Le bilan du 1er Startup Weekend belge consacré à la personne âgée

Article
Par Olivier Fabes · 02/03/2015

Un week-end pour concevoir des nouveaux produits ou services qui amélioreront la vie des personnes âgées. C’était le ‘pitch’ d’un Startup Weekend qui a réuni quelque 60 participants à Bruxelles ce dernier week-end de février. Le 13e en Belgique et le 1er sur ce thème de la “silver economy”, allusion aux cheveux gris. Comme pour toute première, beaucoup d’enthousiasme mais aussi quelques leçons pour la suite.

Le premier constat, partagé par la plupart des neuf membres du jury, dont certains issus du monde médical, est qu’il est plutôt réjouissant de voir autant de jeunes s’intéresser aux problèmes des vieux… Même si le public de ce Startup Weekend est un peu plus âgé que la moyenne (35 ans est l’âge moyen des 60 participants, contre généralement entre 28 et 30) et aussi un peu plus féminin (30% de femmes).

“Il s’agit d’un thème, comme on a pu le constater dans d’autres pays, qui attire davantage de personnes qui veulent changer la société, plutôt que simplement tester leur envie d’entreprendre en s’amusant”, souligne Leo Exter, coach et “importateur” des premiers Startup Weekend en Belgique, il y a près de 4 ans. Ce Startup Weekend bruxellois a reçu des encouragements du Danemark, où quatre événements sur le même thème du vieillissement de la population ont déjà eu lieu.

7 projets ont été sélectionnés sur la base de 10 idées présentées le vendredi soir. Sept projets, dont un mis ‘hors compétition’ car jugé trop distant de la thématique, c’est relativement peu, ce qui indique aussi une prise de conscience salutaire du besoin de ‘rationaliser’ les équipes. Nombre de participants réalisent que le plus difficile n’est pas tant de trouver une “bonne idée” que de former une bonne équipe, multidisciplinaire. D’où quelques “fusions” entre équipes.

Parmi les “besoins” des personnes âgées que visent à rencontrer les projets, quelques constantes sautent aux yeux: le besoin de garder la forme (programme de coaching physique et exercices personnalisés), le besoin de sortir de l’isolement (solution de partage de logement transgénérationnel), le besoin de lutter contre la fracture numérique, le besoin de trouver en ligne des produits adaptés, etc.

“Il est très positif de constater tout ce fourmillement d’idées autour des besoins de la personne âgée et cette volonté des entrepreneurs d’anticiper des problèmes qui ne vont faire que s’amplifier”, observe Jean-Claude Lemper, gériatre, président du Collège de Gériatrie et membre du jury de ce Startup Weekend.

Jean-Claude Lemper: “Un conseil pour la suite: la plupart des participants ont une vision ‘idéalisée’ de la personne âgée, capable de surfer sur Internet et en bonne santé physique et psychique. Je trouve dommage qu’il y ait eu trop peu de projets s’attaquant aux besoins criants des plus vieux et des plus fragiles parmi les seniors.”

Bien sûr, il n’est pas facile quand on a 35 ans de se mettre dans le peau de quelqu’un de 65 ans et plus, mais les participants n’ont pas hésité à faire les marchés samedi et dimanche ou à visiter des maisons de repos pour récolter du feedback et tester leurs pistes de solutions. S’il est louable, l’exercice a toutefois ses limites, enchaîne Jean-Claude Lemper: “Si j’ai un seul reproche à adresser, ou plutôt un conseil pour la suite, c’est que la plupart des participants ont une vision ‘idéalisée’ de la personne âgée, capable de surfer sur Internet et en bonne santé physique et psychique. Ma vision est bien sûr celle d’une personne qui travaille surtout avec des personnes hospitalisées et qui est consciente des énormes besoins de prévention. Mais je trouve dommage qu’il y ait eu trop peu de projets s’attaquant aux besoins criants des plus vieux et des plus fragiles parmi les seniors.” Le seul projet qui allait dans ce sens était “Schuber“, qui voulait s’attaquer au problème complexe de la dénutrition.

Les lauréats

Le 1er Prix a été attribué à Simpl.it, un projet à l’intention des gestionnaires de sites web et développeurs qui veulent standardiser et simplifier la structure de leur site. “La première erreur à ne pas commettre est de parler de site web ‘adapté pour les vieux’. Nous avons tout simplement constaté que trop de gens, des personnes âgées mais pas uniquement, se sentent dépassées par les ‘updates’ technologiques des sites.

L’équipe lauréate de Simpl.IT

On sait qu’à chaque nouveau ‘look’ par exemple, Facebook perd pas mal d’utilisateurs avant d’en regagner par la suite. Nous voulons proposer des outils qui simplifient la structure du site, à travers l’usage par exemple d’une barre de menus latérale permanente, sans bouleverser son style et son contenu. Le but est d’améliorer la navigabilité en préservant des points de repère constants et une certaine stabilité dans le temps,“ explique l’initiateur Marc Jacobs.

Il est déjà à l’origine d’une autre start-up, M4ke.it, créée il y a 9 mois à Namur. Cette jeune entreprise se présente comme un ‘start-up studio’ qui accompagne le développement de jeunes entreprises pour tout ce qui touche au volet technique . Si le projet Simpl.it devait se concrétiser, il serait probablement logé dans M4ke.it. Tout dépendra de la motivation des 9 membres de l’équipe constituée ce week-end. “L’idée est née il y a seulement 54 heures. Mon but en venant ici est avant tout de rencontrer d’éventuels cofondateurs”, ajoute Marc Jacobs.

Les 2e et 3e prix reviennent à Energ’Aid et Spacefit Guru, deux projets d’applications et/ou services dans la sphère du coaching physique personnalisé, pour donner l’envie aux seniors de continuer à faire des exercices de façon régulière et contrôlée.

Organisé à l’espace de coworking Transforma, à Boitsfort, ce Startup Weekend dédié à la personne âgée était soutenu par le cluster Lifetech.brussels, la Fondation Roi Baudouin, Partena, le réseau EAHSA (European Association of Homes and Services for the Ageing), BNP Paribas Fortis et Microsoft.