Moniteur européen des start-ups: radioscopie des écosystèmes – belge compris

Hors-cadre
Par · 03/03/2016

Plusieurs associations de start-ups européennes, parmi lesquelles Startups.be, viennent de procéder à une étude pan-européenne en vue de mieux comprendre la situation, les motivations, aspirations et défis de ces jeunes pousses (tous secteurs confondus mais avec une majorité de sociétés actives dans le numérique et l’IT comme le révèlent les quelques chiffres repris dans l’encadré ci-dessous).

L’initiative du European Startup Network est le fait de la German Startups Association et de startups.be. Pour les besoins de cette étude, d’autres associations nationales ont apporté leur soutien, notamment aux Pays-Bas (Startup Delta), en Autriche (Austrian Startups), en Italie (Roma Startup), en Espagne, en Suède…

SaaS: 16,4%

IT et développement de logiciels: 9,1%

Applications Web et mobiles pour B2C: 7,6%

e-commerce: 7,5%

places de marché électroniques: 6,5%

portails de services en-ligne: 4%

Du côté des start-ups belges, les 3 principales catégories sont: SaaS, médias et industrie créative, IT et développement de logiciels.

Ce réseau pan-européen vient de produire un rapport, intitulé European Startup Monitor (ESM), qui regorge de chiffres et angles d’analyse sur la réalité des start-ups à travers l’Europe (Israël compris).

Nombre de start-ups ayant participé à l’étude: plus de 2.300 venant de 28 pays (13 d’entre eux, dont la Belgique, ont fait l’objet d’une analyse plus approfondie). Voir la méthodologie dans l’encadré en fin d’article.

Pourquoi cette étude?

Les auteurs de l’étude ESM disent avoir voulu “présenter le développement et l’importance des start-ups et mieux comprendre les motivations et actions des fondateurs européens”. Mais aussi parce que “pour favoriser une adaptation rapide des législations, il faut avant tout comprendre les start-ups, identifier avec précision les éléments pertinents où des améliorations sont nécessaires.”

Autres raisons: disposer de chiffres concrets permettant de comparer les start-ups et leur écosystème, de pays à pays; favoriser les échanges entre entrepreneurs… “Notre volonté est de connecter les écosystèmes nationaux de start-ups à l’échelle de l’Europe et de constituer une plate-forme d’échange de bonnes pratiques et de suggestions en termes de politique européenne.”

Ce que révèle l’étude

Impossible, évidemment, de tout passer en revue. Mais nous avons toutefois relevé une série de chiffres et constats que nous présentons ci-dessous. Si vous êtes allergique aux chiffres, la lecture promet d’être rugueuse.

Vraies jeunettes ou pré-adolescentes?

En Belgique, l’âge moyen des start-ups reprises dans l’étude est de 3,7 ans (la moyenne générale des 13 pays étudiés est de 2,5 ans).

La moyenne belge est en fait parmi les plus élevées, outrepassée uniquement par celle de l’Espagne – 3,8 ans – et de la Suède – 5,3 ans. Ces chiffres, en soi, ne peuvent toutefois pas mener vers des conclusions ou enseignements spécifiques, les échantillons pouvant difficilement être comparés.

Tranches d’âge

Age des fondateurs: la majorité des starters européens ont entre 25 e 34 ans.

Répartition par tranche d’âge:

  • moins de 24 ans: 8,2%
  • 25-34 ans: 48,2%
  • 35-44 ans: 29,3%
  • 45-54 ans: 11,5%
  • 55 ans ou plus: 2,8%.

En Belgique, la moyenne d’âge est quelque peu moins élevée:

  • 17,6% des fondateurs de start-ups belges ayant participé à l’étude ont moins de 24 an
  • autres tranches d’âge: 25-34 ans: 47,1% ; 35-44 ans: 33,3% ; 45-54 ans: 2% ; 55 ans ou plus: 0%.

Les pays où la proportion de fondateurs de plus de 55 ans est la plus élevée sont Israël (16,9%) et la suède (12,1%). La Suède se distingue également dans la proportion de starters âgés de 35 à 54 ans: 60,6%.

Emploi

Le taux moyen européen de création d’emplois après deux ans et demi: 12,9 emplois

En Belgique, le nombre moyen de fondateurs est de 2,2 (la moyenne ESM est de 2,6).

En termes de nombre moyen d’employés, les start-ups belges atteignent le score de 5,1. Dans ce registre, elles semblent être clairement à la traîne puisque la moyenne des 13 est en effet de… 10,3. Mais, en réalité, deux pays jouent les locomotives et pipent les dés: avec une moyenne respective de 15 et de 11,7, l’Allemagne et le Royaume-Uni laissent tous les autres pays sur place, à l’exception de la France qui ne se défend pas mal avec un score de 8,7.

Avec son 5,1, la Belgique figure en fait presque en tête du deuxième peloton. Les auteurs de l’étude ne sont toutefois pas tendre avec les start-ups qui ne créent guère d’emplois. “Hormis l’Allemagne, le Royaume-Uni et la France, où les start-ups ont tendance à créer plus de 10 emplois, les start-ups des autres pays semblent se concentrer sur la seule subsistance de leurs fondateurs, sans créer d’emplois supplémentaires du côté employés”.

Le nombre d’emplois varie évidemment selon l’ancienneté et la phase de maturation de la start-up. 

Financement

En moyenne, les start-ups figurant dans l’ESM ont levé 2,5 millions d’euros et envisagent d’en collecter 3,3 millions de plus dans un avenir proche. Voir tableau ci-dessous de leurs intentions (ou espérances). 

Les start-ups belges figurent parmi celles qui espèrent lever le plus de capitaux (plus de 5 millions d’euros) à court terme. Voir tableau ci-dessous.

