ESA BIC: trois nouvelles start-ups incubées

Portrait
Par · 06/11/2015

L’incubateur ESA BIC de Redu, géré par le WSLlux, a retenu trois nouveaux projets orientés technologies spatiales qui seront incubés par le centre, soit sur le site de Redu soit à distance (les porteurs de projets restant établis dans la région de Wallonie où ils ont lancé leur projet).

Les trois nouveaux incubés sont: Karimii, Space2M, et IMW Productions.

Pour rappel, les projets incubés doivent tous reposer, à des degrés certes divers, sur des technologies spatiales: géolocalisation, imagerie satellite, communications satellitaires…

Deux de ces trois projets – Karimii et IMW Productions – ont par ailleurs été récompensés par l’ESA BIC lors du concours international European Satellite Navigation Competition (ESNC). Le dossier du 3ème lauréat belge – l’équipe de Apocalypse Hunters (la société doit encore être créée) – est actuellement en cours d’évaluation pour une éventuelle incubation à l’ESA BIC. Voir notre autre article pour découvrir ce projet “Apocalypse Hunters”. 

Les nouveaux incubés

IMW Productions se positionne dans le domaine de la santé avec un vélo électrique de revalidation pour des personnes souffrant de maladie cardiaque. (réadaptation cardiaque). Ce vélo présente la particularité d’être “connecté et sécurisé”. Non seulement l’assistance moteur est asservie à la fréquence cardiaque mais le vélo est géolocalisé en permanence de telle sorte que l’utilisateur puisse être secouru en cas d’incident. La surveillance médicale pourra se faire en continu.

Le projet en est encore au stade du prototype. La mise en production et l’ajout de nouvelles fonctionnalités de télésurveillance devraient bientôt bénéficier d’un apport de fonds (un tour de table financier est actuellement en cours). Parmi les futures fonctionnalités prévues: la possibilité de moduler le parcours proposé, en fonction de l’état physique de l’usager, en le guidant par exemple vers des portions de parcours moins vallonnées ou moins exigeantes en termes d’effort physique.

Space2M

La société, créée en août 2015, est encore le fait d’une seule personne: Frederick Ronse, d’origine gantoise. La start-up se positionne sur le terrain de la télémétrie et de l’Internet des Objets avec cette spécificité de faire appel à des technologies de géolocalisation et d’imagerie satellitaires pour optimiser le suivi et la gestion de véhicules.

Space2M (dont le nom est inspiré du principe M2M- machine to machine mais avec une dimension spatiale) se propose de développer des logiciels de geofencing (géo-repérage) multi-couches, permettant d’opérer une télésurveillance sur la position et les déplacements de véhicules et engins, avec déclenchement d’alertes ou d’actions en fonction de leur positionnement.

Source: ATK Autotracking

Première cible: les conteneurs-citerne et les wagons-citerne, “un domaine où les processus sont plus particulièrement demandeurs d’optimisation.”

L’utilisation d’images satellite haute définition doit permettre de repérer et de tracer ce genre d’équipements avec nettement plus de précision qu’avec des techniques classiques de géolocalisation (GSM ou GPS).

Frederick Ronse prend quelques exemples. “Selon l’endroit où un conteneur est stationné sur le terrain d’une entreprise, on peut déterminer si une opération de manutention a déjà eu lieu, s’il a été nettoyé et peut dès lors servir à une nouvelle mission. Son géo-repérage par imagerie satellite haute définition évite des interventions et vérifications humaines. Il devient possible de programmer des logiciels de telle sorte à ce que des actions soient déclenchées automatiquement et à optimiser ainsi la chaîne logistique.

De même, pouvoir déterminer si un wagon transportant des matières dangereuses se trouve sur la voie 3 plutôt que la voie 2 peut être très utile en cas d’incident. Les services concernés savent alors de suite où intervenir…”

Au vu de sa première cible (flottes de conteneurs et wagons), la société s’adresse à des entreprises disposant de ce genre de matériel. Trois “grosses entreprises pétrochimiques belges” se sont déjà dites intéressées et pourraient bientôt signer un contrat de développement de plate-forme de gestion avec Space2M.

