Des capteurs “auditifs” pour une ville plus intelligente?

Pratique
Par · 28/10/2014

Réguler le trafic – ou le chauffage au sein des bâtiments, veiller aux conditions atmosphériques, organiser des plans de mobilité en se fiant à l’ouïe, à l’analyse géolocalisée du bruit ambiant, tel est le principe que veut mettre en oeuvre le projet européen EAR-IT (7ème programme cadre) (voir encadré).

Le projet consiste à déployer des capteurs acoustiques, selon un concept qui s’applique potentiellement aussi bien aux environnements urbains qu’aux contextes professionnels et privés. Des exemples?

Le contrôle de la circulation. La ville espagnole de Santander a servi de banc d’essai, via l’installation de multiples capteurs acoustiques, en rue, en vue d’analyser et de contrôler la circulation à un carrefour situé à proximité de l’hôpital de la ville et dans deux autres rues. Ces capteurs permettent d’analyser la densité du trafic dans des endroits-clé.

Explication du professeur Pedro Maló, coordinateur du projet: “ce carrefour complexe a été la scène de plusieurs incidents de la route. Plusieurs voies s’y rencontrent, venant de directions différentes, et les véhicules de secours doivent s’y frayer un chemin. EAR-IT a installé des capteurs qui “entendent” les sirènes et déclenchent ensuite d’autres capteurs afin de pouvoir suivre le déplacement du véhicule de secours. Ces données sont ensuite utilisées pour modifier les feux de signalisation en faveur des ambulances.”

Petites oreilles, grands effets

Capables par ailleurs d’évaluer la densité de trafic, en analysant l’intensité du bruit, ils peuvent se conjuguer à des détecteurs de pollution, “constituant dès lors un outil essentiel dans les initiatives de l’Union européenne qui visent à améliorer la qualité de l’air dans les villes.”

Agenda et partenaires du projet

Le projet EAR-IT, placé sous l’égide du 7ème Programme-Cadre de l’Union européenne et doté de 1,45 million d’euros, s’est déroulé pendant deux ans (jusqu’à fin septembre de cette année). Les travaux de R&D se termineront officiellement à la fin de l’année. Plus d’informations via le site du projet. 

Partenaires impliqués:

  • Fraunhofer, via son Institut Digitale Medientechnologie (Allemagne)
  • l’Universidad de Cantabria (Espagne)
  • la Tekniska Universitet de Lulea (Suède)
  • l’Instituto UniNova de Desenvolvimento de Novas Tecnologias (Portugal)
  • Easy Global Market (France), société de services et de conseils en ingénierie ICT
  • MANDAT International (Suisse), fondation reconnue d’intérêt public qui remplit des missions de conseils auprès des Nations Unies (promotion de la coopération internationale, service d’information…)
  • et Wuxi Smart Sensing Stars (Chine), société spécialisée dans les solutions Internet des Objets mobiles, dirigée par l’ancien directeur scientifique de Nokia, Jian Ma.

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Mais les applications urbaines potentielles ne s’arrêtent pas là. Ces capteurs, qui peuvent être implantés dans les infrastructures – par exemple dans les luminaires ou le mobilier urbain – ou n’être installés que de manière provisoire, peuvent servir à des fins plus ludiques. Comme par exemple, “envoyer un message à une application sur smartphone afin d’informer d’un concert se déroulant à proximité ou d’un événement qui intéresserait potentiellement le destinataire.”

Autre exemple d’application: la surveillance et le contrôle de la consommation énergétique des bâtiments ou encore de leur sécurité, qu’ils soient à usage public, professionnel ou privé. Dans ce genre de contexte, les capteurs acoustiques déterminent s’il y a ou non présence d’une personne à l’intérieur du bâtiment ou du local et… ce qu’elles y font. Il devient dès lors possible de piloter divers équipements domotiques: “ouvrir les fenêtres, fermer les rideaux, allumer et éteindre le chauffage ou les lumières automatiquement”, énumère le professeur Pedro Maló.

Autre exemple lié à la sécurité: des capteurs acoustiques peuvent détecter la chute d’un corps ou une situation périlleuse pour une personne âgée, invalide ou malade.

Européen, il aurait été étonnant que le projet EAR-IT ne prête pas une attention toute spéciale à la manière dont les données collectées seront traitées et respecteront la vie privée des personnes détectées et de leurs équipements ou objets connectés suivis à la trace. Un important chapitre de la recherche a donc été consacré à cette problématique. Plus d’informations via le site du projet 

A terme, les développeurs devraient également pouvoir recourir à un outil en-ligne qui les aidera à évaluer les implications vie privée de leur future application. Il pointera les risques de litiges juridiques potentiels et formulera des propositions afin de rendre la solution finale respectueuse des législations et dispositions légales.

A lire également, notre dossier sur l’Internet des Objets, vu sous l’angle des possibilités de maîtrise qu’ont les utilisateurs, privés ou professionnels, de leurs objets connectés, des implications en termes de monétisation volontaire, de responsabilités, d’obligations et de risques.