScafTech, qui s’étaient classés 2è et 3è du concours à la Polytech de Mons en 2014-2015 ont poursuivi sur leur lancée et sont en passe de se lancer sous forme de start-up…”

Les ingrédients de la “recette” StarTech

10 semaines de formation avec coaching hebdomadaire par des professionnels (à raison de 2 coachs par école qui accompagnent une école différente, d’année en année)

profil des coachs: une expérience comme entrepreneur, avec un profil d’ingénieur et une connaissance de l’accompagnement de start-up

exposé de thématiques telles que la propriété intellectuelle, le business model canvas, les lean startup, les méthodes agiles…

peer learning

réalisation concrète d’un projet: prototype de produit ou de service

sélection des meilleurs projets

voyage d’étude aux Etats-Unis pour les meilleurs, avec rencontre avec des industriels et des investisseurs potentiels

apport d’un suivi, via relais vers d’autres organes d’accompagnement et d’incubation (LeanSquare, VentureLabs…). Pour identifier la bonne ressource que les porteurs de projets peuvent alors solliciter (incubateur, centre de recherche, CEI, service Picarré…), l’AEI entre en jeu. En ce compris pour trouver d’éventuels partenaires industriels et favoriser des contacts à l’international.