Incubée à l’ESA BIC de Redu-Transinne, Space2M a établi un bureau opérationnel à Louvain-la-Neuve afin de se rapprocher des futurs employés et développeurs qu’elle recherche actuellement.

Karimii

La start-up Karimii est incubée à l’ESA BIC depuis ce mois d’août (durée de l’accompagnement, essentiellement business: 6 mois). Sa solution? Une appli mobile (iOS et Android) pour auto-stop qui veut se donner un cachet de responsabilité sociétale.

La start-up prélève évidemment un pourcentage sur chaque transaction mais le reste de l’argent est géré de manière un rien originale. Les automobilistes qui véhiculent leurs passagers d’occasion sont rémunérés sous forme d’éco-chèques. Par ailleurs, Karimii reverse 10% de son chiffre d’affaires à Natagora et Good Planet.

Prise en charge de l’auto-stoppeur et trajet effectué sont enregistrés et suivis automatiquement via géolocalisation. A la fois pour le calcul du coût (prélèvement automatique sur un compte Paypal) et pour des raisons de sécurité, déclare Bernard Lambeau, à l’origine du projet.

“Le but premier est de changer l’image de l’auto-stop, de permettre à tous ceux qui y ont déjà pensé sans jamais osé franchir le pas de le faire. Le fait de prendre la photo de la plaque, qui est envoyée à notre serveur pour activer le processus, est une garantie de sécurité. A la fois pour le passager et pour le conducteur. Nous voulons en fait faire de l’auto-stop le chaînon manquant de la mobilité, plus particulièrement dans les zones rurales où les moyens de transport public sont rares.”

Quel est le principe? L’auto-stoppeur active le processus d’enregistrement de son trajet en photographiant la plaque minéralogique de la voiture qui le prend en charge. La photo, géolocalisée, est envoyée au serveur de Karimii qui la numérise, la stocke et commence le “pistage”: trajet, coût, calcul de la somme à prélever sur le compte Paypal de l’auto-stoppeur et attribution automatique de l’équivalent en points au conducteur qui pourra les échanger contre des éco-chèques.

Lancée en septembre, l’application n’a pas encore beaucoup d’adeptes. L’objectif de l’incubation à l’ESA BIC sera notamment d’identifier des cibles de clientèle. Plusieurs pistes sont à l’étude. Notamment les parcs d’activités et autres zones connaissant d’importants problèmes de mobilité (réseau routier saturé, surabondance de voitures, peu de transports publics) ou encore le secteur des titres-services. “Les aides à domicile sont essentiellement des personnes qui n’ont pas de moyen de transport. Beaucoup se voient contraintes de refuser des offres de travail pour des raisons de mobilité”, indique Bernard Lambeau.

Son appli a en tout cas séduit… les TEC, qui ont décidé de la soutenir en lui donnant de la visibilité sur leurs différents supports de communication. Il n’y a donc pas de lien direct entre la start-up et les TEC – “du moins pas dans l’état actuel des choses”.

Seul “intérêt” actuel des TEC: promouvoir un moyen de mobilité alternatif, plus spécifiquement dans les zones plus rurales “où la demande est trop faible pour justifier l’instauration d’un service de bus”. “Notre rôle est d’aider toute initiative qui nous paraît utile pour compléter notre dispositif et améliorer le service à la population. En cela, le projet Karimii, autant dans sa philosophie que dans sa réalisation, nous paraît prometteur”, déclare notamment Jean-Marc Vandenbroucke, administrateur délégué des TEC.

Les deux parties continuent toutefois d’envisager des liens plus poussés, pour éventuellement créer une réelle complémentarité entre la solution Karimii et un abonnement bus, par exemple…