20 propositions du secteur IT wallon au ministre Marcourt

Hors-cadre
Par · 27/01/2015

Le 8 janvier dernier, Agoria, après consultation d’acteurs IT locaux, a remis un document au ministre Jean-Claude Marcourt, notamment en charge de l’économie et du numérique en Région wallonne, dans l’espoir qu’il prenne en considération et intègre dans le futur Plan numérique, qui se concocte en coulisses, certaines idées et propositions contenues dans ce document.

Agoria part du constat le “secteur TIC est un levier du développement économique de la Wallonie” et “a un effet multiplicateur sur les autres secteurs”, citant pour preuve quelques chiffres: près de 40 % de croissance en cinq ans; progression de 38 % du chiffre d’affaires et de 14,5 % de l’emploi pour le secteur des services IT entre 2009 et 2013.

Mais la fédération ajoute d’emblée quelques bémols, relevant faiblesses et carences devant être combattues.

Manque de taille critique

Forts de certaines spécificités, “bien positionnés dans certains services et produits de niche, notamment dans les processus et le génie logiciel complexe”, les acteurs locaux pèchent dans la valorisation de ces compétences et de ce positionnement en raison d’un manque de taille critique au niveau international. “Ces entreprises innovantes doivent évoluer vers une taille critique minimale et développer une capacité suffisante d’investissement.”

Or, la taille des acteurs IT locaux ne progresse pas. Pire, “la taille moyenne des entreprises TIC wallonnes a diminué: de 14,1 personnes en 2009 à 13,3 personnes en 2013.”

Le nombre total d’employeurs est en hausse, mais beaucoup trop modeste: +3%. Et ce nombre, dans certains sous-secteurs, est même en recul: -0,76% en télécoms, -10,26% en commerce. Ici encore, ce sont les services IT qui enregistrent la meilleure progression: +7,53%.

Maîtrise IT insuffisante

Le déploiement de solutions et compétences IT est encore – largement – insuffisant. Sont plus particulièrement visées ici les PME, insuffisamment sensibilisées aux potentiels de l’IT. Ce qui se traduit par une sous-utilisation de solutions telles que les ERP ou les ressources du Web (présence Internet, e-commerce…).

Formation et éducation doivent encore progresser, tant pour les entreprises wallonnes que pour l’ensemble des usagers. Sans cela, souligne Agoria, pas de politique numérique réellement ambitieuse. “La démarche de croissance repose également sur le développement de compétences de haut niveau, locales et internationales, qui ne peuvent être rencontrées qu’à partir d’une offre d’éducation, de formation et d’intégration dans des programmes de recherche européens et internationaux visant l’excellence.”

Deux maîtres-mot aux yeux des protagonistes: croissance et excellence. Et pour les concrétiser, une série de 20 propositions, oscillant entre recommandations et revendications. En voici quelques-unes, reprises en vrac:

  • veiller à mettre en oeuvre une infrastructure télécom performante, en suppléant un vide laissé par les opérateurs fixes et mobiles dont il est “clair, dans l’environnement et les circonstances actuels, qu’ils n’assureront pas la couverture complète et optimale de la Wallonie, risquant de créer une fracture et un isolement numériques, notamment dans les zones plus rurales”. Agoria et le secteur IT local appellent dès lors le gouvernement wallon à concrétiser ses intentions, formulées dans la Déclaration de politique générale, et à engager notamment une “dialogue proactif avec les opérateurs fixes et mobiles”
Le document commun (Agoria/entreprises IT) pointe plus particulièrement quelques domaines de développement jugés prioritaires. A savoir: le Cloud, le Big Data, la sécurité informatique, la mobilité et les objets connectés.
  • procéder à une “(re)formation profonde de l’ensemble du corps enseignant en matière de nouvelles technologies du numérique”, avec formation d’un “référent ICT” dans chaque école
  • de même, encourager vivement le monde académique à intégrer certaines nouvelles technologies, qui correspondent à des carences en talents [notamment dans le domaine du big data ou de la sécurité informatique], dans les programmes d’études”
  • mettre en oeuvre “un plan stratégique concernant la classe du futur dans les écoles primaires et secondaires”, avec mise en œuvre d’ENT (Espaces Numériques de Travail), recours aux infrastructures cloud based et promotion d’outils pédagogiques
  • créer un conseil du numérique “dont le rôle sera de conseiller et de guider le gouvernement dans la mise en œuvre de sa politique numérique”
  • promouvoir les open data en favorisant la réutilisation de registres publics
  • donner davantage d’air aux acteurs ICT commerciaux en “mettant fin à la concurrence déloyale générée par les asbl ICT (non-assujetties à la TVA et non soumises aux marchés publics) et en revoyant les modalités des marchés publics ICT”
  • déployer une véritable politique de soutien aux villes et communes désireuses de se transformer en “smart cities”. En la matière, Agoria milite pour la création d’une “cellule de soutien publique-privée”
  • développer un plan de systèmes de transport intelligent, en collaboration avec le privé
  • préparer les entreprises wallonnes à la facturation électronique en l’intégrant notamment dans les cahiers des charges de la Région
  • mettre en place une stratégie de “m-gouvernement” qui “augmente l’accessibilité et l’interactivité des services publics”, avec “incitation des entreprises à faire de même afin de stimuler l’économie mobile”
  • créer, avec les Pôles de compétitivité, une plate-forme dédiée à l’Internet des Objets, “levier potentiel de redynamisation de l’industrie wallonne.”
Le document concocté par Agoria, présentant comme étant la “feuille de route du secteur TIC wallon pour cette législature 2014-2019”, peut être consulté et téléchargé via ce lien.