WeLL: un nouvel incubateur, franco-belge, pour start-ups

Portrait
Par · 18/11/2015

Il porte le nom de WeLL, un nom-acronyme qui cache le sobriquet que s’était donné le projet au départ. A savoir: wemanity lean launcher. Un nom qu’il faudra donc apprendre à ne pas confondre avec l’autre WeLL: Wallonia e-health Living Lab.

Les initiateurs de l’incubateur franco-belge? Deux “acti-récidivistes”: Olivier Brisac et Jean-Christophe Conticello. Voir leur parcours en encadré ci-dessous.

Olivier Brisac est à l’origine de la plate-forme d’information et de comparaison de prix Kill My Bill. Son parcours égrène aussi des noms tels qu’Assurland, match.com, Smartbox, PhotoBox.

Jean-Christophe Conticello est le fondateur de wemanity, société franco-belge spécialisée dans le conseil en “transformation agile” des entreprises (innovations technologiques, numériques, méthodes agiles). Il est également le (co-)fondateur d’une série d’autres sociétés et start-ups: Avilo Capital (Belgique, financement précoce et aide à l’incubation de start-ups), Ingima (conseils et services professionnels en IT et ingénierie), Adneom Technologies (société de conseil) et, plus récemment, deux jeunes pousses – Angus.ai et Kyokita – que l’on retrouve nichées dans le nouvel incubateur (voir ci-dessous).

“Nous nous sommes croisés à l’occasion de mon projet Kill My Bill”, explique Olivier Brisac. “Nous nous sommes rendus compte qu’en combinant nos compétences respectives et celles des sociétés créées, il était possible de développer d’autres activités. Nous avons donc décidé de créer cet incubateur-accélérateur WeLL qui apportera aux start-ups les aides hors coeur de métier dont elles ont besoin – en matière financière, administrative, fiscale, juridique. Comme tout incubateur, le WeLL favorisera aussi les transferts d’informations entre start-ups.”

Spécialités: l’Internet des Objets et le modèle des “marketplaces”, à l’image de ce que propose Kill My Bill et qui pourra donc inspirer d’autres services fédérés similaires.

Côté Internet des Objets, l’incubateur compte héberger et accompagner des projets tous azimuts. Depuis ceux qui se concentrent sur les objets connectés eux-mêmes jusqu’aux applis “en passant par le big data, la robotique, l’intelligence artificielle…”

Lieux d’implantation: Bruxelles – à l’ICAB, dans un premier temps – et Paris – dans les locaux de wemanity, près de la Gare du Nord.

Incubateur. Pour Start-ups. Mais pas que…

WeLL se compose en fait de deux axes, étroitement liés. D’une part, l’incubateur qui accueillera des start-ups. De l’autre, un “startup studio”… qui a pour objectif d’initier lui-même des start-ups, en s’appuyant sur les ressources de l’écosystème.

Les premiers incubés (8 au total, dont deux belges) sont, pour beaucoup, des sociétés lancées ou co-créées par les deux timoniers de WeLL. Voir encadré ci-après.

  • Kill My Bill, la plate-forme comparateur de prix axé énergie, télécoms et services bancaires lancée par Olivier Brisac 
  • Philos, jeune pousse belge spécialisée dans la recherche et la formation aux technologies de pointe, notamment les nouvelles interfaces (JavaScript, AngularJS…)
  • KyoKita, agence française qui s’est spécialisée dans les objets connectés depuis déjà 5 ans; elle a notamment été créée par des anciens de WiThings et d’Aldebaran
  • Angus.ai, société parisienne, créée par 3 anciens d’Aldebaran, qui développe des logiciels (reconnaissance vocale, text-to-speech, gestion de l’image, de capteurs…) pour objets connectés en tous genres; ces logiciels sont proposés sous forme d’API exploitables par les développeurs d’objets connectés; slogan de la société: “perception humaine pour les machines”
  • M-cador, spécialisée dans l’acquisition et le traitement de données générées par des drones; la société développe par exemple une interface de contrôle qui permet de mettre en oeuvre un système de surveillance s’appuyant sur un “essaim” de drones autonomes
  • Birdiz, service de courrier rapide urbain
  • PubliThings: société hybride qui mêle édition (site d’information ObjetConnecte.net), conseils, réalisation d’études et organisation d’’événements (tels les “apéros connectés” IoT Break).

WeLL concentre, dans une première phase, ces jeunes pousses dont certaines ont une paternité commune afin de mutualiser les besoins et les compétences. Objectif: “créer un écosystème entrepreneurial dédié à la création de start-ups et qui les aide à grandir.”

On retrouve là l’idée de base d’une autre initiative du genre dont nous vous parlions récemment. A savoir le “nid à start-ups” Virtuology de Cédric Donck, récemment lancé à Bruxelles (avant de viser Paris et l’Ile-de-France). 

Quelles sont ces compétences mises en commun au sein du WeLL au service des start-ups actuelles et futures? Philos (formations et conception de nouvelles interfaces), KyoKita (expertise en objets connectés), WeStud.io (studio de développement spécialisé en solutions Web et mobiles, réunissant développeurs et designers, au service notamment des jeunes pousses hébergées).

