HackXplor: plongée dans la créativité belgo-africaine

Pratique
Par · 15/01/2015

Fin novembre, en marge du Sommet des Chefs d’Etat de la Francophonie, se tenait le HackXplor, un hackathon dédié à des solutions devant répondre aux besoins de sociétés exportatrices et organisé par la Cité Internationale Wallonie-Bruxelles (CIWB) et Jokkolabs, le premier centre de coworking d’Afrique francophone (Dakar).

Thématique de cette troisième édition du HackXplor: l’audiovisuel. Mission confiée aux équipes (qui se formaient sur place): créer, en 48 heures, une solution (site ou application) favorisant la création et la diffusion de contenus dans les domaines de l’éducation, de la fiction, du documentaire ou du jeu. Les critères retenus pour élire les meilleurs projets étaient innovation, solution pouvant servir à de multiples scénarios, collaboration, appel aux contributions de tous pour faire évoluer le projet, sans oublier une bonne dose de qualité design et de technologies maîtrisées.

‘Melting pot’ de talents

8 pays francophones (Belgique, Maroc, Sénégal, Côte d’Ivoire, Bénin, Togo, Mali, Madagascar) y avaient inscrits des représentants (une cinquantaine de participants en tout). Particularité de l’événement: les équipes du hackathon étaient volontairement internationales.

Photo de groupe des participants au HackXplor de Dakar, novembre 2014.

“Le but”, souligne Yadranka Zorica, directrice de la CIWB, “est de briser les barrières culturelles, de favoriser les échanges humains, de proposer une plate-forme via laquelle des jeunes de talents peuvent non seulement échanger, collaborer mais aussi donner plus de visibilité à leurs talents.”

A noter d’ailleurs à cet égard que la participation aux HackXplor est réservée à des développeurs, designers ou “semeurs de projets” qui ont déjà, à leur palmarès, des réalisations concrètes.


Quels furent les projets récompensés? En quoi consiste le projet “Lumière”, mémoire du cinéma francophone? Pourquoi Storify était-il de la partie? Comment décrocher une place au hachXplor de juillet qui se déroulera à Liège? A découvrir dans la suite de cet article, réservée à nos abonnés Select (ou, a fortiori, Premium).


Aux yeux d’un des participants belges, Romain Carlier, l’un des objectifs – au-delà de la compétition et de la création d’un projet – était aussi de “découvrir à quoi ressemblait l’écosystème, le terreau entrepreneurial et le développement informatique dans des pays africains. Et ce, sur fond de hackathon, qui est la forme la plus motivante d’événements dans le monde du développement. Le fait est, en effet, que le développement informatique africain et nord-africain souffre d’une mauvaise image en Europe, qui a été largement balayée par les participants à ce HackXplor.”

Apprendre, mode ludique

L’équipe-lauréate (composée de Togolais, d’un Malien et d’un Sénégalais) a imaginé une application “Proverbia – L’odyssée des mots”, un jeu interactif permettant de découvrir les expressions et proverbes des pays de la Francophonie. Le jeu consiste à reconstituer un proverbe dont les mots se sont éparpillés, en animant un petit personnage.

Deuxième prix: une appli mobile Scrack, inspirée du jeu Snake, qui permet aux enfants d’apprendre de manière ludique (un serpent doit réussir des calculs en mangeant les bonnes réponses).

Ces deux équipes auront l’occasion de participer au Festival HackXplor de l’audiovisuel qui se tiendra à Liège, en juillet prochain, à l’occasion du Forum mondial de la Langue française.

Festival HackXplor de l’Audiovisuel. Liège, 19-23 juillet 2015.

Les porteurs de projets peuvent encore s’inscrire à l’événement. L’événement pourra accueillir environ 80 participants (qui plancheront sur des projets). Mais, pour s’y inscrire et espérer être sélectionnés pour participer aux deux jours de hackathon, il faut dès à présent soumettre un projet ou une idée. Date-butoir des inscriptions: le 28 février. Inscriptions et renseignements complémentaires sur le site de l’événement. 

