Beltug: faciliter la vie des utilisateurs télécoms professionnels

Hors-cadre
Par · 20/04/2015

Les “agendas” et mémorandums prenant pour thème l’économie et/ou la transition numérique du pays (ou des Régions) continuent de fleurir ce printemps. Après Agoria et la FEB, pour ne citer qu’eux, Beltug, l’association belge des utilisateurs de télécoms, y va elle aussi de sa liste de propositions/recommandations. Dans l’espoir que les cabinets ministériels (essentiellement fédéraux vu les thèmes concernés) qui sortiront leurs propres plans en tiennent peu ou prou compte.

Beltug s’est plus particulièrement penché sur quelques recettes possibles qui permettraient de “surmonter les obstacles des utilisateurs ICT professionnels”. Côté privé et côté public.

10 obstacles. 10 solutions?

Le document de Beltug commence par lister 10 obstacles – liste non exhaustive, précise l’association, mais qui reprend les points les plus “névralgiques”.

Les voici:

  • un cadre (para-)fiscal contre-productif en matière de travail mobile (utilisation d’équipements mobiles dans le cadre professionnel, dans divers contextes)
  • une concurrence insuffisant sur le marché professionnel des télécoms qui prive les utilisateurs d’une liberté de choix satisfaisante
  • la nécessité d’une stratégie de cyber-sécurité cohérente, associée à un organe de contact clairement défini pour les entreprises et les organismes publics, et des règles précises en matière de vie privée – le tout devant “renforcer la confiance dans l’économie Internet”
  • une nécessaire promotion d’un marché unique des télécoms, d’un cadre européen pour la protection des données, et la suppression du roaming européen (on sait qu’il vient à nouveau de bénéficier d’une “rallonge”)
  • la poursuite de l’amélioration et la surveillance des performances des réseaux mobiles
  • une évaluation critique de la couverture obligatoire du réseau Astrid (réseau de communications radio des services de sécurité) à l’intérieur des nouveaux bâtiments, avec garantie de fonctionnement correct lors des tests préalables effectués par Astrid et allégement des coûts (quid d’ailleurs, s’interroge Beltug, d’un budget pour équiper les bâtiments des organismes publics?)
  • en matière d’e-facturation, l’adoption de procédures ne pénalisant pas les entreprises et organismes publics par des frais inutiles
  • la sensibilisation des entreprises à l’IPv6, “thème peu attrayant et non perçu comme prioritaire”
  • l’actualisation du cadre légal relatif à l’utilisation des numéros de téléphone afin que des services innovants ne soient pas pénalisés par une législation désuète ou inadaptée
  • une analyse et résolution des problématiques ICT liées à la mise en oeuvre, par les autorités fédérales, d’une “plate-forme e-commerce. “Beltug a été invitée à en faire partie. Lorsque ses objectifs seront connus, nous ferons part des préoccupations ICT de nos membres.”

Les propositions Beltug

En matière de travail mobile, Beltug plaide notamment pour “une véritable stimulation du travail mobile”, “des directives de remboursement claires pour l’usage professionnel d’appareils privés [le fameux principe du Bring Your Own Device]” et pour la définition d’“un maximum stimulant” pour ce qui est du principe “avantage de toute nature”.

Au rayon “concurrence insuffisante dans le domaine des télécoms professionnelles” (Belgacom demeure le seul opérateur proposant un catalogue complet de services convergés fixes, mobiles et ICT et dessert encore aujourd’hui 66% de la clientèle professionnelle – services de téléphonie fixe et communications mobiles), Beltug propose que l’IBPT pousse sur la pédale pour stimuler le potentiel de concurrence et publie chaque année un état des lieux précis des parts de marché dans le secteur professionnel.

Autre volet télécom professionnel en émergence: les applications M2M (machine-to-machine), dans le cadre plus vaste de l’Internet des objets. Ici, Beltug milite pour “un cadre permettant de changer d’opérateur mobile sans devoir changer physiquement les cartes SIM des appareils”. Soit par le biais d’une carte “agnostique” ou d’un version logicielle. Avec préférence pour une solution internationale.

Cyber-sécurité. Une Belgique trop timorée

L’actualité a, évidemment, rattrapé les textes et doléances, ces derniers temps, donnant un poids tout particulier aux demandes ou propositions de Beltug (comme d’autres acteurs d’ailleurs) en matière de cyber-sécurité.

Dans son document, l’association des utilisateurs télécoms estime que le périmètre prévu pour le CCB (Centre pour la Cybersécurité en Belgique) est insuffisant: “ses missions sont ambitieuses mais trop peu concrètes pour relever les défis majeurs tels qu’ils figurent dans l’accord de gouvernement.” Quid du budget disponible, des ressources humaines prévues?

Par ailleurs, en cas d’incident – et à condition que les sociétés et organismes qui en sont victimes acceptent de les signaler -, à qui peuvent-ils s’adresser, s’interroge Beltug. A la FCCU (Federal Computer Crime Unit) de la Police judiciaire, à l’IBPT, au CERT (Computer Emergency Response Team), à la Commission Vie privée? Le plan “Privacy” proposé par le secrétaire d’Etat Bart Tommelein fait allusion à une “centralisation” auprès du CCB. Mais voilà qui contredit un projet de d’ordonnance européenne qui semble vouloir désigner un autre interlocuteur, en l’occurrence la Commission Vie privée. Pourquoi, dès lors, ne pas accorder les violons?

Autre question sensible pour les entreprises et les organismes publics: le signalement des incidents. Jamais une bonne publicité et des risques de dommages collatéraux. L’association des utilisateurs propose donc de désigner “un tiers de confiance au sein de l’administration, lequel peut donner du feedback aux entreprises intéressées et ce, de manière anonyme, sur les incidents qui ont lieu et à qui il est possible de signaler les incidents sans impliquer la police ou la justice. La structure et le financement actuels du CERT ne le permettent pas…”

Facturation électronique

Si le recours obligatoire à la facturation électronique pour les factures transmises aux administrations publiques (à partir du 1er janvier 2016) est une bonne chose (pour des raisons d’économies et d’efficacité), Beltug demande que cette introduction se fasse le plus efficacement possible pour les entreprises et s’inquiète du délai imposé. Pas forcément réaliste, souligne l’association, notamment en raison du fait que l’offre ne serait pas prête: “Nos contacts avec quelques développeurs de logiciels comptables font apparaître qu’ils ne sont pas informés.” Belug demande dès lors “aux pouvoirs publics de fournir le plus rapidement possible l’ensemble des informations afin de permettre à toutes les organisations de se préparer.”