Classement des “parrains de start-ups”: 100 fois sur le métier…

Hors-cadre
Par · 21/04/2016

Le classement belge (et régional) de ce qu’Omar Mohout (Sirris) appelle les “parrains” de l’écosystème local des start-ups n’en finit pas d’évoluer.

Depuis la première publication de ce classement (relire ici) , son auteur est en effet obligé, quasi quotidiennement dit-il, de revoir ses calculs en fonction des réactions qui lui arrivent de toutes parts, tant au nord qu’au sud du pays. Absences inexpliquées, oublis ou décomptes incomplets de participations financières ou opérationnelles de ces “parrains” ont quelque peu bousculé le Top 10 ces derniers jours.

Pour rappel, ce concept de “parrain” désigne un entrepreneur (ancien ou toujours actif) qui s’est investi dans l’accompagnement et la promotion des start-ups, au travers d’une prise de participation financière, d’un rôle de dirigeant ou d’une présence au sein du conseil d’administration. Plus ils cumulent ces rôles, plus ils engrangent de points.

Bonne nouvelle d’ailleurs pour les francophones puisqu’ils n’étaient que deux, au départ, dans le Top 10 national. Après rectification, ils sont désormais trois puisqu’Olivier de Wasseige (InternetAttitude), tout d’abord oublié, a désormais été repéré par le radar. Tout comme Grégoire de Streel (Belcube).

Trois francophones dans le Top 10 et cinq dans le Top 20. C’est mieux mais il n’en reste pas moins que les francophones demeurent (très) minoritaires puisque dans le même temps, en refaisant ses pointages et ses comptes, Omar Mohout a également déniché de nouveaux parrains, côté néerlandophone qui cumulent autant de “connexions” (investissement, siège au conseil d’administration…) que ceux qui y figuraient déjà.

Faisons donc le point (avant d’en venir à la critique).

Ça grimpe, ça grimpe…

Le Top 20 se présente désormais comme suit:

Michel Akkermans  (Pamida, Volta Ventures, Capricorn ICT, ex-Clear2Pay…) : 36

Jürgen Ingels (SmartFin Capital, Eggsplore, The Glue, ex-Clear2Pay) : 23

Luc De Vos ((Finactum, Oxynade, CarsOnTheWeb …) : 19

Pierre Rion (président du Conseil du Numérique wallon et du fonds d’investissement W.IN.G) : 19

Jan Vorstermans (Qunova, ancien directeur opérationnel de Telenet) : 14

Bart Becks (angel.me, président du conseil d’administration d’iMinds) : 13

Peter Hinssen (nexxworks, Across…) : 12

Olivier de Wasseige (InternetAttitude): 12

Grégoire de Streel (Belcube, investisseur dans Neteven, SoPrism, CentralApp, EasApp…) : 12

Bart De Waele (Wijs, N-Cube, Ghent Web Valley, Talling Heads…) : 12

Martin De Prycker (Barco, iMinds, Qbic…) : 10

Toon Coppens (NetLog, Redcat Ventures, TwitSpark, Scanadu…) : 10

Frank Maene (Volta Ventures, Hummingbird Ventures) : 9

Duco Sickinghe (CVC Capital Partners, ex-Telenet) : 9

José Zurstrassen (MyMicroInvest, Keytrade Bank, Skynet…) : 9

Lorenz Bogaert (Redcat Ventures): 9

Kristof De Spiegeleer (Incubaid, CloudFounders…) : 9

Bart Luyten (SmartFin Capital, Sniper Investments, Nausicaa Ventures): 8

Philip Vermeulen (Ventures4Growth, Zpfi, ImpactXRM…) : 8

Jean Zurstrassen (BelCube, investisseur dans Neteven, SoPrism, Explore-Share…) : 8

 

Pour se dédouaner du flottement qui a présidé à la première publication du classement, Omar Mohout tient à souligner que la base de données de départ est, par nature, évolutive et qu’“une telle base de données n’est jamais le reflet à 100% de la réalité.” Et que le classement continuera d’évoluer. Non seulement au gré des corrections signalées mais également à mesure que les acteurs de la scène des start-ups multiplieront leurs mises de fonds ou leur engagement opérationnel dans de jeunes pousses.

