Du virtuel à tous les étages

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Par François Honhon · 25/01/2016

François Honhon est le co-fondateur du studio 3D liégeois Cynaptek. Aujourd’hui responsable business development, il s’est livré pour nous à un petit exercice d’inventorisation de quelques domaines où la réalité virtuelle et/ou la réalité augmentée risquent fort de bousculer certaines habitudes.

Le marketing et la communication

Faire vivre une expérience à ses clients et à ses utilisateurs se révèle être un canal de communication et d’engagement très fort. Ces derniers s’impliquent entièrement et émotionnellement dans cette expérience.

Showroom virtuel, vu par VRintelligence

Les sites d’e-commerce pourront proposer un showroom virtuel à leurs clients. Voir une photo d’un vêtement c’est bien, le voir en 3D et à taille réelle devant soi est encore mieux.

Ces showrooms virtuels permettront également aux marques d’installer des magasins éphémères un peu partout, dans les centres commerciaux, lors de salons et foires commerciales…, sans logistique contraignante.

Avec la réalité augmentée, c’est le showroom qui se déplace chez l’acheteur. Un des exemples le plus connu est celui d’IKEA. Grâce à son application de réalité augmentée, le client a la possibilité de placer le mobilier chez lui, de façon virtuelle, afin de le visualiser dans son contexte.

Un autre exemple est celui des boîtes de céréales. Nous avons tous connu les jeux et surprises qui se trouvent à l’arrière de la boîte. Le packaging devient maintenant le support d’un jeu vidéo en réalité augmentée sur smartphones et tablettes.

Les réunions et meetings à distance

Le gros défaut actuellement des télécommunications est qu’elles sont principalement centrées sur un canal de communication qui est la voix. Or comme on le sait, elle ne représente qu’un faible pourcentage dans la transmission d’un message. Skype a amené une dimension plus grande avec la vidéoconférence mais ne remplacera jamais le dialogue en présentiel. En effet, accrocher le regard de son interlocuteur, le voir nous regarder, acquiescer, bouger son corps juste en face de nous est essentiel pour une bonne communication. La réalité virtuelle peut apporter tout ça si elle est couplée avec un dispositif de reconnaissance et de capture de mouvements tel que celui présenté dans cette vidéo (solution de la société suisse Faceshift).

De plus, des objets virtuels peuvent être manipulés et animés lors de réunions de présentation. Imaginez un commercial présentant son produit, présent virtuellement au centre de la table, l’impact est fort et permet parfois bien plus qu’une présentation physique.

La sécurité et la surveillance

De manière plus générale, la téléprésence fait un bond en avant avec les dispositifs de réalité virtuelle. Il sera désormais possible d’être présent virtuellement à un endroit, sans devoir s’y déplacer physiquement. Cela peut être très utile pour les actions de surveillance.

La formation et l’éducation

Vivre des expériences immersives plutôt que de les lire et de les apprendre dans des cahiers est très puissant pour l’apprentissage. C’est d’autant plus vrai lorsque les compétences apprises présentent un risque de dommage corporel, matériel et financier. La réalité virtuelle et la réalité augmentée permettent de s’entraîner, d’appréhender une machine ou un métier, en éliminant complètement les risques qui y sont liés. De plus, je suis convaincu que l’apprentissage est bien plus rapide lorsqu’on fait les choses que lorsqu’on théorise les choses. La réalité du terrain est souvent toute autre que celle décrite dans les livres.

La médecine et la santé

C’est pour moi l’un des secteurs dans lequel l’impact de la réalité virtuelle est le plus important. C’est d’ailleurs un secteur qui n’a pas attendu que les dispositifs grand public sortent pour l’exploiter.

Plonger le patient dans le virtuel pour soulager stress et douleur. Ici la solution VR4smile de Belle Productions.

La réalité virtuelle est utilisée pour traiter les phobies et dépendances. Grâce à une confrontation virtuelle avec celles-ci, le patient peut apprendre petit à petit à gérer ses émotions et son stress face à des situations diverses.

La réalité virtuelle se confondant très fort au réel, lorsque le patient arrive à surmonter ses peurs dans le virtuel, il est prêt à les affronter dans le réel.

Lors d’interventions chirurgicales sous anesthésie locale, les chirurgiens peuvent utiliser la réalité virtuelle en équipant le patient d’un dispositif. Il se retrouve alors plongé dans un univers relaxant, son corps oublie qu’il se trouve sur une table d’opération et se détend. Cela facilite grandement le travail des chirurgiens qui peuvent opérer dans de meilleures conditions.

Enfin, la réalité virtuelle couplé à la robotique permet aux chirurgiens d’opérer un patient virtuel, à distance, avant de confier la répétition de ses gestes à un robot qui se chargera d’opérer le patient réel.

Le journalisme

J’ai eu l’occasion de tester une application de sensibilisation à la guerre en Syrie. Des journalistes ont filmé des scènes de bombardement à l’aide d’une caméra 360°. Grâce à la réalité virtuelle, le spectateur est réellement immergé dans ce spectacle d’horreur. L’impact émotionnel est alors décuplé par rapport à une simple vidéo que l’on pourrait voir à la télévision. C’est encore une fois un vecteur d’engagement très fort.

Le sport

Il va être possible d’être virtuellement présent dans un stade pour assister à un match de sport, alors que physiquement l’utilisateur est assis confortablement dans son salon. Il pourrait même se retrouver sur la pelouse, en voyant passer les joueurs à côté de lui ou avoir le point de vue de l’arbitre.

L’entraînement des sportifs peut aussi être amélioré. Un pilote de course à la possibilité de se placer au volant de sa voiture, sur une reproduction exacte du circuit, pour s’entraîner à appréhender ses subtilités, le tout sans risque d’accident et en économisant les coûts de carburant, etc.