Mais l’incubateur WeLL présente d’autres particularités. Le “startup studio” évoqué ci-dessus s’adresse plus particulièrement aux… grands comptes. L’idée est en effet de convaincre de grandes entreprises de devenir partenaires, de faire du “startup studio” l’instrument via lequel elles pourront externaliser le processus de création d’intrapreneuriat. Sorte de matrice de gestation par autrui, en quelque sorte.

“Les grandes entreprises ne sont plus suffisamment agiles pour lancer elles-mêmes des projets de start-up. Elles n’ont pas la capacité de penser en disrupteurs ou en “barbares”. Nous leur proposons dès lors de venir créer des start-ups chez nous, avec ou sans leurs équipes.”

Olivier Brisac: “Les grandes entreprises ne doivent pas attendre qu’une start-up leur fasse de l’ombre pour décider de la racheter, souvent très cher…”

Les jeunes pousses ainsi lancées seraient des entités “communes”, avec prise de participation de toutes les parties concernées, et mise en commun des connaissances. A savoir: “les connaissances métier et les potentiels d’accès au marché des grandes entreprises, l’expertise technologique et les compétences de l’incubateur en matière de start-ups.”

Une manière, pour les grandes entreprises, selon Olivier Brisac, de lutter contre l’“uberisation”. Selon lui, ce ne sont pas les idées qui manquent, au sein de ces grands acteurs, mais bien la volonté ou la faculté de les transformer en projets.

“Le phénomène d’uberisation est inéluctable. Mais les grandes entreprises sont bien armées, en fait, pour y faire face. Leur seul défaut est de ne pas être suffisamment agiles. Elles disposent d’une puissance de feu énorme mais qu’il s’agit d’utiliser à bon escient et dans une structure agile.”

WeLL se propose dès lors d’être le réceptacle de ces idées, de les “tester en mode lean. Si la traction se confirme, on lance la start-up, on recrute et on incube.”

Quel sera le modèle de partenariat incubateur/grande entreprise? “Nous sommes ouverts. Nous n’imposons pas de modèle mais souhaitons mettre en oeuvre des relations partenariales, aligner les intérêts.” Seuls éléments prédéfinis: une start-up détenue conjointement, une gestion opérationnelle assurée par WeLL et un accompagnement de 3 ou 4 ans.

Un incubateur “participatif”

L’incubateur WeLL a une autre particularité majeure: il se fait partie prenante à la vie des start-ups qu’il accueille ou initie. Et pas uniquement via l’offre de conseils et de compétences.

“Nous voulons être un incubateur très entrepreneurial”, souligne Olivier Brisac. “Les start-ups que nous accueillons savent que nous ne sommes pas de simples loueurs de bureaux ou des mentors qui, comme chez certains autres, dispensent leur avis comme s’il s’agissait d’une faveur. Nous agissons comme des co-fondateurs. Nous prenons une participation dans le capital et nous nous impliquons beaucoup.”

Quels sont dès lors les moyens financiers de l’incubateur? Pour ses débuts, WeLL s’appuie sur les fonds injectés par les deux fondateurs. Mais une levée de fonds vient d’être lancée à destination de business angels belges et français afin de constituer un fond “de plusieurs millions d’euros” dans lequel l’incubateur pourra puiser pour concrétiser l’une de ses règles de fonctionnement. A savoir, une prise de participation systématique dans les start-ups incubées ou créées de toutes pièces.

Le WeLL ne se fixe pas un pourcentage fixe de prise de participation: “cela dépendra du type de société, du nombre d’associés…”. Par contre, cette prise de participation est considérée comme un moyen de se rémunérer pour les services prestés aux start-ups. Côté “startup studio” pour grandes entreprises, la prise de participation est évidemment une manière de “monétiser” l’incubation auprès des grandes entreprises…

“La prise de participation sera généralement de l’ordre de 10%”, annonce Olivier Brisac.

Et l’intention n’est pas de se limiter à un financement de (pré-)amorçage. “Nous avons en effet constaté que les incubateurs qui se limitent à une intervention en seed capital ne génèrent pas un maximum de valeur. Il faut idéalement pouvoir participer au moins au deuxième tour (Série A). Voilà pourquoi nous procédons à cette levée de fonds. Les start-ups sauront ainsi que nous sommes en mesure de les accompagner dans leur deuxième tour de financement…”

Le fonds à constituer devrait, selon Olivier Brisac, être suffisamment approvisionné pour “financer le lancement de 3 ou 4 sociétés par an et d’accueillir 3 ou 4 sociétés par an dans l’incubateur.”

Essaimer à l’international

En raison de l’identité de ses cofondateurs, WeLL est implanté dans un premier temps à Bruxelles et Paris.

A terme (dans quelques mois?), deux autres sièges devraient venir s’y ajouter. A savoir Londres et Amsterdam où wemanity possède déjà des antennes.