Perte de données chez Google à Mons. La concurrence se délecte…

Hors-cadre
Par · 20/08/2015

Les orages de fin de semaine dernière, on le sait depuis quelques jours, ont pris pour cible (entre autres) les data centers montois de Google. Pas directement mais via le réseau électrique qui l’alimente et qui a été touché, à quatre reprises, par la foudre. Avec – conséquence peu glorieuse – une perte de données pour “un certain nombre” de clients. Des erreurs de lecture/écriture sur certains disques ont connu des ratés (5% des disques ont été concernés). Des procédures de sauvegarde n’ont pas pu aboutir. Et des opérations de gestion, sur les disques concernés – par exemple la création de “snapshot” des disques – ont échoué. Résultat: des données ont dès lors été “irrémédiablement” perdues. Pas en masse – la société a réussi à récupérer une partie des données mises en danger et n’avoue de perte que sur 0,000001% de l’espace disque total – mais cela ne consolera certainement pas les clients qui en sont victimes.

“La pérennité du stockage étant notre première priorité”, annonce Google sur son site, “nous avons investigué cet incident exceptionnel et nous avons pu identifier plusieurs facteurs ayant joué un rôle au niveau de l’infrastructure, matérielle et logicielle. Nous mettons tout en oeuvre pour améliorer ces facteurs afin d’optimiser la fiabilité de la couche de stockage dans son ensemble.” Notamment en recourant à des nouveaux systèmes de stockage “moins sujets à défaillance d’alimentation pour cause de décharge majeure ou répétitive des batteries de secours.” Ou encore via la mise à niveau de certains équipements matériels afin “d’améliorer la rétention des données en cache lors de pertes transitoires de puissance électrique.”

Pas étonnant, dit la concurrence

Pertes et indisponibilités de données, même chez de grands noms de l’hébergement Internet, ne sont malheureusement pas rares. Aucun opérateur n’est à l’abri – surtout d’attaques de hackers. Mais cela n’empêche évidemment pas les concurrents de Google de saisir la balle au bond et de pointer quelques faiblesses du côté des services de stockage et d’hébergement proposés par Big G.

Parmi eux, LCL qui dit en substance n’être nullement étonné de ce qui vient de se produire du côté de Mons. Sans procédure de sauvegarde et/ou de réplication entre plusieurs sites (au moins deux), les risques encourus pour la pérennité et disponibilité des données sont décuplés. Et de revendiquer des procédures plus élaborées du côté de “centres de données commerciaux tels ceux de LCL ou Colt, [opérateurs] qui construisent leurs centres de données en suivant les standards Tier 3 de l’Uptime Institute. Dans le cas de Google, il est de notoriété publique que l’entreprise a de grands datacenters moins redondants, inférieurs au niveau Tier 1 (et donc bien moins sécurisés). En soi, ce ne serait pas un problème s’ils dupliquaient les données dans plusieurs centres de données. Mais c’est ce qu’ils ne font apparemment pas pour Google Compute Engine, la solution cloud commerciale destinée aux entreprises.”

Laurens van Reijen, directeur général de LCL, va plus loin: selon lui, les mesures que dit prendre Google pour éviter, à l’avenir, que semblable incident se reproduise ne sont pas suffisantes. “Il s’agit de matériel supplémentaire très simpliste, et ce n’est pas la solution. L’usage de plusieurs datacenters de qualité supérieure est nécessaire pour une telle offre. La question est de savoir si c’est possible dans le cas de Google. Pour la duplication des données, les datacenters ne doivent pas se trouver trop éloignés les uns des autres pour des raisons de latence (il se produit toujours un certain retard).

Les entreprises qui placent tout dans le cloud chez Google courent donc de sérieux risques si elles n’en sont pas conscientes. Leur continuité opérationnelle et la restauration après incident ne sont clairement pas réglées. Imaginez un incendie important dans le datacenter de Mons ou un autre incident, et toutes les données sont perdues. C’est incompréhensible. Au sein d’un centre de données professionnel Tier 3, ce genre de chose est entièrement couvert. Chez LCL par exemple, nous simulons chaque mois une coupure de courant afin de tester les systèmes de back-up.”

Et de recommander aux entreprises de faire plutôt confiance à des opérateurs d’origine locale: “Les entreprises peuvent opter pour des fournisseurs cloud belges, qui sauvegardent les données dans des centres de données mieux protégés… Pour en nommer quelques-uns: Combell, Evonet, Nucleus, Proact, RealDolmen.” Ou encore – tiens LCL les oublie ! – les opérateurs francophones- NRB, Cofely, WDC…