La réalité augmentée pour démêler le vrai du faux au cinéma

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Par · 25/01/2016

La fiction, c’est bien connu, se permet souvent “quelques” libertés avec la réalité, notamment scientifique. L’exposition “Sciences au cinéma”, née à l’initiative de l’Université de Namur, a notamment pour ambition de démêler le vrai du faux ou du vraisemblable. “Du genre, la cape d’invisibilité d’Harry Potter est-elle réellement imaginable?”, déclare Jonathan De Cock, responsable du site Confluent des Savoirs (UNamur).

L’expo joue donc les démystificateurs et les professeurs. Si le phénomène inclus dans le scénario du film reflète bien la réalité, il est expliqué plus en profondeur. S’il y a erreur ou détournement de la réalité, ils sont rectifiés et commentés.

En 2014, à l’occasion du FIFF (festival international du film francophone) de Namur, l’expo se dotait – encore en mode test, cette année-là – d’un nouvel outil permettant de rendre l’interaction et la découverte plus attrayante et ludique. En particulier pour les élèves du secondaire qui sont, avec les adultes, l’un des publics-cible de l’expo. Cet outil? Une application de réalité augmentée, concoctée par la société, namuroise elle aussi, Vigo Universal.

Le prétexte du scénario

Les visiteurs, armés de leur tablette ou smartphone, sont invités à télécharger l’application afin de faire émerger des panneaux (totems) disséminés dans l’espace de l’expo des informations supplémentaires, simplement en baladant leur équipement mobile devant sa surface.

A noter que la tablette doit être de type Android jusqu’ici parce qu’Apple n’a pas encore donné son autorisation pour une version iOS de l’appli. Selon les organisateurs namurois de l’expo, pour des questions de droits sur les films dont certains extraits sont utilisés pour les contenus de réalité augmentée…

Cela a pour effet de déclencher, sur leur écran, des animations 3D, des vidéos ou de simples bandes sonores qui illustrent ou expliquent tel ou tel sujet. Le visiteur peut alors interagir avec certains de ces objets virtuels, par exemple zoomer sur des détails ou découvrir faces cachées et détails internes. De quoi découvrir autrement l’exploration spatiale, le système solaire, la chimie, les techniques utilisées lors du débat du cinéma…

A raison de deux ou trois objets par panneau (une trentaine pour l’ensemble de l’expo), les visiteurs ont de quoi explorer et disséquer des concepts scientifiques auxquels des films tels que Jurassic Park, Star Wars, Ocean 11, l’Odyssée de l’Espace ou encore la Reine des Neiges ou C’est arrivé près de chez vous font allusion ou utilisent dans leurs scénarios.

Quelques exemples?

Pour le film “Contagion”, l’application permet de montrer comment se propage une pandémie à partir d’une personne infectée. Le visiteur peut sélectionner différents virus et visualiser l’effet de propagation qui varie fortement d’un virus à l’autre.

Pour “2001: l’odyssée de l’espace”, le contenu imaginé consiste à plonger le visiteur au coeur de différents véhicules tels que la navette ou le module lunaire, qu’il peut ainsi découvrir, en détail, sous l’angle qu’il désire. Les animations 3D viennent tout droit de la NASA.

Pour les fans d’astronomie, la visualisation en animation 3D du système solaire vient documenter le film “Melancholia”. Le visiteur peut découvrir des informations sur la taille, la vitesse de rotation… de chaque planète mais aussi faire varier la vitesse de rotation des planètes autour du soleil afin de voir comment elles évoluent au fils des jours ou des années”, explique Jonathan De Cock.

Chaque film est prétexte à explication scientifique en mode ludique. Exemple inattendu: “C’est arrivé près de chez vous” est l’occasion de transformer Benoît Poelvoorde en prof’ inattendu. “Le passage où il explique qu’il faut lester un corps pour qu’il coule sert de prétexte pour expliquer la force d’Archimède. L’application permet de réaliser une simulation d’expérience en faisant varier le liquide (eau, huile…) et la masse d’un objet. L’objet va alors flotter ou couler…”

Pérenniser l’expo

L’expo, avec son animation par réalité augmentée, est à la fois éphémère (elle s’associe au FIFF ou encore au Printemps des Sciences) et permanente, mais en mode itinérant. Les écoles peuvent lui demander de venir s’implanter chez elles. Les responsables envisagent de reproduire certains panneaux en plusieurs exemplaires afin de pouvoir multiplier les circuits itinérants. L’expo devrait par ailleurs devenir réellement permanente dans quelques mois puisqu’elle devrait emménager d’ici quelques semaines dans de nouveaux locaux, rue Godefroid, au centre de Namur.

L’expo “Sciences au cinéma” a été imaginée au départ par l’unité Atout Sciences de l’UNamur, chargée de la diffusion des sciences et techniques. Cette cellule a fait l’objet d’une restructuration et est aujourd’hui devenue l’unité “Confluence des Savoirs”. Ce “centre de culture scientifique” de l’UNamur a pour mission d’assurer une diffusion des connaissances, d’organiser des activités de sensibilisation à la culture scientifique, et de disséminer dissémination des résultats de la recherche. La différence avec Atout Sciences? La transdisciplinarité puisque la nouvelle unité ne relève plus de la seule Facultés des Sciences mais concerne aussi les Facultés de droit, d’économie… pour une évangélisation des sciences et de résultats de recherche dans de multiples disciplines.