Sapristic: 2ème acquisition. Mission: croissance

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Par · 06/06/2014

Voici deux semaines, BSB annonçait la vente de ses activités SAP à Jean Martin, qui avait été son fondateur et son directeur jusqu’il y a quelques mois. Relire notre article.

Dans le cadre de ses nouvelles activités professionnelles, logées dans la holding Sapristic International (financée sur fonds propres), Jean Martin s’est d’emblée donné comme ambition et leitmotiv d’investir dans des sociétés locales innovantes, présentant un fort potentiel de croissance.

Dès le rachat des activités SAP de BSB, il avait indiqué qu’une deuxième acquisition était en préparation. Le voile est aujourd’hui levé: il s’agit de BiiON, société basée à Nivelles qui propose à la fois des services, des solutions électroniques et des logiciels de gestion de données et de contrôle de qualité temps réel pour des environnements de production particulièrement exigeants.

Ses compétences touchent à une multitude facettes: contrôle de processus pour toutes sortes d’équipements divers (fermenteurs, stérélisateurs…), gestion des lots, surveillance de paramètres environnementaux d’espaces de production et de salles blanches, traçabilité (lecture de codes-barres, signature électronique…), planification et ordonnancement…

Principal secteur visé dans l’état actuel des choses: l’industrie pharmaceutique. Parmi ses clients: GSK Bio, AkzoNobel, NextPharma, des hôpitaux (CHU de Liège, UCL Saint-Luc), Nycomed, Pfizer, UCB…

Jean Martin: “BiiON peut assez rapidement tripler son chiffre d’affaires (il est aujourd’hui de 4 millions) et rétablir sa rentabilité.”

BiiON mène en fait deux types d’activités. D’une part, des solutions de gestion de données techniques et de projets « clé en main » (automatisation, gestion de données temps réel de lignes de production. « Du capteur jusqu’au serveur ».

De l’autre, une offre de produits et solutions « pré-packagées », qui sont le résultat d’un développement effectué au départ (et co-financé) par GSK Vaccins. Cette dernière avait en effet besoin d’une solution globale intégrée qui communique avec tout type d’équipement et qui lui évite de recourir à des applications spécifiques et propriétaires pour le contrôle des multiples équipements et processus qui caractérisent le cycle de production des vaccins. La solution développée – Keos (Keep an Eye On Systems) – assure la surveillance d’environnements de type salles blanches et la traçabilité de la production.

Au-delà du secteur pharmaceutique, Keos s’adresse potentiellement à des secteurs tels que les nanotechnologie, les sciences du vivant, les biotechnologies, l’aérospatial, les data centers

Points communs: l’IT et le potentiel

L’entité de BSB et BiiON n’ont pas de marché en commun. Et ce n’est pas là une condition pour Jean Martin: “Je ne cherche pas de synergies entre les activités rachetées. Mes seuls critères de départ sont une orientation IT, puisque c’est là qu’est mon expérience passée, et des sociétés qui soient saines, réalisant un chiffre d’affaires de l’ordre de 3 à 5 millions d’euros, qui peuvent être rapidement amenées à plus de 10 millions d’euros, et pour lesquelles je peux mettre mon expérience  à profit pour favoriser leur développement.”

Jean Martin: “Les acquisitions de Sapristic seront considérées comme des placements à long terme. Je n’ai aucune intention de sortir après trois ans…”

Autre critère: “un management de qualité et fidèle.”

Ces conditions, BiiON les remplissait selon lui. “BiiON présente un important potentiel de croissance. A cause de la crise, les sociétés n’ont plus investi dans le contrôle de qualité mais on constate aujourd’hui que les investissements repartent. Entre-temps, les normes de production sont devenues plus contraignantes, ce qui nécessitera de nouveaux investissements. Par ailleurs, si l’industrie pharmaceutique a été, jusqu’ici, le marché historique de la société, la pression réglementaire touche d’autres secteurs, tels l’agroalimentaire et les biotechnologies. A terme, ce sera le tour du secteur hospitalier qui, ne serait-ce qu’à titre préventif, doit appliquer des mesures de contrôle pour les salles de chirurgie, la production et préparation des médicaments…”

La croissance devrait aussi venir de l’international. “BiiON détient une technologie qui peut aisément s’exporter. Et c’est là aussi – construire un réseau de distribution international – quelque chose que je sais faire.”

