Real Impact Analytics: trouver sa “niche” et s’y conformer

Portrait
Par · 15/05/2015

Nous avons déjà eu l’occasion de vous présenter Real Impact Analytics, société spécialisée dans l’analytique de données, positionnée essentiellement dans les secteurs télécom et bancaire, plus spécifiquement pour les besoins des pays émergents. Relire notre article. Ses solutions permettent par exemple aux opérateurs de fidéliser leurs clients, d’améliorer la rentabilité par client, d’améliorer la couverture telco…

Real Impact Analytics a vu le jour en 2009. Elle emploie aujourd’hui près de 100 personnes, sur 3 continents, avec trois grands bureaux: à Bruxelles, Sao Paulo et Johannesbourg (celui de Dubai, créé au début “dans un esprit de start-up qui veut multiplier les bureaux à travers le monde”, existe encore mais n’est qu’une antenne peu active, en attente de clients et d’équipes “stables”).

Sa genèse plonge ses racines dans les besoins des opérateurs locaux des pays émergents que Sébastien Deletaille a identifiés lorsqu’il travaillait chez McKinsey (lire l’interview qu’il nous a accordée à l’occasion de sa désignation comme lauréat du concours “Innovator under 35” du MIT technology Review)

Sébastien Deletaille: “Real Impact Analytics, c’est l’histoire d’une petite start-up belge qui parvient à trouver une niche, à savoir les télécoms dans les pays émergents, et qui arrive à l’exploiter avec succès.”

“On a tout d’abord lancé de petits projets avec Excel. On a commencé par de petites applications et de petits besoins qui sont criants chez le client pour ensuite grandir, avec lui, en complexité et valeur.

Pourquoi les pays émergents? Est-ce là un positionnement exclusif?

“La société a beaucoup moins de concurrence dans ces pays qu’ailleurs”, explique Sébastien Deletaille. “Les grands acteurs sur le créneau de l’analytique ne courent pas forcément derrière des projets à Kaboul… On est vraiment à l’image de la Belgique, c’est-à-dire de l’entrepreneuriat de niche. L’Afrique, par exemple, est quasi toujours la dernière priorité des grands groupes occidentaux. Les géographies où nous travaillons leur demandent trop d’investissements pour des marges qui sont trop faibles pour eux.

Nous ne sommes évidemment pas opposés à travailler pour des opérateurs dans des pays développés mais l’autre problème est que les processus de prise de décisions et l’exécution y sont beaucoup plus lents. Cela ne nous intéresse donc pas d’attendre deux ans une réponse là où on peut boucler un dossier en Afrique en quelques semaines.”

Mais comment couvrir la planète quand on est une jeune pousse?

“Avec beaucoup d’audace, de sang-froid. Par ailleurs, dans les pays émergents, nous avons pu nous appuyer sur le fait que les clients fonctionnent beaucoup selon le concept de réseau et en se faisant mutuellement confiance. C’est plus important dans la prise de décision que les qualifications techniques ou les arguments de performances.”

Les différenciateurs

En dehors du fait que Real Impact Analytics occupe un créneau (géographique) jugé peu attractif par les majors, quelles sont les caractéristiques différenciatrices de la jeune société bruxelloise?

Sébastien Deletaille cite trois éléments majeurs dans l’approche de l’analytique que déploie sa société:

  • une approche très lean start-up, “qui consiste à être très proche du client, à développer une application analytique qui corresponde et s’intègre parfaitement à son quotidien. Les grands éditeurs se préoccupent peu du fait que le destinataire soit capable ou non d’utiliser leurs logiciels, d’utiliser correctement ou non les transformations… Nous ne sommes pas un vendeur de systèmes ou de logiciels mais un fournisseur d’applications”
  • une approche horizontale “très transversale à travers la chaîne analytique et big data. Avoir le meilleur algorithme de détection d’un problème n’a aucune valeur si on ne peut pas bien connecter la collecte de données de qualité, la transformation, l’enrichissement, les prédictions et, surtout, si on n’arrive pas à lier l’analyse et la décision et, surtout, la décision, l’action et le contrôle. C’est souvent là qu’est la faille…”
  • des compétences dans des verticaux industriels que nous connaissons mieux que nos clients: “toutes nos applications visent essentiellement les besoins métier des télécoms.”

“Avoir le meilleur algorithme de détection d’un problème n’a aucune valeur si on  n’arrive pas à lier l’analyse et la décision et, surtout, la décision, l’action et le contrôle. C’est souvent là qu’est la faille…”

En quoi les besoins analytiques des opérateurs de pays émergents sont-ils différents de leurs collègues occidentaux?

“On pourrait considérer que les deux dimensions les plus importantes quand on approche un client sont la dimension géographique et la taille. En général, la dimension géographique reflétera la maturité de l’opérateur. Sur le sol européen ou américain, le degré de maturité s’exprime surtout par des concepts de convergence, de suppression des frontières entre les devices et canaux d’accès aux données. C’est la problématique-clé d’un opérateur comme Proximus, AT&T ou Orange. Dans les pays émergents, la problématique se définit beaucoup plus en termes de début d’adoption de nouveaux produits. Historiquement, ils se sont concentrés sur la voix. Aujourd’hui, la question est la consolidation avec des prestataires Internet, l’évolution vers des services bancaires. Passer du monoplay au multiplay. C’est le cas pour les acteurs des télécoms, du bancaire, de la santé…”

Sébastien Deletaille: “Nous enrichissons notre plate-forme et l’ensemble de nos applications avec tout ce que nous développons pour chacun de nos clients. Ils nous considèrent dès lors comme un centre d’expertise, une sorte de laboratoire, qui consolide tout ce qui existe comme bonnes pratiques à travers le monde.”

“La taille influence quant à elle évidemment le type de besoins et de le degré de complexité.” Petit exemple cité par Sébastien Deletaille: “Mes clients en Guinée Bissau disposent de 50 employés pour gérer l’ensemble du pays. Ils ne sont pas intéressés par de l’analytique d’optimisation du handover entre antennes, contrairement à un opérateur tel que Vodacom en Afrique du Sud. Il faut donc savoir s’adapter aux besoins spécifiques de chacun…”