 

Des Belges parmi les autres projets

Le HackXplor de Dakar accueillait donc aussi des participants belges (voir leurs noms dans l’encadré ci-dessous).

Par ordre alphabétique: Thierry Brimoulle (Mons), Romain Carlier (Mons), Maxime Dechamps (Liège), Frédéric Delsemme (Liège), Salomé Gautier (Namur/Bruxelles), Hervé Gérard (Mons/Bruxelles), Amélie Kestermans (Mons), Antoine Pilette (Bruxelles) et Pascal Van Den Driessche (Bruxelles).

Parmi eux, Romain Carlier de l’agence Web montoise ReakLab qui a notamment fait équipe avec des Béninois pour développer un site Web collaboratif, baptisé “Lumière” – en hommage aux frères Lumière. L’idée: visualiser sur une carte du monde et selon une “ligne de temps” tous les films francophones jamais produits. Le projet fait appel à la fois à des mécanismes de géolocalisation, de cartes thermiques…

“Nous avons créé une carte interactive qui permet d’analyser l’évolution et le développement dans le temps des différents courants cinématographiques en francophonie”, explique Romain Carlier.  La ligne de temps animée permet en effet de visualiser l’évolution de la production cinématographique, par pays pu région du globe dans le temps.

“Lumière”: visualiser sur une carte du monde et selon une “ligne de temps” tous les films francophones jamais produits

“Pour nous aider, nous avons pu compter sur le soutien d’un organe de producteurs de films indépendant mondial, Kino, qui nous a envoyé des centaines de références de courts-métrages en quelques heures.” Ce qui a été développé n’est évidemment qu’un embryon, l’idée étant que ce genre de carte-témoin soit alimentée par des contributeurs qui connaissent particulièrement bien le sujet (réalisateurs, cinéphiles, distributeurs, diffuseurs…).

Comme toutes les équipes, celle de Lumière a été invitée à mettre le code à disposition de tous. Ce sera chose faite, sur GitHub, à brève échéance (après un exercice de stabilisation du code). Le projet pourrait en effet être décliné pour d’autres types d’histocartes. Par exemple, selon Romain Carlier, pour la “production d’oeuvres d’art, interventions caritatives…”

Nous ne voudrions pas oublier ici les autres projets qui ont vu le jour lors de ce hackathon:

  • “Repérage”, un site Internet permettant de s’échanger des informations sur les meilleurs lieux de tournage. Parmi les membres de l’équipe, trois Belges: Maxime Dechamps, Salomé Gautier et Hervé Gérard.
  • “Vecteur Media”, un site de partage d’expérience basé sur un système d’échange de crédits-temps
  • “CineTIC”, un cinéma virtuel
  • “Le mentor de poche”, une appli de mentoring, basée sur des avatars un peu particulier puisque les visages (animés) ne sont autres que ceux de personnalités emblématiques telles que Steve Jobs
  • “Le tam-tam d’Afrique”, une appli mobile pour apprendre à jouer du djembe
  • “Sika”: une plate-forme pour jeux de types quizz.

Les informations sur ces derniers projets ont été puisées dans le blog de Sarah Clavel, l’une des participantes du hackathon.

Un Belge manquait à l’appel

Les organisateurs avaient au départ annoncé la présence, parmi les mentors, de Xavier Damman (Storify/Livefyre). Il n’a finalement pas pris part à l’événement mais s’est fait remplacer par Philippe Modard [aujourd’hui directeur du développement chez Livefyre et un ancien de TaDaWeb (Esch-sur-Alzette) et co-organisateur du Startup Weekend 2012 de Liège].

L’avis de Romain Carlier à son sujet: “Bon mentor, bon technicien, et une très agréable rencontre humaine. Il permettait de mettre en parallèle trois “mondes” – le développement à San Francisco, à Bruxelles et à Dakar – et a conseillé toutes les équipes pour le pitch final. S’il est une chose qu’on peut reprocher à la participation de Philippe Modard à HackXplor, c’est le manque de sessions de mentoring,. Mais il s’agit là plus d’un aléa des agendas que d’un véritable souci…”