Analyse du ‘big data’: les spécificités belges selon Forrester

Hors-cadre
Par · 06/05/2015

En janvier de cette année, Forrester Consulting a réalisé, à la demande de Xerox, une enquête sur le big data, la perception qu’en ont les entreprises, ce qu’elles en espèrent, ce qu’elles comptent (ou non) en faire, les compétences qu’elles doivent pour ce faire développer…

Une étude de plus, direz-vous, à ajouter à la longue liste d’avis et statistiques publiés sur le sujet? Sans doute. Mais, pour une fois, l’un des pays invités à participer était la Belgique (les 4 autres étant la France, l’Allemagne, les Pays-Bas et le Royaume-Uni). Chez nous, 30 entreprises ont participé à l’enquête.

Voici donc quelques chiffres et constats portant sur les entreprises belges et les différences qu’a parfois relevées Forrester en comparaison de leurs homologues occidentales. Voir notre encadré, en fin d’article, pour plus d’informations sur la méthodologie de l’enquête.

Degrés de maturité divers, perceptions différentes

Selon le thème lié au phénomène du “big data” – qualité des données, sécurité, vie privée, compétences et formation… -, on peut constater que les entreprises belges ne sont pas toujours sur la même ligne que leurs homologues.

Quelques exemples.

Les principales préoccupations des sociétés belges…

  • formation des utilisateurs: 39%
  • support de la direction (responsables C-level): 36%
  • sécurité des données et vie privée: 33%
  • expertise analytique: 33%
  • volume et variété des données: 33%

… comparées à celles de leurs homologues françaises

  • accès aux données de clients et de partenaires: 39%
  • sécurité des données et vie privée: 35%
  • évolution rapide des besoins: 35%
  • expertise analytique: 34%
  • compétences internes: 33%

Qualité des données

Seulement 33% des entreprises belges disent pouvoir s’appuyer sur les processus nécessaires pour garantir la qualité de leurs données. Leurs homologues hollandaises ne font pas mieux qu’elles. Par contre, les sociétés britanniques (53%), françaises (48%) et allemandes (39%) semblent mieux loties. Mais rappelons qu’il s’agit d’auto-évaluations, avec ce que cela implique comme perception potentiellement biaisée.

Formation des utilisateurs

Les entreprises belges sont celles qui pointent le plus cette carence: 39%. Le fossé, toutefois, n’est pas béant par rapport aux autres nationalités. Le Royaume-Uni, par exemple, suit de près avec 36% d’entreprises estimant que le manque de formation des utilisateurs aura une influence directe sur leur aptitude à implémenter une stratégie big data.

Support de la direction

Là encore, les sociétés belges pointent plus que leurs collègues étrangères une carence: 36%.

Principal impact du big data à court terme

Les entreprises belges en espèrent surtout une amélioration de la qualité et de l’efficacité des processus commerciaux (55% d’entre elles citent ce paramètre, soit trois points de plus que la moyenne européenne). Les sociétés néerlandaises sont sensiblement du même avis.

Dans les autres pays, le principal impact perçu varie: gain de productivité des employés en Allemagne, meilleures interactions avec la clientèle en France, collecte d’informations métier de meilleure qualité au Royaume-Uni.

Les constats généraux

Découvrez ci-dessous les principales conclusions que tire Forrester Consulting de son enquête: problématique de la qualité des données, tendance ou non à se fier au big data davantage qu’à l’instinct pour prendre certaines décisions, sécurité et vie privée… Partie d’article réservée à nos abonnés Select et Premium.

56% des responsables et décideurs interrogés estiment d’ores et déjà retirer des avantages de l’exploitation des mégadonnées.

74% en espèrent un gain en ROI – en termes d’efficacité opérationnelle ou de meilleure gestion des risques – dans les 12 mois suivant l’implémentation.

Indications analytiques ou ce bon vieil instinct?

Comment les entreprises prennent-elles leurs décisions, sur base de quels paramètres? l’instinct, l’expérience passée, l’analyse objective de chiffres et statistiques- voire d’extrapolations et d’analyses prévisionnelles?

Pour l’instant, les proportions de décisions prises sur base de l’expérience, de “l’instinct” et d’une analyse quantifiée sont sensiblement identiques. Cette dernière tend toutefois à gagner du terrain, principalement – c’est logique – du côté des sociétés les plus “matures” (“datarati”). Mais, même si les lignes bougent (en faveur de l’analytique), le chemin sera encore long, estime Dan Bieler. En cause, l’“ossification” des processus (les habitues et traditions ont la vie dure), un fonctionnement interne encore largement organisé en silos avec un manque de coopération entre les différents services et départements d’une entreprise et la proverbiale résistance au changement- que ce soit au niveau des utilisateurs ou dans les rangs de la direction.

