Sliden’Joy: le portable en panoramique

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Par · 07/08/2015

Sliden’Joy a vu le jour à Charleroi voici quelques mois. Le trio de fondateurs (Laurent Wéry, 23 ans de carrière dans le packaging industriel, et deux jeunes développeurs Web, Charlee Jeunehomme et Thomas Castro) a imaginé reproduire avec l’ordinateur portable ce qui se fait déjà depuis de très nombreuses années dans le champ des desktops pour certains types d’utilisation. A savoir: la faculté de travailler avec de multiples écrans. Exemples de professionnels intéressés: les cambistes, les architectes, les responsables d’installation de production, les graphistes…

Le prototype du dispositif Sliden’Joy, qui a été dévoilé fin juin au Media Markt de Gosselies, se compose d’un socle-fourreau abritant un ou deux écrans supplémentaires. Ce socle vient se clipser directement sur le portable, via une fixation par aimants au dos de l’écran du portable. La connexion proprement dite se fait via un port USB 3.0 (ou deux ports USB 2.0).

Avantage: le système est un module complémentaire qui convient à tout type de portable (PC ou Mac), quel qu’en soit le constructeur.

 

 

 

 

 

 

 

 

Une fois le dispositif connecté, l’écran ou les deux écrans complémentaires coulissent et se déploient de part et d’autre de l’écran du portable, par un jeu de charnières (breveté) pour procurer un panorama visuel élargi. Les charnières permettent d’orienter le premier écran à un angle de 15°, le 2ème jusqu’à 180°.

Le dispositif existe pour l’instant en trois tailles d’écran(s): 13”, 15” et 17”. Résolution: 1.920 x 1.080. Epaisseur: 1,5 cm.

Poids par écran: de 50 à 100 grammes selon la taille de l’écran.

Prix? Selon le nombre et type d’écran et la finition du système, les prix iront sans doute de 199 euros à 849 euros par unité (avec des tarifs dégressifs en cas de commande multiple).

Positionnement? Des usages tels que “présentations, négociation commerciale, travail de groupe, jeux, vidéo, retouche photographique, développement logiciel, conception graphique, visualisation de plusieurs sources vidéo dans un environnement domestique…”

Du crowdfunding pour démarrer

Autre originalité de Sliden’Joy: ses auteurs ont décidé de financer la phase de mise en production via une campagne de crowdfunding sur Kickstarter, dans l’espoir de lever 300.000 euros. Objectif dès à présent largement dépassé puisqu’à 2 jours de la fin de l’opération (date-butoir: ce 9 août), près de 1.500 contributeurs ont injecté quelque 532.000 euros. “Record belge absolu sur Kickstarter”, claironne Laurent Wéry (après les 94.000 dollars réunis en 2013 par Abrakam, auteur du jeu vidéo Faëria – relire notre article).

Les fonds récoltés serviront à financer l’achat des matériaux nécessaires pour la mise en production (voir ci-dessous) et la poursuite des développements. De nouvelles options devraient en effet venir assez rapidement s’ajouter au modèle initial, tel qu’un troisième écran qui viendra se clipser sur le fourreau, le transformant en dispositif d’affichage complémentaire à part entière qui, utilisé en trièdre, pourra offrir une visualisation à 360°. Autre option planifiée: une batterie complémentaire. Une version à écran tactile est également envisagée mais à un stade ultérieur.

Les projets de R&D concernent aussi un deuxième produit qui pourrait être dévoilé en septembre et faire l’objet d’une nouvelle campagne de crowdfunding. Il s’agira d’une version pour desktop. “Mais le développement sera plus compliqué”, souligne Laurent Wéry. “Les portables présentent l’avantage d’une unicité universelle: il s’agit d’une surface plane sur laquelle nous pouvons venir fixer nos 4 pastilles métalliques sur lesquelles aimanter le dispositif Sliden’Joy. Les desktops, eux, existent en de multiples formes. Nous devons dès lors mettre au point un nouveau système de connexion modulable…”

Commercialisation à l’automne?

Le prototype existe. Les fonds de lancement ont été récoltés. Reste donc à lancer la mise en production. Sliden’Joy se reposera sur divers fournisseurs pour les différents composants qui seront assemblés par elle à Charleroi. “En tout, on parle de 50 composants. Tous sont des éléments existants. Nous n’avons rien réinventé”, souligne Laurent Wéry.

Les écrans seront d’origine chinoise ou coréenne (le choix final du fournisseur n’a pas encore été fait mais interviendra au plus tard fin septembre). Les charnières viendront de Suisse.

Laurent Wéry, entouré de ses deux co-fondateurs (à g. Th. Castro, à dr. Ch. Jeunehomme): Nous allons envisager sereinement les différents scénarios

“Des tests et des négociations sont actuellement en cours. Nous voulons simplement nous assurer que notre fournisseur nous procurera une garantie solide en termes de qualité d’écran [Slidn’Joy veut offrir une garantie – légale – de deux ans]. Il s’agira de toute façon d’un producteur référencé, de ceux qui fournissent habituellement les fabricants de PC…”

La première commande de Sliden’Joy pourrait porter sur un minimum de 2.000 pièces, 1.500 exemplaires ayant déjà été pré-commandés à l’occasion de la campagne Kickstarter. “La production en plus gros volume pourrait démarrer d’ici un an.”

Il se peut que Sliden’Joy recoure à une levée de fonds plus traditionnelle pour étayer son lancement. “Nous avons déjà reçu nombre de propositions.” Avec deux regrets à cet égard.

D’une part, l’intérêt d’investisseurs locaux (publics ou privés) est qualifié de “timide”. “Nous nous orientons donc davantage vers des investisseurs internationaux, pour une levée de fonds potentiellement nettement plus importante que ce qu’on nous a laissé entrevoir ici.”

D’autre part, l’intérêt qui a été manifesté jusqu’ici provient non pas d’acteurs du monde de l’IT ou de l’électronique mais “davantage de purs financiers ou de fonds de pension”.

Aucune décision n’a encore été prise. Ni sur l’opportunité elle-même, ni sur le type d’investisseur potentiel, ni sur la forme qu’accepterait Sliden’Joy: investissement, prise de participation, rachat total, engagement dans une plus grosse structure… “Nous allons envisager sereinement les différents scénarios.”

Côté distribution des futurs systèmes, un accord a d’ores et déjà été passé avec Media Markt et avec d’autres grandes enseignes de retail dans plusieurs pays et continents: Mexique, Israël, Etats-Unis… Reste à les “alimenter”.