La société est déjà présente à l’international, y réalisant environ 20% de son chiffre d’affaires, mais l’avis de Jean Martin est qu’elle peut mieux faire. “Il faut mieux structurer la démarche. Il s’agit désormais pour elle de réinvestir dans la croissance. Elle a l’avantage d’avoir peu de concurrents dans la mesure où, dans son domaine, un important argument est celui de la proximité afin de pouvoir garantir des interventions rapides aux clients.”

Anne Cassart: “Sapristic nous fournit un levier pour nous internationaliser, chose pour laquelle nous n’avions pas jusqu’ici la structure voulue.”

En gestion et supervision de données techniques, les concurrents de BiiON sont en fait, soit de très grandes sociétés, telles Fabricom, soit « de très petites sociétés. Nous nous situons entre ces deux extrêmes », souligne Anne Cassart, directrice commerciale de BiiON.

« Avec l’avantage de pouvoir prendre en charge de petits et moyens projets avec une approche très réactive. En matière de surveillance d’environnement de production, nous n’avons pas réellement de concurrent qui couvre l’ensemble des équipements.

Les autres acteurs proposent souvent des logiciels spécifiques, dédiés à des matériels spécifiques. Nous avons en la matière une longueur d’avance que l’acquisition par Sapristic International devrait nous permettre de consolider.

Sapristic va nous permettre d’amorcer le prochain virage. Ce sera un véritable levier pour le développement des activités, pour investir afin d’être plus efficace et pour nous ouvrir à d’autres secteurs. Ce sera également  un levier pour assumer l’internationalisation, chose pour laquelle nous n’avions jusqu’ici pas la structure voulue.” »

Fil rouge: aider la croissance

Le prisme au travers duquel Jean Martin analyse les dossiers de rachat pour ensuite gérer les sociétés acquises via sa holding est donc largement coloré par les perspectives de croissance nouvelle qu’il se donne pour but de concrétiser.

A condition d’avoir un lien avec l’IT, tous les secteurs d’activités peuvent retenir son attention (il se dit d’ailleurs en quête d’une troisième acquisition).

Là, par contre, où il ne dispersera pas ses ambitions, c’est dans le registre géographique: “Toutes les sociétés rachetées seront du terroir, en Wallonie ou, au maximum, en Flandre ou au Grand-Duché. Un important paramètre est la qualité de leurs produits. L’une des caractéristiques des sociétés belges, et wallonnes, est qu’elles ont souvent d’excellents produits mais ne parviennent pas à les vendre à l’international…”

“Les sociétés locales ont souvent d’excellents produits mais ne réussissent pas à les vendre à l’international…”

Jean Martin affirme par ailleurs ne pas rechercher une valorisation rapide de ses investissements: “Les acquisitions auxquelles je procéderai seront des placements à long terme. Je n’ai aucune intention de sortir après trois ans. Je ne compte pas revendre les activités SAP de BSB ou BiiON avant longtemps…

Dans le cas de BiiON, le souhait de son propriétaire [la holding ACT’L, qui détient par ailleurs aussi la société eWON, fabricant de routeurs industriels] était que l’acheteur garantisse un avenir à la société en tant qu’entité autonome. Ce qui correspond parfaitement à ma philosophie.”

La direction quotidienne de BiiON sera confiée à Francis Martin, frère de Jean Martin qui l’a rejoint chez Sapristic. Serge Bassem, qui officiait jusqu’ici comme CEO de BiiON, au sein de la structure ACT’L, se reconcentrera désormais sur son autre job de CEO, à savoir celui d’eWON.

Quant à Jean Martin, il confirme sa volonté d’opérer comme PDG de Sapristic et comme responsable stratégie et business development, laissant la gestion quotidienne des sociétés ou entités rachetées à d’autres, en ce compris des responsables qui avaient déjà les rênes de la société avant son rachat (comme c’est le cas pour l’axe SAP de BSB, avec Bernard Dauby).