Ceci n’était pas un hit-parade mais un appel à contributions…

La publication du Top 10 des “parrains” de start-ups, par Omar Mohout, a connu – disons – quelques flottements, approximations et couacs.

Un exemple? La présence (ou absence) de francophones.

Acte 1: seuls Pierre Rion et José Zurstrassen figurent dans le Top 10, avec, du côté du premier nommé, une sous-estimation de ses “connexions”.

Acte 2: Pierre Rion se voit reconnaître 5 connexions de plus et gagne une place dans le classement. Et Olivier de Wasseige fait son apparition.

Acte 3: Pierre Rion… reperd 4 connexions et redescend de quelques degrés.

Acte 4: on recalcule pour en arriver à la liste reprise ci-dessus.

Epilogue ?

Ceci n’est pas un hit-parade. Plutôt une liste en voie de constitution selon une démarche qui ressemble malheureusement à un “hit & miss” exercice.

Pour ne citer qu’un exemple: on notera l’absence de Pierre L’Hoest (Belinvest, Faktory). Il végète dans les profondeurs du classement, avec seulement deux “connexions” au compteur parce que, selon la démarche adoptée, on ne lui reconnaît que deux “contacts” – EVS en Belinvest – alors qu’il est justement via Belinvest le financier privé derrière une petite série grandissante de start-ups hébergées et incubées à La Faktory. Omar Mohout “suppose” toutefois “qu’il apparaîtra lui aussi dans le Top 10 au cours des 18 prochains mois”. Ouf!

Voilà qui – une fois n’est pas coutume – m’amène à… un petit coup de gueule perso.

Question d’image – donnée et perçue

Précision d’emblée: ceci n’est pas une critique à l’encontre de ce type de classement ou de son auteur. Mais…

Ce qui est regrettable, c’est la forme qu’a prise la démarche. Car, avec l’étiquette du Sirris dans le dos, on s’attend à ce que l’exercice soit… sirrious (sérieux, pour ceux qui n’auraient pas compris le jeu de mots.

Sérieux, c’est-à-dire en l’occurrence le fruit d’un exercice de compilation précis et systématique, un résultat qui serve de référence. Fiable.

Un résultat qui, on peut s’y attendre, sera cité, répercuté, utilisé dans des exposés, par des conférenciers et orateurs de tous poils, en Belgique voire à l’étranger, qui croiront ainsi pouvoir étayer l’un ou l’autre argument de leur exposé.

Notons au passage que la presse elle-même est déjà (en partie) tombée dans le panneau, relayant ce hit-parade des “parrains” dès la première parution. Sans toujours s’apercevoir que le classement n’avait rien de définitif, de complet, que – jusqu’à un certain point – il n’était le reflet que de ce qu’elle-même avait publié comme bribes d’information.

Le problème avec le classement tel que publié initialement et mis à jour au fil des réactions ? Il n’est pas le résultat d’une démarche scientifique, mais plutôt un document en cours de construction, de nettoyage, d’affinement. Ce qui, en soi, est acceptable. Mais encore faut-il alors annoncer la couleur, en appeler aux contributions et ne publier – réellement – le résultat que lorsque ce travail – sérieux – de compilation et de vérification a été fait.

Tel que présenté et publié, le classement s’est vu diffusé dans la presse, sur les blogs, sur les réseaux sociaux – on est à l’ère d’Internet, remember?

Question dès lors: dans les “traces” Internet, quelle version retiendront les moteurs de recherche et, dès lors, tous ceux qui s’en serviront, sans date, chronologie, sans souligner le caractère “snapshot” évolutif et les corrections successives?