Swan Insights teste la voie de l’“open innovation” pour “big data”

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Par · 09/03/2015

Swan Insights, start-up bruxelloise spécialisée dans l’analytique big data et dans les analyses prédictives et prescriptives (relire notre article), a officiellement donné le coup d’envoi à une nouvelle initiative destinée à dynamiser l’exploitation des mégatonnes (“big data”). Le Data Innovation Lab se place volontairement sous le sceau de l’innovation ouverte – lisez: la libre collaboration d’acteurs commerciaux, technologiques, académiques qui, un temps, font abstraction de toute barrière conventionnelle (concurrence, pré-carré, secret de jeux de données) planchent sur des problématiques, défis, scénarios nouveaux.

L’espoir de Swan Insights et de ceux qui la rejoindront dans cette initiative est d’accélérer une exploitation réellement utile et novatrice des gigantesques jeux de données qu’entreprises et autres acteurs actuels collectent (données internes, sociales, open data, informations collectées par des capteurs, générées par des “objets” en tous genres).

Pot commun

Les membres de Data Innovation, venus de divers horizons, mettront en commun jeux de données (réels, même s’il ne s’agit dans certains cas que d’extraits de jeux de données), outils technologiques et méthodes d’analyse, idées et compétences. Objectif: faire surgir de nouvelles pistes, des scénarios novateurs d’exploitation du ‘big data’, jusques et y compris des prototypes.

Data Innovation fonctionnera selon trois volets complémentaires:

  • Data Innovation Academy; des formations destinées à favoriser l’appropriation de la “culture des données” par des décideurs, porteurs de projets ou utilisateurs
  • Data Innovation Seminars: des rencontres thématiques, où l’on travaillera sur des cas concrets “afin d’explorer des défis et de faire progresser les connaissances de tous”
  • Data Innovation Experts & Tools: mise à disposition par les membres d’outils, méthodes, ressources humaines, mis en commun “afin de tester et de développer des prototypes”. Swan Insights, par exemple, met à disposition son DataGraph.

Le “Lab” – aménagé dans les anciens locaux de Swan Insights, à Woluwe (Bruxelles) – sera un espace libre où se tiendront les séminaires, rencontres, séances de brainstorming, ateliers de réalisation de prototypes. A terme, quand l’initiative aura pris de l’élan, il devrait opérer pendant les heures ouvrables, tout au long de la semaine. Par opposition à ce que propose une autre initiative telle que la Brussels Data Science Community.

Roald Sieberath (Swan Insights, Data Innovation Lab): “Le concept d’innovation ouverte est encore en phase d’apprivoisement. mais les mentalités ont mûri. Dans quelques mois, nous espérons que des sociétés mettrons une tranche de leur données à disposition pour tester des scénarios divers.”

N’y a-t-il pas en effet une certaine redondance entre le Data Innovation Lab et les sessions mensuelles de cette Community? Roald Sieberath, co-fondateur de Swan Insights et qui sera l’animateur du Data Innovation Lab, ne le pense pas. Il mise à la fois sur la régularité – voire permanence – des activités du Lab, sur son caractère “open” (en ce compris à toute heure), et sur les profils qu’on retrouvera “du côté de chez Swan”: non seulement des “geeks” et personnes techniquement hyper-pointues mais aussi des profils orientés business.

Ne craint-il pas par ailleurs les réticences des entreprises à permettre à d’autres de “jouer” avec leurs jeux de données? “Le concept d’innovation ouverte est encore, il est vrai, dans une phase d’apprivoisement. [Ndlr: notamment par rapport aux principes classiques de propriété intellectuelle]. Mais les mentalités ont mûri. Le premier séminaire que nous organiserons sera sans doute très académique. Il s’agira d’évangéliser, de convaincre. Les participants s’interrogeront encore sur le caractère utilisable ou non de leurs jeux de données. Mais nous avons par exemple reçu la promesse de la mise à disposition, par Microsoft, d’un jeu de données bien réel concernant la violation de la sécurité d’un réseau… Dans quelques mois, nous espérons bien que l’une ou l’autre grande société belge met une tranche de ses données à disposition pour tester des scénarios divers: impact de l’ajout de systèmes pour leur analyse, de l’application d’un modèle analytique nouveau, etc.”

