Osimis: lancement du bras commercial du projet Orthanc

Article
Par · 31/08/2015

Une nouvelle spin-off est en passe de voir le jour à Liège. Incubée au WSL et basée dans le Parc scientifique du Sart-Tilman à Liège, elle officiera en quelque sorte comme le bras armé du projet Orthanc, imaginé et développé au CHU de Liège. Le 9 septembre, Osimis sera en effet portée officiellement sur les fonts baptismaux. Ses débuts opérationnels sont programmés pour octobre.

Objectif: développer et commercialiser divers produits et services qui prolongent et soient des déclinaisons de la plate-forme Orthanc (serveur d’imagerie médicale destiné à faciliter les échanges d’images entre prestataires et établissements).

Dirigée par Frédéric Lambrechts, Osimis a d’ores et déjà inscrit quatre produits sur ses tablettes.

Le premier, dont le prototype devrait être prêt en novembre, sera une plate-forme cloud dédiée aux échanges d’imagerie médicale entre hôpitaux et centres de recherche clinique. La plate-forme est en cours de développement, en collaboration avec un premier centre de recherche belge qui servira donc de client-pilote.

Démontrer l’utilité

La jeune équipe d’Osimis (voir encadré) étoffera progressivement les fonctionnalités, espérant pour ce faire pouvoir s’appuyer sur une collaboration pour quelques autres premiers clients, avant de lancer effectivement la plate-forme d’ici le printemps 2016.

“Ce premier produit est le plus complexe à concrétiser. Il servira d’ancrage pour les suivants”, explique Frédéric Lambrechts. Notamment un “hub” qui relaiera les demandes et notifications de transferts d’imagerie médicale vers les médecins. “Ces derniers recevront un courriel leur indiquant qu’une image est à leur disposition. Ce courriel comportera un lien via lequel ils pourront télécharger une application Orthanc afin de pouvoir réceptionner les images médicales.”

La solution aura notamment pour objectif de rendre ce type d’opération moins coûteuse et moins lourde que les procédures actuelles. “La pratique passe encore par la production d’un CD et l’archivage, une fois arrivé à destination. Qui plus est, on estime que seule une image sur 20 est réellement visualisée”, explique Frédéric Lambrechts. “Le service Osimis de notification [de disponibilité d’image] sera gratuit. Le service de mise à disposition ne coûtera que 2 euros — là où la production d’un simple CD coûte actuellement 5 euros — et ne sera facturé que lorsqu’il y aura réellement téléchargement des documents d’imagerie par le destinataire.”

Troisième produit imaginé: une solution de synchronisation dans le cloud, pour les médecins, leur permettant soit de tout conserver dans un espace d’hébergement, sans stockage des images en local, soit de synchroniser les deux espaces.

Osimis dans les starting blocks

L’équipe d’Osimis se compose actuellement de 2 personnes: Frédéric Lambrechts, son directeur, et Alain Mazy, CTO, responsable du développement produit.

Parcours du duo?

Frédéric Lambrechts, diplômé de l’ICHEC, a travaillé 5 ans chez Accenture au Grand-Duché, pour du conseil en intégration et outsourcing informatique auprès de clients bancaires. Il a ensuite oeuvré comme consultant indépendant, toujours dans ce domaine, avant de suivre une formation en codage d’application Web au Wagon (à Bruxelles). Il y a développé une application, non encore aboutie, de paiement pour monnaie alternative locale (en l’occurrence le Valeureux, à Liège). C’est à la sortie du Wagon qu’il a été recruté dans le cadre du programme CxO (financement dégressif, par la Région wallonne, du salaire de dirigeants de spin-offs) afin de prendre les rênes d’Osimis.

Alain Mazy, lui, est ingénieur civil de formation. Après des débuts de développeur dans le monde des jeux vidéo, il a travaillé plusieurs années comme ingénieur logiciel dans le monde spatial ou encore chez Euresys, Barco et EVS.

Outre ce duo, Osimis accueillera également, à temps partiel, Sébastien Jodogne, porteur du projet open source Orthanc et qui consacrera quelques heures de son temps à la spin-off, en plus de son travail au CHU de Liège.

La jeune pousse engage par ailleurs deux développeurs. Un pour les produits, l’autre pour les services. Profils recherchés: orientation objet et C++. Une 3ème pourrait les rejoindre début 2016.

Côté financement, la société a réuni un capital de 197.000 euros. Actionnaires? Frédéric Lambrechts, Alain Mazy, Sébastien Jodogne, le CHU de Liège, mais aussi des investisseurs privés, parmi lesquels on peut citer Vincent Keunen (A7 Software), Yves Warnant (passé par Altran, Immoweb et Dauvister) et Jacques Galloy (ex-EVS).

Des contraintes de temps n’ont pas laissé le temps à Osimis de chercher du soutien financier du côté public (Meusinvest), explique Frédéric Lambrechts. “Mais un équilibre public/privé m’apparaît comme un bon mix. Nous voulons toutefois démontrer que nous sommes capables de réussir avec l’apport privé. C’est plus facile avec du capital privé. Mais cela nous permettra aussi d’avoir un meilleur capital confiance en vue d’un deuxième tour de table”.

Ajoutons encore qu’Osimis bénéficie également d’un prêt de la Fondation Roi Baudouin, via son Caring Entrepreneurship Fund. Caractéristique de l’emprunt: il est remboursable, sans intérêt, à partir de la 3ème année. [  Retour au texte  ]

Premier étage de la fusée? Les services

Si Osimis a choisi de s’adresser, avec son premier produit, aux CRO (centres de recherche clinique), c’est aussi “parce que le secteur hospitalier est encore très frileux par rapport à l’idée du cloud. La réglementation belge doit en outre être clarifiée et être rendue moins contraignante”, déclare Frédéric Lambrechts. “Via cette solution destinée aux CRO, nous voulons démontrer que le cloud a du sens. Ces centres pourront alors faire office de prescripteurs, d’ambassadeurs pour les produits suivants.”

Frédéric Lambrechts: “Nous nous positionnons sur le terrain du transferts d’imagerie médicale, comme partenaires potentiels d’acteurs tels que ceux qui opèrent dans le secteur des solutions PACS. Notre ambition est en quelque sorte de devenir l’Elia de l’imagerie médicale.”

Outre ces (futurs) produits, Osimis compte sur de la prestation de services pour alimenter ses caisses et assumer la première étape vers la rentabilité.

Ces services prendront la forme de conseils et assistance à l’implémentation des produits et de développements sur mesure (par exemple des plug-ins destinés à la plate-forme Orthanc). S’y ajouteront également des formations destinées, d’une part, aux gestionnaires système des hôpitaux utilisant Orthanc et, d’autre part, à des développeurs voulant développer des modules complémentaires.

Autre piste envisagée: l’offre d’un Solution Delivery Kit, qui servirait de “boîte à outils pour les développeurs désireux d’utiliser Orthanc pour leurs propres développements.”