Pour lancer leur société, les porteurs européens de projets disent surtout s’être servis dans leur tirelire perso pour financer les premiers pas (69,1%). Allemands et Néerlandais le font encore plus (respectivement 79,5 et 72,5%). Les Belges, eux, beaucoup moins: 35,1%.

Viennent ensuite, comme autres sources de financement, les fameux “3F” (families, friends, fools) (25,1%), les fonds et subsides publics (21,9%) et les business angels (21,3%).

A noter que les banques apparaissent généralement en bas de classement en termes de source de financement. Leurs meilleurs scores, elles les réalisent aux Pays-Bas (22,5%), en France (12,5%) et en Allemagne (11,7%).

Solo ou teamo?

79,1% des fondateurs ont lancé leur société en équipe. A cet égard, la tendance est davantage au lancement de sociétés en solo dans les pays du Nord de l’Europe.

Récidivistes ou jeunes premiers?

41% des personnes interrogées disent avoir déjà lancé d’autres initiatives avant de créer la société qu’elles dirigent actuellement. Ils sont même 18% à en avoir deux ou plus au compteur (sans compter la société actuelle).

85% de tous les fondateurs européens interrogés estiment “probable à très probable” qu’ils demeurent aux commandes de leur start-up à l’avenir.

65,9% sont convaincus de pouvoir la revendre avant qu’elle ne fête son 10ème printemps.

26,7% misent sur une entrée en Bourse.

Plus de 95% sont persuadés qu’elle réussira à se maintenir sur le marché.

En termes d’expérience, ce sont les Belges qui se “distinguent” par le degré le moins élevé: seuls 4,1% des participants belges ont déjà eu une expérience en start-up antérieurement. A noter que l’Allemagne n’est pas beaucoup mieux lotie, avec un score de 5,1%. Les Britanniques sont plus aguerris (9,8%).

Par contre, les Belges sont parmi ceux qui relanceraient plus volontiers une autre start-up en cas d’échec du projet actuel. La proportion est de 80%. Seuls les Suédois et les Roumains sont plus nombreux encore à être prêts à remettre le couvert.

Que feraient les 20 autres pour-cents de starters belges en cas d’échec? 13,4% seraient tentés de s’engager dans une carrière comme indépendant ou consultant, 4,4% chercheraient une place comme employé(e) et 2% cesseraient tout simplement de travailler.

Nationalité

Dans les 13 pays analysés, 11,9% des fondateurs et 31,6% des employés viennent de pays autres que celui où est basée la start-up.

En Belgique, 81,2% des employés sont belges, 14,5% viennent d’Europe et 4,3% de pays en dehors de l’Europe.

Esprit d’entreprendre

Les auteurs de l’étude soulignent un retard de l’Europe en termes de pourcentage de la population qui se lance dans la création d’entreprise: 7,8% de la population adulte, en moyenne, en Europe contre 13% en Amérique du Nord et en Asie.

B2C ou B2B ?

Les start-ups orientées entièrement ou majoritairement B2C représentent 49,1% du total des start-ups participantes belges.

L’orientation totalement ou majoritairement B2B ne pèse pas lourd: seulement 1,7%. Toutes les autres mêlent, à des degrés divers, B2B et B2C.

Le B2C a donc clairement plus de succès chez nous puisqu’en dehors des 49,1% à connotation quasi exclusive B2C, il faut encore ajouter 35,6% de start-ups qui ont une orientation “surtout B2C, avec un peu de B2B”. L’addition de ces deux pourcentages placent les start-ups belges en tête de classement du B2C. Et cela représente un contraste flagrant avec la moyenne des 13 pays analysés puisque, dans l’ensemble, la proportion d’orientation essentiellement B2B est de… 59% !

Marché à l’exportation

Les start-ups belges ne se défendent pas mal par rapport à leurs homologues en termes d’orientation internationale: si 29,3% ne proposent leurs produits ou services que sur le territoire belge, elles sont 43,1% à exporter dans les pays européens et 27,6% à vendre à l’échelle mondiale. La taille du marché domestique y est évidemment pour beaucoup. La part des exportatrices (Europe, monde) est de 60,7% en Belgique alors que la moyenne des 13 pays étudiés est de 51%.

Tous pays confondus, les start-ups disent vouloir accentuer leurs efforts d’internationalisation.

Les fondateurs-femmes en minorité

Tous pays confondus, les femmes ne représentent que 14,7% des fondateurs de start-ups.

En termes de répartition des genres, la Belgique fait encore moins bien que la moyenne puisque la gent féminine ne représente que 13,7% des fondateurs de start-ups (parmi l’échantillon des participants). Les “meilleurs” pays, à cet égard, sont la France (20,7%), la Roumanie (28,1%) et la Suède (33,3%).

Méthodologie

Nombre de start-ups ayant participé à l’étude: plus de 2.300 venant de 28 pays. 13 d’entre eux, dont la Belgique, ont fait l’objet d’une analyse plus approfondie dans la mesure où l’échantillon de start-ups participant à l’enquête était considéré comme suffisant (le seuil minimal était de 30) pour dégager des tendances et indications.

Ces 13 pays dont le phénomène start-up a été analysé plus en profondeur sont les suivants: Belgique, Allemagne, Autriche, Espagne, France, Israël, Italie, Pays-Bas, Pologne, République tchèque, Roumanie, Royaume-Uni et Suède

Caractéristiques obligatoires pour être considérée comme start-up et pouvoir participer à l’étude: avoir été créée il y a moins de 10 ans technologie et/ou modèle économique (très) innovants ; recherche ou maîtrise d’une croissance “significative” (que ce soit en termes d’employés ou de ventes). La plupart des start-ups étudiées évoluent dans l’économie numérique. [ Retour au texte ]