Serious games: rendre le musée plus ludique

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Par · 07/07/2014

Jeu sérieux “Renaissance 2.0” au Mundaneum

Le jeu sérieux commence à être perçu comme un instrument intéressant pour les musées pour attirer et intéresser un public nouveau: les enfants mais aussi les adultes. Le degré de complexité et d’informations que le jeu peut procurer peut en effet être largement modulé.

En termes de “jeu”, il faut encore bien souvent parler de simple animation. Mais des projets plus construits ont déjà vu le jour. Ainsi à Mons, en 2013, le Mundaneum avait demandé à Fishing Cactus de lui concocter un petit jeu sérieux destiné aux plus jeunes afin de leur faire découvrir de manière ludique l’espace du Mundaneum et l’exposition “Renaissance 2.0” qu’il accueillait.

Résultat: un jeu pour tablette tactile, structuré en plusieurs niveaux via lesquels les participants pouvaient faire la connaissance des pionniers du Web, notamment les fondateurs du Mundaneum, les Belges Paul Otlet et Henri La Fontaine, considérés par certains comme les précurseurs de l’hypertexte et de ce qui allait devenir, un siècle plus tard, la “Toile” Internet.

 

Autre exemple de jeu éducatif développé par Fishing Cactus: Alimentarium pour l’exposition permanente organisée par le musée du même nom (il se trouve à Vevey en Suisse). L’exposition propose de découvrir comment les services de table ont évolué au cours des siècles, “depuis le service à la française des 17ème et 18ème siècles jusqu’à la disparition de la table aux 20ème et 21ème siècles, en passant par le service à la russe du 19ème et début du 20ème siècle.”

Pour cette découverte, le jeu interactif développé invite quatre joueurs à s’installer autour d’une table tactile afin de dresser le plus vite possible le type de repas correspondant au siècle demandé.

 

“Le jeu”, explique Sophie Schiaratura, responsable communications chez Fishing Cactus, “permet également de se rendre compte de la révolution numérique au centre de laquelle nous nous trouvons depuis plusieurs décennies. Çà et là, des informations sont proposées à l’utilisateur afin de l’aider dans sa découverte de l’exposition.”

L’année prochaine, de nouvelles créations de type serious games pour découverte muséale pourraient voir le jour. Un projet pourrait voir le jour en collaboration avec divers intervenants internationaux. Des contacts ont ainsi été noués récemment à l’occasion d’une mission économique en Finlande où divers acteurs montois ont rendu visite au cluster Playa Hub de Kotka, spécialisé en jeux vidéo. Ces contacts pourraient déboucher sur des développements en commun destinés au monde de la culture et des musées. Notamment un jeu géolocalisé.

Jeu adaptatif

JIRA, acronyme de “Jeux In-door en Réalité Augmentée”, est un projet de R&D initié dans le cadre de l’appel à projets “GreenTIC” lancé, en 2013, par la Région wallonne. 

L’un des marchés-cible de JIRA est le monde de la culture, auquel il pourrait ouvrir les portes de visites virtuelles d’un genre nouveau. Le projet, basé notamment sur des technologies de géolocalisation indoor, vise en effet à développer des systèmes de jeux qui, d’une part, généreraient des contenus (visuels, actions, interactions…) s’adaptant automatiquement à chaque visiteur en fonction de sa position dans l’espace et de son comportement, et, d’autre part, proposeraient des scénarios d’interactions entre visiteurs, là encore via analyse de leurs mouvements et comportements.

La plate-forme à développer permettrait de gérer interactions, communications (dans l’enceinte du lieu visité mais aussi vers le monde extérieur), prodiguerait des commentaires en temps réel sur les oeuvres et autoriserait la production de jeux personnalisés.

Partenaires du projet: Amoobi, Fishing Cactus, l’ULB et Numediart (Faculté Polytechnique de Mons).

GSM et smartphones

Gemotions est une jeune société spécialisée dans les jeux géomobiles via SMS qui peuvent faire office de jeux de pistes, parcours de découverte, chasses au trésor, équipées de teambuilding… Ces jeux, initialement uniquement “formatés” SMS mais désormais destinés aussi aux smartphones et à leur potentiel de géolocalisation, se concentrent encore sur des parcours touristiques ou d’agrément en extérieur. Mais Philippe Depuydt, créateur de la start-up, n’en pointe pas moins également les musées comme une cible de clientèle potentielle.

A ce jour, il ne compte encore que deux réalisations à son actif: un projet développé pour la galerie d’art de Belgacom et un jeu de piste qui prend des allures de balade gastronomique, commandé et réalisé par le Musée du Cacao et du Chocolat à Bruxelles. Le parcours “A la découverte du chocolat” permet de découvrir à la fois le musée et quelques grands chocolatiers de la capitale. Dégustations à l’appui.

Au fil du temps, Gemotions a ajouté de nouvelles fonctionnalités à ses jeux de pistes: possibilité de suivre en temps réel, via son portail, les joueurs participants (“s’ils acceptent d’être pistés”, précise Philippe Depuydt), suivi de leurs scores (temps de résolution des énigmes, pénalités, temps de pause…). Il est même possible, à distance, de tuyauter les participants en leur envoyant les réponses aux énigmes. Et un participant qui a terminé un parcours et a découvert les réponses peut en devenir le “parrain”, invitant d’autres joueurs à participer. Il pourra alors être averti dès l’instant où ces “filleuls” commencent le parcours, les suivre, les aider… Le tout avec géolocalisation – en tout cas pour la version smartphone (actuellement en version bêta pour appareils Android 4 et versions ultérieures). “Nous allions tourisme interactif et ludique et création de liens sociaux”, commente Philippe Depuydt.