Droit à l’oubli numérique: Google “oublie” les Etats-Unis

Hors-cadre
Par · 10/02/2015

Le jugement que porte l’organisation américaine de défense des consommateurs Consumer Watchdog sur la manière dont Google aborde le principe du droit à l’oubli numérique est acerbe: “simply a self-serving publicity stunt”.

L’association regrette en fait – et ce n’est pas la première fois – que ce droit à l’oubli ne s’applique apparemment qu’au seul territoire européen – où les réactions, qui ont amené Google à faire machine arrière, ont certes été plus vives et décidées qu’au pays de l’Oncle Sam.

Pour rappel, c’est la Cour européenne de Justice qui avait exigé de la société qu’elle applique le droit à l’oubli numérique lorsqu’un internaute le requiert pour cause d’informations qui, bien que collectées dans un premier temps de manière légale, s’avéraient invalidées en raison de l’écoulement du temps. Toute information “inadéquate, pas ou plus pertinente ou excessive” ne doit dès lors plus apparaître dans les résultats des moteurs de recherche. Toutefois, la CEJ n’imposait pas un retrait automatique de l’information sur simple introduction d’une demande allant dans ce sens, estimant qu’il fallait trouver un juste équilibre entre liberté d’information et d’expression et droit à la vie privée.

Google, après s’être donné le temps de la réflexion, a semblé obtempérer à l’injonction mais n’a pas été jusqu’à en faire une règle de bonne conduite universelle. Limitant dès lors la pratique à des domaines Internet correspondant à des pays de l’Union européenne (Google.co.uk, Google.fr, Google.de…).

Google, souligne Consumer Watchdog, ne satisfait dès lors pas aux exigences du groupe de travail Article 29 qui avait requis l’application de la règle à tous les domaines, en ce compris donc Google.com. Ce qui fait dire à l’association de défense des consommateurs américaine: “Americans deserve the same right to be forgotten. With Google’s repeated claims to care about privacy, the company should be ashamed that it’s not treating people on both sides of the Atlantic the same way.”

Dans un rapport récent, Google dit avoir retiré quelque 256.973 liens suite à des demandes qui portaient sur un total de 769.858 URL.

En septembre dernier, une enquête auprès des internautes américains avait démontré que la majorité des Américains sont demandeurs d’un droit à l’oubli. 61% des personnes interrogées demandaient son application (ou celle d’une solution similaire). 39% se disent partisans d’une solution identique aux règles qu’ont défendues et obtenues les autorités européennes.