Ecologistics: promouvoir la traçabilité en logistique

Pratique
Par · 27/08/2014

Le projet Interreg Ecologistics, co-financé par l’Europe et les régions participantes (Wallonie, Nord-Pas-de-Calais…), se donne notamment pour objectif de permettre aux PME de s’insérer plus efficacement dans la chaîne de valeur des processus logistiques.

L’espoir est d’améliorer la traçabilité de la chaîne logistique en donnant, notamment, aux PME les outils (informatiques) nécessaires pour le faire.

Autrement dit: “parer aux carences en équipements et combler les besoins en outils, à différents stades de gestion des processus logistiques – orchestration des mouvements logistiques, collecte des informations, remontée d’informations, échanges sécurisés de données entre acteurs de la chaîne…” En tenant compte du fait que tous sont loin d’être égaux.

Encore souvent sous-équipées en solutions logistiques informatiques, nombre de PME apparaissent en effet comme le parent pauvre et – potentiellement – la maillon faible de la chaîne logistique. Comme souvent, la loi de Pareto s’applique en la matière: “20% des acteurs de la chaîne logistique sont de gros intervenants, généralement bien informatisés, et en assument 80% des flux. Les 80 autre pour-cents sont constitués de PME”, souligne Yves de Blic, directeur de projets en traçabilité chez Multitel, l’un des partenaires du projet.

Mais les PME ne sont pas les seules visées par le projet. Les grands acteurs logistiques, eux aussi, n’exploitent pas forcément les outils à disposition, notamment les formats EPC (Electronic Product Code) et la norme d’échange de données EPCIS). L’identification et le “traçage” des produits, marchandises et biens font encore souvent défaut ou ne sont pas intégrés.

En décembre dernier, la société Zetes, spécialisée dans les solutions d’identification des biens et des personnes, publiait par exemple une étude révélant que “90% des entreprises industrielles ignorent l’importance d’un système PES [packaging execution system; gestion intégrée du conditionnement et de l’emballage] et mettent ainsi en péril leur traçabilité.” Un PES, soulignait la société “est à l’identification des produits conditionnés ce qu’un système d’exécution de fabrication (MES) est à la fabrication: il  assure la conduite centralisée de toutes les actions en rapport avec le processus en question.”

Autre lacune: la non-intégration de la chaîne logistique et de la ligne de conditionnement avec les systèmes ERP. Ce qui entraîne une série de risques: “configuration locale, indépendante et souvent manuelle, forte probabilité d’erreurs (présence d’informations erronées sur les étiquettes, non respect des normes GS1 et EPC…) dues au manque de visibilité et de traçabilité des actions, des événements et des informations, ainsi qu’à l’absence d’agrégation des données et à l’inexistence d’un contrôle automatisé. […] C’est toute la traçabilité des produits qui est menacée dans la mesure où l’on ne peut alors garantir que les processus d’identification et de contrôle se sont déroulés parfaitement.”

Les disparités entre les différents intervenants de la chaîne empêchent encore souvent de mettre en oeuvre une traçabilité efficace des biens et marchandises. L’objectif du projet Ecologistics est donc de constituer un socle de bonnes pratiques et d’outils exploitables par tous – petits ou grands – en mariant équipements existants et nouvelles technologies. Sans provoquer de bouleversement ou exiger des investissements trop importants.

Par la même occasion, le projet européen espère donner les moyens à la logistique d’améliorer sa rentabilité (gestion plus efficace des stocks, réduction des trajets, minimisation de l’empreinte écologique…).

L’ancien et le nouveau

Pour améliorer l’efficience des PME, le projet Ecologistics vise à vulgariser le recours aux technologies et à démontrer qu’il ne faut pas forcément faire table rase de l’existant. “Le tout est de démontrer la complémentarité des technologies, de jeter un pont entre flux logistiques et flux d’informations.”

Autrement dit, définir des scénarios d’utilisation et de bonnes pratiques où se marient par exemple les traditionnels codes-barres (1 et 2D) et des technologies plus évoluées (RFID, smartphones…) et où les formats existants coexistent avec des normes plus récentes. Le tout harmonisé grâce aux formats d’identification EPC (Electronic Product Code) de GS1 EPC Global Network.

Le projet se déroule en plusieurs phases. Au stade actuel, des enquêtes, menées auprès d’entreprises de divers secteurs, et des ateliers se concentrent sur l’identification des besoins (description des flux logistiques, identification des difficultés rencontrées sur le terrain…).

Parmi les exercices en cours: l’évaluation, par des sociétés européennes actives dans divers secteurs, du rapport coûts-bénéfices de l’EPC en tant qu’outil d’optimisation des différentes étapes de la chaîne logistique. Par exemple, par son aptitude à rationaliser la gestion des stocks et à réduire ainsi les coûts d’approvisionnement et de livraison occasionnés par une disparité entre état des stocks et niveau de commandes.

Participants au projet

Participants locaux: Multitel, centre de recherche montois spécialisé en télécommunications et traitement du signal et de l’image, Eurometropolitan e-Campus, organisme de formation (Tournai), Logistics in Wallonia, Forem.

Partenaires étrangers: clusters Euralogistic et i-Trans (France), GS1, le centre de recherche luxembourgeois Henri Tudor, IPL (société de consultance allemande), l’École centrale de Lille et l’Université technique d’Eindhoven.

La coordination du projet Ecologistics a été confiée à l’Université de Mons (Institut InforTech

Sur base de ces données, des scénarios seront élaborés, dans 5 domaines thématiques: agro-alimentaire, logistique urbaine, santé…

Un certain nombre de flux – tant réels que virtuels – seront alors documentés qui couvriront la totalité des maillons de la chaîne logistique et tous les échanges d’informations et imbrications de processus qu’elle implique. S’en suivra une sélection des “meilleures briques” technologiques, que ce soit au niveau de l’orchestration des processus logistiques, de la saisie et de la remontée des informations concernant ces processus et les mouvements de la chaîne logistique, ou encore d’échange de données entre les différents intervenants.

Troisième étape: une fois les scénarios définis, il s’agira de les mettre en oeuvre en informant et formant les PME à l’utilisation des briques technologiques qui auront été retenues. Pour ce faire, des “démonstrateurs”, basés sur des logiciels open source, seront mis à disposition à des fins de formation, sur site ou via séances virtuelles à distance. De quoi “mettre en évidence l’intérêt et les limites des différentes technologies, ainsi que leur complémentarité et leur interopérabilité grâce aux standards GS1 et EPC” et “illustrer des scénarios tirés de problématiques réelles.” Plusieurs outils devraient être proposés: ateliers de simulation, outils didactiques, voire jeux sérieux.

Une conférence dédiée à la traçabilité se déroulera le 14 octobre prochain, à l’initiative des partenaires du projet Ecologistics, dans le cadre de l’événement “The European Forum of Logistics Clusters”.