A l’avenir, 61% des personnes ayant participé à l’étude disent vouloir davantage baser leurs décisions, dans les 12 mois qui viennent, sur des données que sur leur instinct, expérience ou simple opinion

Les craintes et pierres d’achoppement

Rien de neuf sous le soleil: les entreprises continuent de craindre et de regretter comme la peste la piètre qualité de certaines données. 70% des participants avouent en rencontrer encore régulièrement. Et ils sont 46% à penser que ces données de mauvaise qualité (approximation, inexactitudes, données périmées…) ont un impact négatif sur leurs activités. Soit parce qu’elles obligent un nettoyage long et coûteux (et parfois impossible), soit parce que, dans certains cas, elles polluent carrément l’ensemble du jeu de cartes et rendent les jeux de données inutilisables.

33% des entreprises qualifiées de “datarati” (forte compétence en big data) disent avoir une totale confiance dans l’analyse de ces mégadonnées comme base de leurs décisions. Le taux de confiance est sensiblement inférieur du côté des “retardataires”: il n’est atteint que par 19% des répondants.

Les sociétés allemandes sont les plus inquiètes en matière de qualité de données (48% alors que la moyenne européenne est de 34%).

Pas moins de 55% des participants à l’enquête estiment ne pas disposer des outils ou processus nécessaires pour garantir la qualité des données (même les plus compétents – “datarati” – sont 45% à avouer une telle carence!). Ce qui poussera nombre d’entre eux à engager, dans les 12 à 24 prochains mois, des “data engineers” (33%), des “data scientists” ou spécialistes en gouvernance de données (30%).


A noter, à propos de cette perception de (mauvaise) qualité, que Forrester Consulting ne peut tirer de conclusion définitive sur base de son enquête. La manière dont les questions ont été posées ne permet en effet pas de déterminer sur le problème de manque de confiance dans la qualité se situe au niveau des données elles-mêmes ou de l’analyse proprement dite et des modes de génération de rapports. “Il y a clairement de la méfiance vis-à-vis des données mais on peut aussi imaginer que la méfiance porte sur les deux autres aspects.”


Autre épouvantail: la sécurité et les atteintes à la vie privée.

Ici encore, les entreprises allemandes – de manière peut-être étonnante – estiment que le risque de brèches de sécurité ou d’atteinte à la vie privée est sensible. Elles sont 47% à le penser, contre 37% pour la moyenne européenne.

Autre obstacle: l’accès aux données.

Autre point quelque peu étonnant ici. L’accès aux données (de clients ou de partenaires) est cité comme le principal souci par les sociétés françaises (39% en font leur bête noire n° 1). Aux Pays-Bas, les soucis d’accès sont également mentionnés comme souci principal (par 36% des entreprises interrogées), mais cette fois concernant les données… internes (problèmes d’accès dus à des obstacles techniques).

Dan Bieler, analyste en chef chez Forrester Consulting: “Il est essentiel que les entreprises développent les compétences nécessaires. Elles doivent apprendre à leurs collaborateurs à travailler également davantage avec d’autres entreprises, des universités… pouvant pallier aux carences.”

Les avantages majeurs du ‘big data’

Toutes nationalités confondues, les entreprises classent comme suit les principaux avantages de l’exploitation des mégadonnées:

  • meilleures relations et interactions avec la clientèle: 55%
  • meilleure collaboration avec et entre équipes internes: 54%
  • collecte d’informations métier de meilleure qualité: 54%
  • gain en productivité pour les employés: 54%
  • ventes mieux ciblées et plus efficaces: 52%.
Méthodologie

L’enquête a été menée auprès de quelque 300 décideurs (membres du comité de direction ou chefs de départements) opérant auprès d’entreprises employant un minimum de 500 personnes.

Les départements concernés sont divers: planification stratégique, direction générale, informatique, marketing, analytique, finances, ressources humaines…

Secteurs d’activités des entreprises interrogées: high tech & communications (25% du panel), grande distribution (21%), services financiers (27%), industrie (27%).

Implantation géographique: Belgique: 10 % des participants (30 sociétés). Autres pays: Royaume-Uni: 28%; Allemagne: 26%; France: 23%; Pays-Bas: 13%.

Degré (auto-estimé) de maturité/compétence des entreprises interrogées:

  • très bonne compétence en matière de big data (les “datarati”): 20%
  • un “certain degré” de compétences (Forrester les qualifie d’“explorateurs” de données: 49%
  • à la traîne (les “data laggards”): 31%.

Pour ce classement entre datarati, explorateurs et retardataire), Forrester s’est basé sur les réponses données à 3 questions: efficacité vérifiée des applications analytiques, processus formels en matière de big data, distinction claire entre stratégie big data (infrastructure et méthodes) et stratégie analytique (inclusion de la dimension 3V- volume, vélocité, variété). [  Retour au texte  ]