Virtuel, augmenté, automatisé, télé-guidé: notre quotidien vu avec un brin de science-fiction

Hors-cadre
Par · 08/06/2015

Que nous réservent la technologie et l’exubérance imaginative de fous des labos, d’ici 20 ans, en matière de modes de déplacement, d’environnement de travail et de contexte professionnel? C’est à ce petit exercice d’anticipation que s’est livrée, outre-Manche, la société Censuswide, à la demande de Toshiba.

Outre les voitures sans-pilote dont on parle tant ces dernières semaines, d’autres scénarios censés améliorer et faciliter notre quotidien (professionnel) ont été imaginés par les auteurs mais aussi par les personnes ayant participé à l’enquête. 1.000 Britanniques, âgés de 18 à 35 ans, ont ainsi livré leurs souhaits ou “vision” de l’avenir.

Le menu concocté? Robots “sociaux”, réalité virtuelle immersive, interfaces cerveau.

Quelle place pour l’humain?

En matière de solutions destinées à faciliter les navettes quotidiennes vers le lieu de travail, les attentes exprimées par le panel britannique vont de l’attendu au surprenant:

  • utilisation des nouvelles technologies pour réduire les temps de trajet (pas de surprise à cet égard)
  • Wi-Fi gratuit sur tous les moyens de transport
  • cartes interactives qui permettent de déterminer et de choisir le trajet multimodal le plus rapide
  • plus étonnant – mais ils ne sont qu’une toute petite minorité (10% des répondants) à imaginer un tel scénario: la mise en oeuvre d’un contrôle des titres de transport via liaison avec leur profil personnel (social, présume-t-on). Pour ces 10% de répondants, titres de transport classiques ou dématérialisés (cartes sans-contact) sont ringard et à remiser aux oubliettes.

L’enquête a également sollicité un futurologue – Ian Pearson – pour imaginer le monde des navetteurs et travailleurs de demain.

 

Ian Pearson, diplômé en mathématiques et physique, docteur es sciences, a opéré comme futurologue pour BT entre 1991 et 2007. Il est aujourd’hui à la tête de l’institut prospectiviste Futurizon et est membre du conseil de la British Computer Society, de la World Academy of Art and Science, de la Royal Society of Arts and Commerce, et de la World Innovation Foundation.

Il prédit l’entrée progressive dans nos habitudes de diverses technologies. A commencer, dès 2020, par les voitures sans chauffeur. Petits robots sur roues géo-pilotés qui présenteraient, à ses yeux, divers avantages (quoique…): “l’automobiliste consacrera la durée du trajet au travail ou au divertissement multi-tâches, comme dans un train ou un bus. Travailler en route pourrait permettre à certains de quitter la maison plus tard et le bureau plus tôt.”

Cinq ans plus tard, vers 2025, Ian Pearson envisage l’arrivée de “robots sociaux”, “descendants” d’automates humanoïdes actuels tels Aiko Chihira de Toshiba.

Le robot Aiko Chihira de Toshiba préfigure-t-il une armée de futurs “robots sociaux”?

De quoi s’agit-il? De robots qui prendront en charge des tâches professionnelles simples grâce à des techniques avancées d’intelligence artificielle, ou qui remplaceront nos habituels préposés aux bureaux d’accueil ou guichets de transports publics.

“Ces robots nous procureront une partie de la puissance de calcul dont nous avons besoin et interagiront avec d’autres équipements afin de piloter notre environnement. De ce fait, nous aurons moins besoin d’un système de contrôle personnel.”

Ce qui, toutefois, ne devrait pas faire entièrement disparaître PC, mobiles et autres tablettes de notre environnement…

Enfin, à l’horizon 2035, le futurologue imagine une réalité virtuelle qui ne sera plus façonnée par des équipements amovibles que l’on coiffe sur la tête ou les yeux mais qui sera générée par des implants.

“D’ici 2035, des connexions directes au cerveau engageront nos cinq sens dans la réalité virtuelle. Elle ressemblera à un rêve éveillé, voire réel, et permettra aux navetteurs de s’évader dans un monde meilleur.” Meilleur? Ce genre de petite note “rose-bonbon” a un petit goût de too-much…

Intelligence “immanente”

Sur le lieu de travail, l’enquête estime que l’intelligence artificielle aura accompli tellement de progrès d’ici 2025 que la majeure partie du travail lié au traitement de l’information sera accomplie par des systèmes informatiques et autres automates intelligents. Résultat? “En 2025, le travail reposera essentiellement sur des compétences humaines et des services personnels. Les communications visuelles prendront donc de l’importance, s’appuyant sur la 3D voire sur des images holographiques. Des systèmes de projection seront sans doute intégrés aux supports informatiques personnels. Des lunettes connectées pourraient être utilisées pour générer un environnement immersif.”

Par ailleurs, les connexions directes dispositif-cerveau pourraient servir d’autres finalités (qui laissent au minimum penseurs), du genre: “doper la mémoire, voire le QI, ou faire office d’interface IT universelle”.

Vision futuriste d’un monde peuplé d’“assistants personnels intelligents conscients”. Source: Toshiba

Mieux – ou pire: on aura droit, d’ici 2035, à un nouveau type d’interface. Après la reconnaissance de mouvements, gestes et (encore à venir) d’expressions, voilà que nous pourrons nous reposer sur de la reconnaissance… de pensées. “Nous travaillerons avec des interfaces douées d’intelligence artificielle avancée qui nous connaîtront mieux que nous-mêmes”, imagine (prédit?) Ian Pearson.

“Votre ordinateur utilisera plus que probablement des “corps robotisés” pour se déplacer et accomplir certains actes. L’ordinateur ne devra pas nécessairement être physiquement présent dans le robot et pourra contrôler son action à distance, recourant à des capteurs [intégrés au robot]”.

Le cloud, dans sa notion actuelle de centralisation de l’information dans de gigantesques centres (serveurs et stockage), aura muté vers un immense maillage d’équipements intelligents [Ian Pearson utilise l’expression “fin brouillard”]. “Ces dispositifs sauront ce qu’on attend d’eux et feront de leur mieux pour le faire sans instructions. Le déploiement de ces systèmes intelligents sera rendu plus aisé grâce à leur potentiel d’auto-organisation. Il en résultera un environnement intelligent qui comprend et réagit à une simple commande vocale. Si une requête exige une intelligence plus poussée, elle sera simplement aiguillée vers l’endroit apte à la satisfaire.”