Creative Hubs: labos vivants d’une “nouvelle” économie

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Par · 30/06/2014

En janvier de cette année, une initiative voyait le jour en Wallonie afin de faire se rencontrer et coopérer des acteurs économiques venus d’horizons divers. Objectif: susciter de nouvelles idées et compétences afin de transformer des secteurs et métiers traditionnels en acteurs de l’économie “créative”. Autant dire que tout ce qui touche à l’IT et au numérique a un rôle majeur potentiel à jouer dans ce scénario afin de rénover et dynamiser aussi bien les modes de pensées, les processus de gestion et d’innovation et les “comportements” qu’adoptent notamment les entreprises- de toutes tailles- dans leurs démarches commerciales et concurrentielles.

L’intention sous-jacente est également d’apporter du liant et de la cohérence entre des projets en tous genres qui fleurissent ces derniers temps: fab labs, coworking spaces, culture in vitro de start-ups…

Source: Creative Wallonia

Un appel a donc été lancé, dans le cadre du programme Creative Wallonia, afin de susciter l’émergence de “hubs créatifs” qui fassent la part belle aux méthodes nouvelles d’innovation, à des mécanismes de collaborations transdiciplinaires et à des partenariats public-privé (avec un poids prépondérant réservé aux acteurs publics).

La recette à concocter vise également à permettre de coaliser les forces, à rendre certaines initiatives plus pertinentes et à augmenter leurs chances de pérennité, afin de créer de nouvelles activités économiques, davantage viables.

Autre finalité: (re)dynamiser certains territoires ou zones géographiques, en ce compris l’extra-urbain.

Après examen des propositions, 7 dossiers ont été retenus par les autorités régionales, à savoir ceux remis par des équipes constituées à Liège, Louvain-la-Neuve, Namur, Arlon/Marche, Mons, Tournai et Charleroi.

Un paysage trop pointilliste

Tel que défini, l’appel à projets mettait clairement l’accent sur la nécessité de proposer des projets visant au maillage d’activités entre acteurs d’une même région, à la (re)création de synergies locales, et à la dynamisation du “territoire”. Voilà pourquoi l’expression de “pôles physiques territoriaux multidisciplinaires” est parfois aussi utilisée pour désigner ces “hubs”.

Si leur point majeur d’ancrage sera les “principaux centres urbains” wallons, l’une des exigences du cahier des charges était de créer des liens vers l’écosystème géographique et les zones semi-rurales, plus ou moins immédiates, qui entourent ces centres urbains.

Voilà pourquoi le hub créatif de Charleroi, par exemple, a ajouté “Sud Hainaut” à son patronyme et a inclus dans sa liste de partenaires la Fondation Chimay Wartoise qui conduira des actions davantage tournées vers les zones rurales.

 

Imaginés comme des partenariats public/privé, les “hubs créatifs” doivent nécessairement inclure au minimum comme participants actifs deux sociétés privées locales, un acteur académique ou centre de recherche, un protagoniste venu du monde de l’animation économique (un CEI par exemple), un centre de travail collaboratif (co-working center, smart work center) et un acteur issu de la sphère numérique.

Quelle aide financière apporte la Région aux dossiers retenus? Pour la première année, la Wallonie, dans le cadre de son programme Creative Wallonia, libère des fonds allant de 100 à 250.000 euros, passant ensuite le relais (attention à la continuité des projets!) vers les programmes européens Feder et FSE pour lesquels les hubs doivent donc remettre des dossiers (la sélection des projets retenus sera effectuée au début de l’année prochaine).

Les budgets alloués par la Région varient en fonction du caractère novateur et ambitieux du projet que chaque région candidate a rentré et du nombre d’actions planifiées. Sur base de ces critères de jugement, les dossiers rentrés par Namur, Mons ou encore Charleroi ont reçu de plus grosses enveloppes. Le Luxembourg et Tournai ont reçu moins pour cause de dossier moins évolué dans sa réflexion. Dans ces deux cas, les études de faisabilité des projets réalisables doivent en effet encore avoir lieu.

 

“Le défi de l’implication des zones rurales et de l’activation de l’hinterland sera sans doute plus important pour les hubs de Namur et de la province de Luxembourg”, souligne Vincent Lepage, directeur du Département de la compétitivité et de l’innovation à la DGO6. “Ce n’est pas une obligation absolue dans le cadre du programme Creative Hubs mais c’est une option qui a été prise. Il s’agit de sortir du microcosme urbain et de trouver de nouveaux axes de présence et d’action dans des zones qui ne sont pas forcément propices.”

Comme nous l’indiquons dans l’encadré ci-contre, le financement public venu de la Région n’accompagnera les hubs que la première année. Pour déployer plus largement et à plus long terme leurs projets, ils devront ensuite se tourner vers d’autres mannes éventuelles, à savoir les subventions européennes Feder e/ou FSE. Dans l’espoir d’éviter le risque jamais absent du syndrome du pétard mouillé…

Certaines personnes impliquées dans les projets de hub créatif mettent d’ailleurs en garde sur la difficulté qu’il y aura peut-être à faire le lien entre la phase Creative Wallonia et celle des projets Feder. “Le programme Feder est surtout orienté infrastructures. Les projets FSE sont plus centrés sur les formations et les individus. Il ne sera donc pas nécessairement évident de pérenniser les projets lancer ou leur financement”, souligne Eleonore de Bellefroid, development manager pour CreatiVillage (Louvain-la-Neuve). “La Région devra donc sans doute poursuivre son effort. Il s’agira de miser sur le maillage, de conduire des projets représentant une réelle valeur ajoutée pour le développement économique dynamique de la Région.”

La réflexion sera également lancée, par exemple, du côté du hub créatif de Charleroi/Sud Hainaut. “Dès la phase impulsée par Creative Wallonia, une recherche sera menée, en collaboration avec l’ULB, afin d’évaluer les retombées du programme Hub créatif. Ensuite, lorsque l’on passera à la dimension Feder, d’autres recherches interviendront en matière de protection de propriété intellectuelle de la démarche créative. Il faudra développer un modèle économique qui garantisse que les résultats des projets de hub créatif génèrent un financement permettant de les pérenniser.”

Les 7 dossiers retenus

Sept dossiers ont donc reçu l’aval de la Région. Un par province, à l’exception du Hainaut qui en totalise trois: Liège, Louvain-la-Neuve, Namur, province de Luxembourg, Mons, Tournai/Wallonie picarde, Charleroi/Sud Hainaut.

Dans l’article que nous consacrons à chacun d’eux dans ce dossier, nous nous bornons à décrire les aspects de leur dossier qui portent sur des réalisations orientées IT et numérique. Bien d’autres orientations concernent des domaines “créatifs” divers, allant de la culture au tourisme en passant par l’emploi ou l’aménagement du territoire.