Audaxis change de cap

Portrait
Par · 02/12/2015

Jusqu’ici étiquetée open source, en raison de ses activités d’intégration largement focalisées sur les solutions Drupal, Compiere et Odoo (anciennement OpenERP), Audaxis a opéré, depuis quelques mois, un virage non négligeable vers une palette de compétences plus diversifiée.

Certes, l’open source n’est pas totalement “débarqué” du catalogue mais la nouvelle direction n’en fait plus son cheval de bataille prioritaire.

Arrivé à la tête de la société à l’automne 2014, Bernard De Cannière a en effet procédé, avec son équipe, à une réévaluation des objectifs et axes stratégiques. “Je me suis demandé quelle était l’importance de l’open source dans l’ADN de la société. Nous en sommes venus à la conclusion qu’Audaxis se positionnait davantage comme une société qui se veut à la pointe de la technologie et qui propose des solutions qui représentent une vraie valeur ajoutée et qui soient directement utilisables. Certes, l’open source a une valeur ajoutée mais il dépend de l’existence d’une grosse communauté.”

Conclusion? “Cela fait du sens de continuer à travailler en open source du côté de Drupal et des solutions proches de l’informatique pure. Mais ce l’est moins dans des domaines business tels l’ERP.”

Que faut-il en conclure pour les offres Compiere et Odoo.

L’open source avec “prudence”

(1) Compiere a été rachetée en 2010 par  Consona qui, deux ans plus tard, fusionnait avec CDC Software pour devenir Aptean. Cette dernière est détenue par le fonds d’investissement Vista Equity Partners.

Côté Compiere (1), Audaxis devrait se contenter de supporter la base installée existante. “Compiere demeure un moteur robuste et dispose d’une base installée assez conséquente [Ndlr: bien que modeste à l’échelle du marché]. Il ne faut toutefois pas s’attendre à des évolutions fonctionnelles futures. La maintenance de la solution est toutefois assurée, avec quelques évolutions en termes de support technologique (nouveaux navigateurs…). La société semble s’orienter vers une politique d’API dans laquelle nous nous inscrivons.”

Odoo, pour sa part, est en train de perdre un nouvel allié. Audaxis émet désormais quelques réticences vis-à-vis de cet éditeur open source belge. D’une part, la perception que le vaste éventail de fonctionnalités couverte ne lui permet pas d’être “bon dans tout”. “La profondeur de fonctionnalités n’est pas toujours au rendez-vous.”

Bernard De Cannière (Audaxis): “80% des opportunités de projets ERP nous venaient pour de mauvaises raisons. A savoir, le fait qu’une solution ERP serait moins chère en open source. Ce n’est pas là la meilleure raison de se doter d’un ERP…”

D’autre part, la politique de partenariats d’Odoo est jugée trop peu discriminante. “Pour un intégrateur tel qu’Audaxis, il est essentiel de pouvoir travailler dans le cadre d’un écosystème sain, où chacun s’y retrouve. Sans quoi la qualité en pâtit.”

Bernard De Cannière n’apprécie en fait pas qu’Odoo opère avec autant de partenaires en Belgique: “40 partenaires, c’est trop sur un si petit marché. Cela induit une compétition interne, une baisse des prix et une chute de la qualité. Les barrières à l’entrée [pour devenir partenaire] manquent de clarté.” Bernard De Cannière estime que “les choses devront se décanter” et attend par ailleurs que la société fasse ses preuves en termes de stabilité financière. “Nous continuons donc de supporter Odoo mais nous restons prudents dans les projets que nous acceptons…”

5 axes d’activités

Désormais, Audaxis compte jouer sur cinq tableaux, en se positionnant essentiellement comme intégrateur.

Les deux activités “historiques” sont maintenues. A savoir:

  • un département “Web Technologies” pour des développements et projets d’intégration: déploiements complexes pour de grosses structures, applications mobiles pour environnement iOS et Android, gestion de contenus, de catalogues, de transactions en-ligne… Le tout basé notamment sur les offres Drupal et DPI 24/7 (solution spécifique pour le monde de l’édition). A noter que le CMS DPI 27/4 a été versé dans une entité distincte.
  • un axe “Custom Business Solutions”: c’est ici que l’on retrouve la mise en oeuvre des frameworks Compiere et Odoo dans le cadre de déploiements “destinés à des sociétés ayant des besoins spécifiques prononcés, que les solutions standard – Oracle et autres – ne peuvent satisfaire, ou qui veulent échapper à l’effet captif qu’induisent ces solutions.”

Trois nouveaux axes d’activités viennent s’y ajouter, orientés analytique, cloud et prestation de conseils.

Gestion des données

Le département “Data Intelligence” déploiera des compétences en matière de MDM (master data management), de gestion de qualité des données, d’intégration de sources de données, d’ESB (enterprise service bus) et d’analyse prédictive. Partenaires technologiques inscrits au catalogue: Talend, Tibco et, en analyse prédictive, la société belge Business Insight, créée en 2007 et spécialisée dans les logiciels statistiques pour data mining et analyse prédictive..