Appel à tous

Entreprises, start-ups, monde académique sont invités à se faire membres de l’initiative, selon des conditions financières variables: gratuité pour l’académique; cotisation réduite pour les start-ups (moins de 2.000 euros); prix “plein” pour les entreprises. Cette adhésion ouvre à tous la participation aux séminaires, formations, aux ateliers de prototypage (sur cas réels).

Data Innovation espère tenir le rythme minimal d’un séminaire par mois et caresse l’ambition de travailler par thèmes sectoriels (sciences, médias, médical, mobile…), avec un sponsor principal par thème.

Premiers membres affiliés:  Accenture Digital, data.be, UCL.

Toon Vanagt (data.be): “L’objectif est d’ouvrir API et jeux de données à tous, de permettre d’explorer et d’expérimenter avec des jeux de données réels.” Histoire de révéler les potentiels des mégadonnées et, dès lors, d’ouvrir la voie à leur monétisation. En abattant les réticences classiques, du genre: “mes données à moi, mon pouvoir.”

Du côté start-ups, Roald Sieberath, qui évolue dans ce monde depuis quelques années déjà, se chargera d’identifier et de convaincre celles dont les produits ou le positionnement s’inscrivent dans le contexte du big data. Quelques noms déjà cités et qui pourraient rejoindre le Lab: Real Impact Analytics (relire notre article), DNAlytics (autre article), voire une société telle NextRide (anciennement Prochain Bus). “Elle dispose déjà d’une masse de données sur les transports en commun, une véritable mine de données dont elle pourrait tirer pas mal de valeur. Au-delà de ce qu’elle propose actuellement – une application mobile attrayante et le développement d’une communauté, l’exploitation de ses données pourraient être utile pour des scénarios de mobilité applicables par les villes, par exemple”

Souffler sur les braises

L’idée vient en fait du constat – généralisé – que les “mégadonnées” (de tous poils) représentent un potentiel économique – ou simplement social – immense. Qu’il y a en Belgique, que ce soit du côté des entreprises, des start-ups, des chercheurs, un potentiel, des expertises, qui ne peuvent que tirer parti d’un processus de collaboration et de mutualisation. Même si cela doit s’arrêter au prototype – pour des raisons de contraintes commerciales et de propriété intellectuelle.

Source: Swan Insights

“Laissons aux grands acteurs américains, aux ressources nettement supérieures aux nôtres, les deux premiers “V” – volume et vitesse – qui caractérisent le big data”, déclarait Roald Sieberath.  “A terme, ces deux axes sont d’ailleurs destinés sans doute à devenir des commodities. Nous [et il parle de Swan Insights mais aussi d’autres acteurs locaux], nous sommes mieux positionnés sur le 3ème ‘V’ – la variété des données. Swan exploite par exemple à la fois les données internes, sociales, open, celles provenant des équipements mobiles, des capteurs… Et ce, pour dégager des informations nouvelles.” Un exemple? L’exploitation des données brutes des utilisations WiFi au sein d’un bâtiment pour évaluer son taux d’occupation et tirer des conclusions qui seront utiles pour son aménagement, pour gérer les plages de consommation énergétique, pour redéployer une partie du personnel vers de nouveaux locaux, etc. etc.

Si le socle du Data Innovation Lab se constitue à Bruxelles, l’ambition d’une empreinte et d’un rayonnement international est d’ores et déjà claironnée. Swan s’appuiera elle-même, dans un premier temps, sur ses antennes londonienne et américaine (Chicago) pour faire passer le message.

Des “data missions”, sorte de voyages d’étude et de découverte, sont prévus. Un premier déplacement aura lieu à Londres est planifiée pour novembre. Destination: Level39, l’accélérateur technologique qui héberge des start-ups orientées secteur financier, grande distribution, cyber-sécurité et villes du futur.

Par ailleurs, l’espoir est d’attirer quelques grosses têtes internationales pour venir faire des exposés lors des séminaires. Et plus, si affinité?