Scopiton: première ‘brique’ ERP en vue; d’autres “scops” devraient suivre

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Par · 29/10/2014

Au début de cette année (relire notre article), Jean-François Coutelier, ancien patron de société de services namuroise Damnet, levait le voile sur son nouveau projet baptisé Scopiton. Il s’agit d’une structure coopérative qui désire coaliser, structurer et, si nécessaire, incuber une série de “scops” (sociétés coopératives et participatives) ayant chacune leur spécialité et expertise en matière d’IT. Qu’il s’agisse de produits ou de services. Exemples de ‘scops’ qui pourraient ainsi s’allier dans un schéma de complémentarité: des acteurs spécialisés en ERP, CRM, comptabilité, téléphonie IP…

Avec comme point commun, une démarche coopérative, avec mutualisation de solutions et d’opportunités, intéressement des “co-opérateurs” au capital, à la gestion et à la stratégie de leur société.

Première “brique” ERP

L’idée, entre-temps, a continué d’être peaufinée et le lancement effectif du projet se dessine désormais pour la fin de l’année ou le début 2015.

A la première scop, à savoir Damnet, vient aujourd’hui s’ajouter une deuxième, en cours de constitution. Elle déploiera des compétences ERP pour PME et petites structures, venant ainsi compléter la “brique” Damnet, spécialisée en logiciels et services bureautiques (une migration de son offre vers le cloud est en cours).

La scop ERP, elle, est en train de voir le jour. Le modèle Scopiton a en effet séduit Eezee-IT qui y voit un champ d’actions potentiel complémentaire par rapport aux activités que la société déploie déjà, sur base de l’offre Odoo, pour de grandes entreprises ou la mise en oeuvre de grands projets.

L’offre de la scop ERP de Scopiton, elle, s’adressera à des PME qui veulent avant tout un ERP qui soit standardisé, peu coûteux, rapide à mettre en oeuvre, en démarrant petit et en progressant au gré des besoins (ou ambitions). L’ERP en question sera Odoo.

“La solution est très modulaire et évolutive et se prête parfaitement à la démarche que nous voulons proposer aux petites structures”, souligne Jean-François Coutelier. “La scop ERP pourra procéder à des développements mutualisés, c’est-à-dire réutilisables tels quels par d’autres PME, sans que chacune d’elles doive refinancer les développements. Il y aura donc partage des coûts entre clients coopérateurs.”

L’offre Odoo sera en outre enrichie, héritant par exemple d’un module d’intégration avec Exchange et Outlook.

“On constate souvent que les PME décident d’installer un ERP avec un certain retard par rapport aux besoins de leurs activités. Elles retardent l’échéance et sont confrontées à des problèmes. Il fallait donc trouver une méthode, un remède qui ne tue pas le malade quand on l’applique. D’où l’intérêt d’une solution légère et progressive, qui évite le sur-mesure.”

Le rôle du groupe coopératif ne s’arrêtera pas à l’offre d’une solution ERP. “Un ERP est toujours synonyme de change management. Une PME a donc également besoin d’accompagnement. Voilà pourquoi Scopiton proposera aussi du conseil en organisation et en management. Nous mettons les mains dans le cambouis, en relation étroite avec le chef d’entreprise.”

Un montage progressif

J.-Fr. Coutelier: “Scopiton, c’est de l’IT mais aussi des conseils en organisation et la possibilité d’outsourcer les services de support. Cela permet de rendre le client plus agile dans la mesure où il peut se concentrer sur son core business.”

La nouvelle scop ERP sera financée à la fois par la structure Scopiton, par Eezee-IT, par Stéphanie Millet qui devrait en prendre la direction, et “un ou deux autres partenaires, financiers ou experts en organisation IT.”

D’autres scops devraient la rejoindre – à court ou moyen terme.

Profils? Des scops spécialisées en e-commerce, en sites Internet, en gestion de stock, en services d’expédition, en logistique, en communication, en gestion RH, en services back-office (comptabilité, récupération de créances, support clientèle, enquête de satisfaction client…). Autrement dit, en fonctions et solutions qu’une PME ou petite structure désire externaliser et confier, de manière définitive ou provisoire, pour des périodes plus ou moins longues, à un tiers afin de pouvoir se concentrer sur son coeur de métier.

