Haulogy: des solutions IT pour un secteur énergétique bouillonnant

Portrait
Par · 27/06/2014

Voici quelques années, la société Haulogy, basée à Braine-le-Comte, saisissait l’opportunité de la libéralisation du secteur de l’énergie pour développer diverses solutions de gestion et d’intégration destinées aux opérateurs, tant “historiques” que nouveaux entrants. Désormais, les solutions destinées au secteur de l’énergie représentent environ 60% des activités et des revenus de la société.

Son positionnement spécifique: proposer des solutions facilitant et automatisant au maximum la gestion des processus d’échanges et de traitement d’informations par les différents maillons de la chaîne, en particulier les fournisseurs d’énergie et les GRD (gestionnaires de réseaux de distribution). De tels processus sont complexes non seulement parce que la libéralisation du secteur a multiplié les intervenants mais aussi parce que les informations à traiter sont variées (données de gestion techniques, modifications d’index, de tarifs, changements de fournisseurs, déménagements…)

La première solution développée fut un système de clearinghouse permettant ces échanges d’informations entre acteurs – “depuis le relevé d’index jusqu’à la facturation”. Aujourd’hui, cette solution est utilisée aussi bien par Tecteo que par les petits GRD wallons.

Dans un deuxième temps, la société a développé des solutions plus spécifiques pour les deux types d’acteurs auxquels elle s’adresse, à savoir les GRD et les fournisseurs.

Solutions pour GRD

Pour les gestionnaires de réseau de distribution, Haulogy propose une solution totale conçue de manière modulaire. Elle combine une plate-forme clearinghouse, en partie basée sur la solution open source d’Odoo (ex-OpenERP; modules de gestion financière, de gestion des stocks, projets, travaux…), divers modules verticaux (gestion des raccordements, de l’indexage…), et une solution GIS (solution ESRI commercialisée par GIM/Projections).

Patrick Donnay: “Notre intégré nous procure des perspectives intéressantes sur les marchés internationaux où les petits GRD sont souvent nombreux.”

Cette dernière joue les interfaces vers la comptabilité, “permettant aux GRD de documenter en temps réel la valeur de chaque actif de leur réseau (cabines, poteaux, lignes…)”, explique Patrick Donnay, patron de Haulogy. “Tous ces actifs sont en effet répertoriés dans le GIS afin de pouvoir documenter les rapports et chiffres à soumettre au régulateur”.

Avec cette solution intégrée, Hauloguy s’adresse essentiellement à de “petits” GRD, autrement dit des gestionnaires de réseau comptant jusqu’à 150.000 points de raccordement. Parmi les clients dans cette catégorie: le trio AIEG (Namur/Hainaut), AEISH (Sud Hainaut) et Régie d’Electricité de Wavre qui ont décidé de “regrouper leur IT et de la confier en outsourcing à notre société”. La migration est encore en cours.

“En Belgique, nous gérons ainsi, pour les GRD clients chez nous, quelque 70.000 points de raccordement.” Le marché étant exigu, les perspectives futures se situent aussi à l’étranger. “L’intégré que nous proposons nous procure des perspectives intéressantes sur les marchés internationaux, les “petits” GRD étant souvent nombreux dans pas mal de pays.”

Solutions pour fournisseurs

“A nos débuts, notre solution visait la gestion des échanges d’informations. Avec le temps, nous avons évolué vers un catalogue de produits de gestion couvrant tous les processus des fournisseurs d’énergie” (électricité, gaz), souligne Patrick Donnay. A savoir: CRM, facturation, tarification, production de rapports légaux, interfaces vers les systèmes de comptabilité ou ERP. “Nous proposons donc désormais une offre intégrée, incluant solutions de gestion, échanges de messages et connecteurs (EnergyComm).”

Développé selon les préceptes d’une architecture SOA, le module EnergyComm permet aux fournisseurs de gérer leurs échanges et relations avec les GRD et se connecte aux principales solutions back-office du marché (SAP, par exemple).

Les outils de gestion des processus (gestion de contrat, facturation, reporting légal…) constituent quant à eux la solution Haugazel, qui s’appuie sur un moteur de workflow et de règles (paramétrables). Le logiciel en est aujourd’hui à sa version 4 qui, affirme Haulogy, est à même de répondre aux besoins de grands fournisseurs d’énergie.

Troisième élément de l’intégré: le calculateur de facture énergétique, baptisé GridFee. Il permet à chaque fournisseur d’énergie de pré-calculer ce qu’il doit au GRD en fonction de la quantité de trafic généré sur son réseau. Calcul potentiellement complexe “dans la mesure où chaque GRD applique des tarifs propres, où les taxes régionales varient…”

Cette solution, hébergée dans le cloud, est en fait proposée sous forme de service: les fournisseurs paient la solution “à l’usage”, en fonction de la fréquence avec laquelle ils la sollicitent pour des calculs. “L’avantage, notamment, pour eux est de ne plus devoir tenir à jour eux-mêmes les grilles de tarifs et de taxes”, souligne Patrick Donnay.

La totalité des solutions destinées aux fournisseurs d’énergie sont d’ailleurs hébergées et gérées dans le cloud, proposées en mode SaaS. Sur la vingtaine de clients qu’elle compte dans le monde belge des fournisseurs d’énergie (notamment de nouveaux venus tels que Total ou Octa+), 12 ont choisi un hébergement dans le cloud. “Nous nous rémunérons en fonction du nombre de points de raccordement gérés.”

