Les opérateurs télécom belges en appellent à un “new deal numérique”

Hors-cadre
Par · 13/01/2015

Cette semaine, le cabinet de conseils en stratégie AD Little publiait la première édition d’une “étude économique du secteur télécom belge”, étude commanditée par les cinq principaux opérateurs télécom du marché belge, à savoir Proximus, Mobistar, Base, VOO et Telenet.

Parmi les objectifs visés par les sponsors de l’étude: “démontrer le rôle et la contribution du secteur des télécoms dans l’économie et la société belge, ainsi que l’effet de levier qu’exercent les investissements dans les réseaux télécom sur l’économie belge dans son ensemble.”

Quelques chiffres

  • 80% des ménages belges ont une connexion Internet haut débit
  • 54% utilisent l’Internet mobile haut débit
  • explosion de l’utilisation de l’Internet mobile entre 2009 et 2013 puisqu’on en passé d’un total de 0,7 milliard de mégaoctets transférés à… 10,6 milliards
  • la progression de l’infrastructure haut débit (fixe) est moins marquée: on passe de 3,1 millions de lignes en 2009 à 3,8 millions en 2013
  • la capacité de l’Internet haut débit (fixe) est passée de 11 Mbps en 2009 à 56 Mbps en 2013
  • si le débit de l’Internet fixe a quintuplé en 4 ans, la progression est encore plus forte pour l’Internet mobile: fois 7 (moyenne des vitesses proposées par les 3 opérateurs)
  • en 2013, les opérateurs télécoms actifs sur le marché belge ont investi 1,8 milliard d’euros, “dépassant celui d’autres infrastructures de réseau” (les auteurs de l’étude font ici référence aux investissements consentis par les distributeurs d’électricité et les responsables des réseaux ferroviaire et autoroutier). Ce qui porte le total des investissements du secteur télécom à 45 milliards pour la période 2007-2013.

Des investissements “mal récompensés”

En marge de la présentation de l’étude, certains – et en particulier le patron de Base – n’ont pas manqué d’enfoncer le clou qu’ils martèlent depuis de longs mois dans la critique adressée au gouvernement wallon: la taxe sur les antennes de mobilophonie est un non-sens, compte tenu du fait qu’il est “démontré [comme le formule l’étude] que les investissements et l’innovation du secteur télécom n’ont pas seulement un effet de levier sur l’économie belge – 1 euro investi dans les nouveaux réseaux hauts débits (fixes et mobiles) génère 3 euros de PIB, ce qui représente 1,5 euro de recettes pour l’Etat – mais qu’ils accélèrent également le développement de l’écosystème numérique dans son ensemble.”

A cet égard, AD Little cite quelques effets produits par les investissements en télécoms sur le développement de l’économie (numérique ou traditionnelle): “gains de temps et de productivité pour les entreprises, amélioration de l’“expérience client”, émergence de nouvelles activités et de nouveaux acteurs.”

Alors que les opérateurs télécoms sont de “bons citoyens” (contribuant au PIB et à la fiscalité belge), ils pointent du doigt, par étude AD Little interposée, le peu d’effet de levier qu’exercent le quintet GAFAM (Google, Apple, Facebook, Amazon, Microsoft): “plus de 90% de la valeur ajoutée réalisée en Belgique par les GAFAM ne contribue pas à la croissance du PIB belge.”

Les auteurs de l’étude (AD Little) ajoutent que “les opérateurs télécoms génèrent la grande majorité des investissements alors qu’ils ne bénéficient que d’un tiers (décroissant) de la valeur ajoutée.

Dans l’écosystème numérique belge, les opérateurs télécoms ont généré 59% des revenus, mais ont contribué à  87% des investissements, 75% des emplois directs et 90% des taxes en 2013.” Voir le schéma ci-dessous.

Un appel à une nouvelle politique (publique)

Auteurs de l’étude et opérateurs font passer – en choeur – ce message: les acteurs du secteur télécom belge n’en ont pas pour leur argent. Pire, leur rentabilité est mise en danger (le discours n’est pas neuf). Lisez plutôt cette déclaration: “Les opérateurs télécoms ont augmenté continuellement  leur niveau d’investissement atteignant un nouveau record en 2013, soit 23% de leur chiffre d’affaires. Ce qui soulève la question de leur viabilité à moyen terme.”

Ils en appellent donc à la mise en oeuvre d’une nouvelle politique, plus propice à – et plus généreuse pour – leurs investissements. Un “new deal numérique”. Ni plus ni moins.

Quels sont les axes de ce “new deal” pro-investissements?

  • “une garantie de prévisibilité réglementaire afin d’assurer la visibilité nécessaire aux investissements télécoms dans les infrastructures numériques
  • la mise en place de mécanismes fiscaux et financiers incitatifs (réduction de la sur-fiscalité) qui stimulent les investissements privés dans des réseaux à très haut débit
  • l’établissement d’une équité réglementaire et fiscale entre les acteurs de l’écosystème numérique
  • la consolidation de la confiance dans les réseaux à l’heure du numérique
  • la stimulation du développement des filières numériques via une impulsion à donner par les pouvoirs publics.”

Position plutôt honorable de la Belgique dans le concert européen.