Bernard De Cannière: “Les besoins des entreprises sont importants, notamment en termes de qualité de données, tout spécialement chez des clients disposant de solutions hybrides ou ayant grandi par fusions et acquisitions…”

Bernard De Cannière: “Les besoins des entreprises sont importants, notamment en termes de qualité de données, tout spécialement chez des clients disposant de solutions hybrides ou qui ont grandi par le biais d’opérations de fusions et d’acquisitions…”

Audaxis s’appuiera sur ses solutions TIMi Suite et TIMi Modeler, orientées vers la gestion des statistiques analytiques et l’extraction de connaissances au départ de bases de données. Objectif: “procurer des solutions d’analyse prédictive, à budget raisonnable, au mid market.”

L’un de ses clients est le groupe Rossel qui utilise notamment ces outils pour de l’analyse de rétention (de lectorat) afin de mieux comprendre les paramètres qui influencent les désabonnements. “Cela permettra également de concevoir des campagnes de rétention plus ciblées”, indique Bernard De Cannière. Autres applications potentielles: du marketing de contenu ou de la fidélisation de lectorat.

En 2016, la société devrait proposer de nouveaux services “packagés” destinés à divers secteurs. Nathanaël Ackerman, directeur business development, cite comme cibles potentielles la distribution, la banque-assurance, la logistique. Sans oublier les ONG, “pour de l’optimisation de campagnes”. Autres secteurs qui feront l’objet d’une prospection: l’énergie et la santé.

Pour la partie MDM, qualité de données et ESB, la cible sera davantage les grands comptes, en complément, dès lors, de la clientèle habituelle d’Audaxis qui se compose davantage de sociétés dans la tranche haute du mid-market (typologie: sociétés multi-sites, voire multi-nationales, employant de 100 à 3.000 personnes).

Le cloud, “raisonnablement”

Nathanaël Ackerman: s’adresser également, en analytique, à des marchés tels que la distribution, la banque-assurance ou la logistique.

Deuxième axe nouveau: “Cloud Business Software” pour l’offre de solutions hébergées dans le cloud. Audaxis y avait déjà fait de premiers pas en commercialisant la solution ITVite, basée sur Compiere, et qui proposait des fonctions paramétrées de gestion commerciale, des achats, de comptabilité en mode SaaS.

“Nous avons décidé de nous repositionner [en misant sur une solution tierce] et d’accentuer l’offre cloud au travers d’un partenariat avec NetSuite. Nous proposerons l’intégré (CRM, comptabilité, e-commerce…) sur les marchés belge, luxembourgeois et suisse. Cela ne nous sera pas possible en France en raison d’un accord exclusif passé par NetSuite avec Capgemini. [A noter que l’hébergement proprement dit est assuré par NetSuite, sur ses propres infrastructures].

“NetSuite sera notre cheval de bataille, au rayon solutions hébergées, mais nous sommes à la recherche d’autres partenaires afin d’être présent sur de nouveaux business models, mais toujours dans le registre des solutions métier et de la gestion – CRM, ressources humaines, collaboration…”

Troisième activité nouvelle qui, toutefois, pèsera moins lourd en termes de personnes: le conseil aux dirigeants d’entreprise dans un domaine bien spécifique qui sera l’accompagnement au changement dans le cadre de la “transformation” numérique de leur entreprise. Ces conseils prendront la forme de séances de formation générique, suivies par des ateliers thématiques plus spécifiques. Parmi les sujets abordés: l’impact de l’algorithmique, des l’Internet des Objets…

Progresser en Flandre

Audaxis est actuellement active sur 4 territoires francophones: Belgique (Bruxelles et Wallonie), France, Luxembourg et Suisse. La Belgique “pèse” environ 35% dans les résultats. La croissance, à court terme, devrait venir de Suisse, estime – ou espère – Bernard De Cannière. Mais il est un autre marché vers lequel se tournent ses regards: la Flandre.

2016 devrait voir se formaliser de premières tentatives pour le séduire. La décision, à ce stade, n’a pas encore été prise au sujet de la marchehe à suivre: par renforcement de l’équipe? par acquisition? via des partenariats? Une évaluation est en cours. Toutefois, des discussions auraient déjà été engagées avec divers acteurs “afin de progresser plus vite.”

Désormais structurée en 5 axes d’activités, où Audaxis compte-t-elle mettre davantage l’accent? Bernard De Cannière pointe en priorité l’entité Web Technologies et parie sur une “croissance importante et rapide du pôle Data Intelligence.”

Par contre, les activités Custom Business Solutions devraient régresser “en poids relatif, même si nous comptons conserver le même niveau d’activités dans cet axe.”

Les activités Cloud Business Software, elles, “ne devraient prendre de l’ampleur que d’ici 18 mois.”

A terme, “quand elles auront atteint une taille critique”, Bernard De Cannière envisage de rendre les différentes entités “relativement autonomes, en termes de marketing, de ventes et de delivery.”