“Le quotidien d’une PME, c’est souvent, par exemple, un besoin ponctuel d’encodage comptable, la nécessité de pallier à l’absence d’une collaboratrice en congé de maternité…”, rappelle Jean-François Coutelier.

Et c’est aussi parce que les besoins d’une PME ne s’arrêtent pas à l’IT que l’offre du groupe coopératif Scopiton intègre aussi du conseil en organisation et la possibilité d’externaliser les services de support.

Une machine à mettre en branle

Jean-François Coutelier dit rencontrer un intérêt certain pour le nouveau modèle, plutôt inhabituel, qu’il veut ainsi lancer sur la scène belge.

Reste à concrétiser cet “intérêt certain” pour amorcer la pompe. Pas question, en effet, de capitaliser à vide. La base financière nécessaire au lancement a certes été constituée – et Scopiton reste ouverte à toute entrée au capital de nouveaux coopérateurs – mais la constitution d’un groupe cohérent de scops ne peut réellement se mettre en place que si des clients adhèrent au principe et achètent (pardon, s’abonnent puisqu’on est en mode SaaS) dès à présent la première “brique”. A savoir l’ERP.

“Nous lançons donc, en cette fin d’année, une campagne pour trouver les premiers clients potentiels. Ceux-ci auront le privilège de pouvoir participer à la “co-finition” des contours de nos services. Nous serons, jusque fin novembre, à la recherche d’entrepreneurs, de dirigeants qui partagent nos intuitions et qui pourraient en être les premiers bénéficiaires.”

Des séances d’informations seront organisées à divers endroits du pays jusqu’à la fin novembre. Voir sur le site de Scopiton pour plus de détails. 

Du succès rencontré sur le marché dépendra donc la suite du montage. “Nous avons choisi de ne pas tout en oeuvre tout de suite. Mais nous voulons nous donner les moyens de construire une offre complète d’ici 4 ou 5 ans.”

Le modèle mutualisé

La mutualisation des développements et services, on l’a vu plus haut, permettra aux clients coopérateurs de faire des économies, grâce à la réutilisation de solutions.

Exemples de services mutualisés qui devraient se retrouver à court ou moyen terme au catalogue de Scopiton:

  • réalisation d’un site d’e-commerce
  • récupération de créances clients
  • synchronisation automatique des comptes clients avec le compte en banque
  • encodage de cartes de visite et suivi commercial pour un premier rendez-vous
  • logistique mutualisée pour e-commerce
  • enquête satisfaction client
  • assistance à la certification ISO d’architecture informatique
  • assistance à la demande de subvention
  • automatisation des échanges avec le secrétariat social…

Ces services seront ajoutés au catalogue et mis en oeuvre “selon l’importance de la demande émanant des scops adhérentes. Les clients pourront y souscrire “à la carte”, de manière évolutive, et les réinternaliser à tout moment s’ils le désirent, en fonction de l’évolution de leurs compétences internes.”

“Devenir une scop du groupe coopératif Scopiton exige de remplir diverses conditions. A commencer par une adhésion au principe de management participatif.”

La mutualisation est également présente entre les différentes scops elles-mêmes puisqu’elles s’allient, objectivement et dans un esprit de coopération, afin de bénéficier, dans leurs démarches commerciales, des compétences de leurs consoeurs. “Nous communautarisons le principe d’apporteur d’affaires. Avec commissionnement croisé entre scops.”

“Scopiton, elle-même, est un intégrateur de services”, souligne encore Jean-François Coutelier. C’est le groupe en tant que tel, par exemple, qui propose les conseils en organisation, cités plus haut en matière d’implémentation ERP. Il pourra aussi procurer aux PME des services d’accompagnement en stratégie, d’amélioration et design de processus, du coaching individuel et collectif…

Le montage financier de l’ensemble est un rien complexe à décrire. Scopiton prend une participation dans chaque scop de la structure (max. 24,99%) et y délègue un administrateur. Les co-opérateurs peuvent investir non seulement dans chaque scop mais aussi dans la structure globale. Toutes les scops participent à la gouvernance du groupe. Chaque scop jouit d’une totale autonomie commerciale, “gage de responsabilisation”, souligne Jean-François Coutelier.

Condition sine qua non pour devenir coopérateur: adhérer, bien entendu, au principe de management participatif et signer un pacte d’actionnaires qui interdit tout conflit ou concurrence et définit le mode de coopération et de sous-traitance sur projets.