“Marché porteur”

Patrick Donnay estime que les choix faits voici quelques années (architecture SOA, découplage entre modules de gestion, clearinghouse ou connecteurs et back-office…) lui ouvrent de belles perspectives. “Tous les acteurs du marché sont confrontés à une intense pression, tant d’origine politique que tarifaire. Tous, mêmes les plus grands, veulent réduire leurs coûts. Les systèmes hyper-intégrés, monolithiques, d’hier ne sont pas adaptés au modèle d’un marché libéralisé.”

Une autre évolution majeure sur le marché de l’énergie constitue, à ses yeux, une opportunité de développement pour sa société.

Pour répondre aux nouvelles contraintes de marché (productions décentralisées, consommations diversifiées, nouveaux producteurs…), de nouvelles solutions orchestrant les échanges d’informations et les relations entre les divers acteurs vont devoir se mettre en place. Parmi elles, une clearinghouse centralisée au niveau national, placée sous l’égide de la “plate-forme de concertation” ATRIAS. Voir notre encadré.

ATRIAS

Société créée en mai 2011 par les GRD Eandis, ORES, Infrax et Sibelga, rejoints ensuite par Tecteo, ATRIAS se définit comme une “plate-forme de concertation neutre et objective entre gestionnaires de réseau, fournisseurs et régulateurs régionaux.”

Objectifs: “élaborer un nouveau modèle de marché, développer une application unique d’échanges de données de marché, qui s’appuie sur un nouveau protocole de communication MIG 6 (Message Implementation Guide), et garantir l’exploitation opérationnelle des systèmes informatiques nécessaires à l’exécution des tâches confiées à cette application unique.”

Le nouveau modèle de marché a pour but de répondre efficacement à de nouvelles contraintes: les productions locales, les compteurs intelligents, les objectifs de réduction des consommations électriques fixés par l’Europe (le “triple 20”), l’émergence de nouveaux producteurs, la percée attendue des véhicules électriques et les modes de consommation nouveaux qu’ils induiront…

Premier gros chantier: la mise en oeuvre d’une clearinghouse centralisée, devant “structurer et faciliter tous les échanges de données entre acteurs du marché belge.” L’idée est de consolider les portails actuels des divers clearinghouses (Tecteo, Sibelga, Infrax, Eandis, Ores….), dont les fonctionnalités sont quelque peu disparates (données de comptage, données concernant les points d’accès (connexions de clients), historiques contractuelles, relevés et/ou évaluations d’index, reporting, scénarios de marché…), et procurer de nouvelles fonctionnalités.

 

Le futur CMS “Central Market System” se basera sur de nouveaux processus et mécanismes de messagerie (protocole de communication MIG 6- Message Implementation Guide) qui doivent prendre en compte les nouvelles contraintes (production, comptage, nouveaux modes de consommation…). La nouvelle plate-forme verra en outre XML remplacer l’ancienne norme EDIEL (l’EDI spécifique au secteur de l’électricité).

L’attribution de ce gros marché que constitue le clearinghouse centralisé unique est en principe prévue pour le courant du mois de juillet. Cinq candidats se disputent le contrat: Accenture, IBM (qui postule en duo avec Haulogy), NRB, CGI et Atos Worldline.

“L’arrivée du MIG 6 va changer tous les processus. Tous les fournisseurs devront l’adopter. Ils ont deux ans pour se mettre à niveau. Le big bang se produira au 1er janvier 2017.

Que nous soyons ou non choisis pour fournir la solution de clearinghouse, l’arrivée du MIG 6 constitue une importante source d’activités pour Haulogy [qui s’attend à devoir recruter de nouveaux collaborateurs]. Tous nos clients – qu’ils soient fournisseurs ou GRD – devront adapter leurs systèmes. Nous proposons en outre un accompagnement complet, avec consultance et formations, tant technologiques que business. C’est par exemple par le biais de la consultance que nous avons décroché ENI comme nouveau client…”

Ambitions internationales

Haulogy espère en convaincre d’autres. “Tous les fournisseurs, grands compris bien entendu, devront passer au MIG 6. Ce sera peut-être l’occasion pour certains d’entre eux, tels qu’EDF Luminus, de se tourner vers notre connecteur EnergyComm pour faciliter leur migration.”

Une version MIG 6 de ce connecteur est en cours de préparation. “L’avantage de cet outil est d’être basé sur un moteur de règles. Il peut dès lors s’adapter aux nouvelles contraintes du protocole ou aux nouvelles règles édictées par les autorités publiques. Comme ce fut le cas récemment en Wallonie dans le dossier des panneaux photovoltaïques…

La manière dont nous avons architecturé la solution [en mode SOA] nous a permis de dissocier le back-office de l’échange des données. De ce fait, un module tel qu’EnergyComm devient intéressant pour les fournisseurs.”

Et ce même connecteur servira aussi de tremplin vers l’international. Premiers marchés visés: les Pays-Bas, la France, le Grand-Duché et l’Allemagne. Là aussi, la capacité d’adaptation des règles permet de développer des connecteurs nationaux répondant aux contraintes locales (protocoles de communication synchrones ou asynchrones, par exemple). “En international, nous viserons d’abord le marché du B2B qui est davantage réglementé, et donc moins compliqué en termes de maintenance, que le marché résidentiel.”

Pour ses ambitions d’extension à l’international, Haulogy se tournera vers des partenaires locaux – un par pays. Profil? “Des sociétés spécialisées en échanges d’informations sur le marché de l’énergie). “Une version hollandaise d’EnergyComm sera disponible au début 2015. Une version allemande, et sans doute française, suivra début 2016.”