Gilles Bazelaire, membre du Conseil des PME: “une volonté publique d’accompagner le changement”

Interview
Par · 01/02/2016

Quel regard un patron de PME active dans le numérique tel que Gilles Bazelaire, fondateur et “chief visionary officer” de Dogstudio, fondateur de Superbe et par ailleurs cheville ouvrière du KIKK Festival, jette-t-il sur les travaux du Conseil des PME auxquels il a participé (voir notre article au sujet du Manifeste qui en est le résultat)? Quelles mesures recommandées par ce Conseil lui paraissent plus particulièrement pertinentes pour les acteurs du secteur qui est le sien? Nous lui avons posé quelques questions.

Régional-IT: Comment, en tant que chef d’entreprise dans le secteur de l’ICT et du numérique, percevez-vous les travaux du Conseil des PME?

Gilles Bazelaire: En raison du nombre et du profil des participants, les travaux ont été représentatifs des problématiques des PME, de ce qu’elles pensent. C’est là un important changement de mentalité. Personnellement, en tant que patron de société IT, je ne me retrouve pas dans toutes les mesures mais je les comprend…

Y a-t-il eu un réel dialogue entre toutes les personnes autour de la table? 

Il y a en effet eu beaucoup de dialogues entre entreprises et représentants publics. On notait en effet une grosse représentation des acteurs publics qui ont un impact réel.

Ce dialogue a été très stimulant. On sentait une réelle volonté publique d’accompagner le changement et non pas, comme c’est souvent le cas, d’imposer d’abord des mesures.

Quels sont les points qui vous semblent importants ou significatifs pour le secteur du numérique?

Je suis très sensible au premier “engagement emblématique” qui figure dans le Manifeste, à savoir “permettre d’entreprendre à tout âge” et à la mesure-phare qui l’accompagne [Ndlr: “accompagner les initiatives entrepreneuriales, dès le plus jeune âge, tout au long de la vie professionnelle”]. Compte tenu de l’accélération continue qui caractérise notre secteur, il doit devenir plus facile et plus rapide d’entreprendre. Car le temps qu’on pense à lancer quelque chose, on est déjà dépassé par l’évolution… Il est par ailleurs essentiel, comme nous essayons de le faire avec le KIKK Festival, de sensibiliser les jeunes. Il ne faut pas attendre d’avoir 35 ans pour entreprendre…

Gilles Bazelaire: “C’est dans la quantité de beaux projets que se trouve la réussite future de la Wallonie. Il faut en susciter beaucoup plus. Cela doit entrer dans l’ADN wallon.”

Un autre engagement-clé du Manifeste qui me semble primordial est celui qui consiste à promouvoir la réussite. En Wallonie, on a encore trop tendance à dénigrer ceux qui réussissent. Il faut avoir des symboles, pour donner envier aux plus jeunes de créer. Il faut susciter la naissance de figures internationales qui réussissent en IT.

Je suis personnellement persuadé que c’est dans la quantité de beaux projets que se trouve la réussite future de la Wallonie. Il faut en susciter beaucoup plus. Cela doit entrer dans l’ADN wallon. Il faut promouvoir l’envie de créer, pousser les jeunes à l’entrepreneuriat, ne plus se contenter de s’engager dans quelque chose qui existe déjà.

Ce qui figure dans le Manifeste est-il davantage que de bonnes résolutions? Quelle garante a-t-on que cela se traduise dans les faits?

Le Conseil des PME a bouclé son travail. Il a validé les idées qui se sont fait jour dans les groupes de travail. Pour ce qui est de garantie, c’est désormais le rôle du gouvernement de concrétiser. Mais je tiens à souligner que c’est rare de voir se dérouler un processus de co-création de mesures et d’idées comme ce fut le cas ici.

J’en retire comme point essentiel le côté hybridation entre secteurs. Ce fut une expérience riche et intéressante de ne pas réfléchir en silo: secteur IT, agro-alimentaire, touristique…

Comment voyez-vous la suite? Quelle implication future voyez-vous éventuellement pour les acteurs de terrain comme vous l’êtes?

Dogstudio est prêt à poursuivre l’effort. C’est d’ailleurs nécessaire. Je serais frustré si on n’allait pas plus loin. Je suis demandeur que cela se poursuive.

Il est important qu’un suivi soit organisé, tout en sachant que la concrétisation prendra du temps. Il faudra se revoir de manière régulière pour s’assurer que nos travaux serviront à quelque chose. Il faut aussi un suivi pour s’assurer que le Manifeste demeure agile [Ndlr: autrement dit évolue en fonction des contraintes et évolutions économiques].

Un instrument tel que le Parlement des PME est-il utile, suffisant?

Ce n’est jamais qu’une plate-forme, c’est-à-dire un lieu de rencontre entre une machine [site Internet] et l’être humain. Ce qu’il faut surtout, c’est un dialogue en tête-à-tête entre PME et gouvernement afin que les sociétés puissent expliquer, construire, co-créer. Il ne faut pas se limiter à un outil qui ne servirait qu’à recueillir les doléances.